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Moyen-Orient - FOCUS

Quand des sextapes remuent l'homophobie et l’establishment en Iran

Une série de scandales sexuels impliquant des officiels donne l’occasion de critiquer la République islamique.

Quand des sextapes remuent l'homophobie et l’establishment en Iran

Des femmes manifestent contre le traitement par l'Iran des personnes LGBTQ+ à Berlin, en Allemagne, le 19 juin 2010. Photo Johannes Eisele/AFP

La séquence a donné du grain à moudre aux détracteurs de la République islamique. Le 18 juillet, une sextape a fuité sur une chaîne Telegram. Elle met en scène Reza Seghati, haut fonctionnaire chargé de l’application de la charia dans la province de Gilan dans le nord du pays, en plein rapport sexuel avec un jeune homme. Depuis ce premier épisode, d’autres vidéos et conversations privées ont été diffusées. Parmi les autres personnalités impliquées, Mahdi Haghshenas, un mollah de la même région apparaît dans un appel vidéo explicite avec un autre mollah, époux de sa belle-sœur. L’homme était alors adjoint du Bureau pour la propagation de la vertu et la prévention du vice dans le Gilan, chargé de faire respecter l’interprétation officielle de la charia. Une série de scandales qui met le régime dans l’embarras, alors que l’homosexualité est considérée en Iran comme un crime passible de la peine de mort. Si d’aucuns dénoncent une hypocrisie officielle, d’autres se lamentent de l’homophobie diffuse qui règne dans le pays.

Hypocrisie dans l’objectif

Premier à être mis à découvert, Reza Seghati est alors directeur du département de la culture et de l’orientation islamique dans le Gilan. La vidéo le mettant en scène, qui aurait été enregistrée dans les locaux de l’administration, fuite le 18 juillet sur la chaîne Telegram Radio Gilan, s’affichant comme antirégime, puis fait le tour des réseaux sociaux. Dans la foulée, le fondateur de la chaîne, Peyman Behboudi, menace de récidive. Basé en Allemagne, le journaliste affirme posséder une dizaine d’autres vidéos intimes de Seghati, qui gravite dans le cercle de Saeed Jalili, membre des gardiens de la révolution, et se tient prêt à les diffuser si le régime ne démet pas ce dernier de ses fonctions. Ce qui est fait dans les heures qui suivent. Le 19 juillet, le département de la culture et de l’orientation islamique de Gilan démet le directeur de ses fonctions, évoquant un « faux pas présumé ». L’affaire est « transmise aux autorités judiciaires pour examen approfondi ».

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Radio Gilan ne s’arrête pas là. S’enchaînent les épisodes des scandales à répétition. Certains observateurs suggèrent que les fuites pourraient provenir de luttes intestines au sein du camp politique conservateur iranien, selon le média Amwaj. Le 21 juillet, des vidéos de Mohammad Safari, fondamentaliste et membre du conseil municipal d'Anzali, dans la même province, sont diffusées sur la même chaîne. Dans la vidéo, l’homme se masturbe devant son téléphone en présence d’un autre individu. Deux jours après cette fuite, des agents du renseignement arrêtent la mère et la sœur de Peyman Behboudi. Les agents menacent de les jeter en prison si ce dernier continue de diffuser les vidéos en sa possession.

Interprétations de la charia

Sans mentionner directement les incidents, le chef du système judiciaire iranien Gholamhossein Mohseni-Ejei mettait en garde fin juillet contre les « rumeurs », affirmant que ces questions « devraient être réglées en famille » en référence à l’establishment politique iranien, rapporte Amwaj. Pourtant, la République islamique ne cesse d’arrêter et parfois d’exécuter des personnes homosexuelles. L’année dernière, selon Human Rights Watch Activists News Agency (HRANA), deux hommes ont été pendus dans une prison de Maragheh dans le nord-ouest du pays. Mehrdad Karimpour et Farid Mohammadi, âgés de 32 ans, avaient été jugés coupables de « sodomie ».

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L’article 234 du code pénal de la République islamique stipule que dans une relation sexuelle entre deux hommes, « le passif » est passible de la peine de mort et « l’actif » de 100 coups de fouets. Mais si « l’actif » est marié, comme c’est le cas pour Reza Seghati, il est alors lui aussi passible d’exécution. Les subtilités des interprétations de la charia pourraient cependant voler au secours de ces fonctionnaires accusés de rapports entre personnes du même sexe. L’ayatollah Morteza Moghtadai, élu à l’assemblée des experts chargée de nommer le guide suprême, a ainsi jugé qu’« étant donné que le partenaire “passif” est un non-musulman, Seghati n'est pas passible de la peine de mort », d’après les informations rapportées par “Les lettres de Téhéran”, ancien blog de Libération toujours actif sur Twitter.

« Une forme de dégoût envers les homosexuels »

De nombreuses voix qui s’étaient élevées durant les manifestations après le décès de Mahsa Amini le 16 septembre dernier ont ainsi dénoncé l’hypocrisie du régime iranien, qui punit de l’autre côté les femmes pour port « inapproprié » du hijab. Malgré ces prises de position contestataires, un activiste queer de la diaspora iranienne note sur Instagram l’homophobie rampante qui émane des réactions à ces incidents : « Après la sortie de la sextape de Seghati, certaines personnes ont dit qu’il violait un enfant. Une relation s’est formée entre deux adultes, mais il semble que dans l’opinion publique, le sexe non hétérosexuel soit équivalent à la maltraitance et au viol des enfants. Quand les gens sont confrontés à ce genre de relations, leur esprit va vers les abus sexuels, ce qui est une autre forme de dégoût envers les homosexuels. » Une homophobie latente, notamment observée lors des récentes commémorations de Achoura, lorsque des drapeaux de la communauté LGBTQ+ ont été brûlés devant l’Université de Téhéran. L’Iran figure toujours parmi les États les plus répressifs au monde contre les minorités sexuelles.

La séquence a donné du grain à moudre aux détracteurs de la République islamique. Le 18 juillet, une sextape a fuité sur une chaîne Telegram. Elle met en scène Reza Seghati, haut fonctionnaire chargé de l’application de la charia dans la province de Gilan dans le nord du pays, en plein rapport sexuel avec un jeune homme. Depuis ce premier épisode, d’autres vidéos et...

commentaires (2)

Je ne comprend pas la criminilisation de rapports intimes entre deux adultes consentants. Qu'a le gouvernement a voir la dedans? Les gouvernements ont pris trop d'importance. Les gouvernements: Asphaltez les routes, assurez la securité, assurez un systeme legal juste et sinon, FOUTEZ NOUS LA PAIX.

..... No comment

09 h 39, le 04 août 2023

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Commentaires (2)

  • Je ne comprend pas la criminilisation de rapports intimes entre deux adultes consentants. Qu'a le gouvernement a voir la dedans? Les gouvernements ont pris trop d'importance. Les gouvernements: Asphaltez les routes, assurez la securité, assurez un systeme legal juste et sinon, FOUTEZ NOUS LA PAIX.

    ..... No comment

    09 h 39, le 04 août 2023

  • Tiens Al Manar n’a pas diffusé cette information

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 07, le 04 août 2023

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