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Politique - Décryptage

Les affrontements de Aïn el-Héloué, des enjeux régionaux ?

Pour les plus vieux, les images, et même les informations, rappellent de mauvais souvenirs, ceux-là mêmes qu’on voudrait oublier à tout prix : des combats de rue, des appels à la conclusion d’un cessez-le feu, les violations de ces accords, des balles perdues, des obus qui atteignent des cibles non prévues... Depuis que les nouvelles des combats dans le camp de Aïn el-Héloué ont commencé à envahir les médias, de nombreux Libanais ont eu le sentiment d’être revenus à la veille du déclenchement de la guerre de 1975.

Pourtant, nous sommes à la fin de juillet 2023 et on aurait pu croire que la page de tels événements avait été définitivement tournée. Mais les longues années de crises et de turbulences ont appris aux Libanais qu’aucun problème n’est véritablement réglé. Il connaît simplement des pauses, selon les besoins, et peut revenir à l’ordre du jour, selon les besoins aussi.

Pourtant, depuis le triste épisode du cheikh Ahmad el-Assir et du chanteur Fadl Chaker, tous deux proches des groupes palestiniens salafistes à Aïn el-Héloué, qui avaient mené entre 2013 et 2014 des combats contre l’armée libanaise, ce camp avait connu une certaine période de calme, au cours de laquelle l’organisation du Fateh y avait perdu une partie de son influence traditionnelle au profit du Hamas et du Jihad islamique. Un modus vivendi avait même été mis en place tacitement entre les différentes factions, pour se partager les influences au sein du camp, où chacune d’elles a ainsi son quartier et ses propres partisans. Même les groupes salafistes comme Jund al-Cham et Osbet al-Ansar y ont conservé un certain poids. La coexistence se faisait d’ailleurs plutôt calmement, en dépit de certaines frictions et d’incidents rapidement circonscrits.

C’est pourquoi l’éclatement depuis trois jours de violents affrontements au sein du camp entre des partisans de différentes organisations ne peut pas être considéré comme un développement banal ou fortuit. Même si, jusqu’à présent, aucune explication logique n’a été donnée pour ces combats, la tendance générale est de croire qu’ils sont liés aux derniers développements régionaux, notamment la dernière réunion des organisations palestiniennes qui s’est tenue en Égypte, il y a quelques jours, en présence du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. D’ailleurs, à la suite de cette réunion, M. Abbas a décidé d’envoyer au Liban le responsable de ses services de renseignements, le général Majed Farah. Ce dernier a multiplié les rencontres, notamment à Aïn el-Héloué. Selon des sources palestiniennes proches de l’Organisation de libération de la Palestine, le général Farah aurait donné des instructions précises pour rassembler les différents groupes palestiniens dans le camp sous la houlette de l’OLP, dans une volonté de limiter l’influence des groupes islamistes, ceux qui évoluent dans le giron de l’Iran comme le Jihad islamique ou même désormais le Hamas, mais aussi les autres plus proches de la tendance salafiste, comme Jund al-Cham ou le groupe dit de Bilal Badr, un des chefs salafistes palestiniens au Liban. Pour les sources palestiniennes proches de l’OLP, cette volonté d’unifier l’action des différentes factions rencontrerait une sérieuse opposition. Ce serait donc dans ce contexte qu’un guet-apens a permis à des groupes palestiniens au camp de Aïn el-Héloué de tuer le chef de la Sûreté nationale palestinienne dans le camp, relevant de l’OLP, le général

Hassan el-Armouchi (Abou Achraf) et quatre de ses gardes du corps. Pour ces mêmes sources, c’est cet assassinat qui aurait déclenché les affrontements qui durent depuis trois jours. Mais d’autres sources proches des groupes islamistes précisent que l’assassinat d’Abou Achraf est une réponse à une tentative d’assassinat contre une de leurs plus importantes figures qui a eu lieu il y a quelques semaines. D’ailleurs, désormais, selon les témoins oculaires, les affrontements opposent principalement les organisations qui évoluent dans le sillage de l’OLP et celles qui font partie de la nébuleuses islamiste, notamment les partisans de Bilal Badr. Le Hamas et le Jihad islamique se tiennent quant à eux à l’écart et prônent l’apaisement. De son côté, l’OLP cherche à diviser les islamistes en essayant de se rapprocher de Osbet al-Ansar et de cheikh Jamal Khattab, pour affaiblir le camp adverse.

Jusqu’à hier soir, les efforts en vue de conclure un accord de cessez-le feu n’ont pas réussi, en dépit des réunions successives auxquelles ont participé entre autres l’ambassadeur de Palestine à Beyrouth, Achraf Dabbour, qui s’est rendu dimanche soir à Aïn el-Héloué, ainsi que le secrétaire général de l’OLP au Liban, Fathi Aboul Ardate, et même le député de Saïda Oussama Saad et le cheikh Maher Hammoud, chef du Rassemblement des ulémas musulmans, proche de toutes les formations palestiniennes et du Hezbollah.

Pour l’instant, aucun accord n’a pu être conclu et les affrontements se poursuivent pour le contrôle de Aïn el-Héloué. Ce camp est d’autant plus important que traditionnellement il est considéré comme le symbole de la lutte palestinienne, en raison de sa forte densité populaire et surtout en raison des liens étroits entre ses habitants et les familles palestiniennes en Cisjordanie. Certains milieux palestiniens laissent entendre que la volonté de l’OLP d’imposer son emprise sur ce camp viserait entre autres à calmer la résistance palestinienne en Cisjordanie. Ce que réfutent les partisans de l’OLP. Mais ce qui est sûr, c’est que cette fois-ci, avec des affrontements violents qui s’étendent à la plupart des quartiers du camp de Aïn el-Héloué, on ne peut plus parler de simples incidents rapidement circonscrits. Les développements n’ont pas fini de délivrer leurs messages aux Palestiniens... mais aussi aux Libanais.

Pour les plus vieux, les images, et même les informations, rappellent de mauvais souvenirs, ceux-là mêmes qu’on voudrait oublier à tout prix : des combats de rue, des appels à la conclusion d’un cessez-le feu, les violations de ces accords, des balles perdues, des obus qui atteignent des cibles non prévues... Depuis que les nouvelles des combats dans le camp de Aïn el-Héloué ont...

commentaires (2)

(Suite) du pays et de son peuple qu’ils se sont associés à le dépouiller et se hâte pour l’achever légalement en lui répétant qu’ils n’avaient pas d’autres choix. Une bande de mafieux bien rodée et unie pour arriver à leur but d’occuper tous les postes clés de l’état pour aboutir à leur fin.

Sissi zayyat

12 h 16, le 01 août 2023

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Commentaires (2)

  • (Suite) du pays et de son peuple qu’ils se sont associés à le dépouiller et se hâte pour l’achever légalement en lui répétant qu’ils n’avaient pas d’autres choix. Une bande de mafieux bien rodée et unie pour arriver à leur but d’occuper tous les postes clés de l’état pour aboutir à leur fin.

    Sissi zayyat

    12 h 16, le 01 août 2023

  • Au lieu de s’entretuer dans les camps, dits de réfugiés, sans égard pour le pays qui les a accueillis, ils feraient mieux d’aller libérer leur Palestine occupée. Notre Liban est devenu un dépotoir qui reçoit toute la crasse de la région . Bonne journée Scarlett

    Hitti arlette

    09 h 37, le 01 août 2023

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