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Culture - God Save the Punks 1/3

King Krule, le roi de la cruauté blasé

Pour le premier article de cette série autour de la très foisonnante scène musicale londonienne underground, gros plan sur Archy Marshall,  l’un des artistes les plus connus des salles de spectacle à Londres ou le rouquin le plus mélancolique du post-punk actuel.

King Krule, le roi de la cruauté blasé

Archy Marshall alias King Krule, un artiste à la musique bien musclée. Frank Lebon/Facebook King Krule

Un regard lourd, des cheveux roux tombant sur le visage de l’Anglais indiscernable. King Krule, de son vrai nom Archy Marshall, sait jouer de son aura pesante et de son teint livide. Il se meut tel un fantôme sur la scène new wave anglaise. Avec la sortie de son nouveau single « Seaford » le 13 avril dernier, servant de « teaser » à son nouvel album Space Heavy et à sa tournée en Europe et aux États-Unis, King Krule aura surpris ses fans les plus assidus.

Pour ceux qui n’auraient pas encore entendu parler du jeune rouquin, Archy est l’un des artistes les plus influents de la scène londonienne. D’abord Zoo Kid, ensuite King Krule, l’artiste aime décidément les surnoms. Également connu sous le nom d’Edgar The Beatmaker, ou simplement Archy Marshall au civil, il a su bien s’implanter dans le cœur de son public. À cheval entre le post-punk, la dark wave, le punk jazz et le lo-fi, sa voix envoûtante, profonde et vibrante saura aussi bien occuper vos fins de soirée que vos après-midi en bord de mer.

Archy Marshall fait souvent appel à Charlotte Patemore pour ses portraits. On discerne l’esprit bizarre et mélancolique de l’artiste à travers l’objectif de la photographe. Photo Charlotte Patemore


Zoo Kid, noyé dans la masse

De père guitariste et de mère bassiste, Archy a gratté ses premières cordes dès l’âge de 8 ans. « Être entouré de toute cette famille de musiciens (père, mère, oncle) est très inspirant », explique-t-il lors d’une interview pour FaceCulture sur YouTube en 2013. « Tout s’est fait assez naturellement, j’ai pris une guitare et je voulais en jouer, je voulais composer. »

C’est très tôt que le jeune King Krule monte sur la scène. À 11 ans, il jouait déjà dans de petits concerts de son quartier de Londres. Il faut attendre ses 19 ans et l’apparition de son premier pseudonyme Zoo Kid pour qu’il fasse de sa passion son gagne-pain. Si vous cherchez Zoo Kid sur Spotify, vous ne trouverez aucune de ses chansons. Il a très vite abandonné ce pseudo. Le type de musique que composait Zoo Kid était beaucoup plus inspiré du lo-fi que ce qu’il propose aujourd’hui. Ce nom s’est noyé dans la masse des Ariel Pink, Yot Club et autres Mac DeMarco. Un démarrage qui ne porte pas ses fruits et qui n’arrive vraiment pas au bon moment pour le chanteur. Victime d’une violente dépression, c’est sans trop y croire qu’il sort en 2011 son EP King Krule. Ce dernier aura un petit succès en Angleterre… et en France. C’est la première fois qu’on entend parler de lui à l’international. Juillet 2011, en plein concert au festival d’Hyères en France, il décide de prendre le nom qu’on lui connaît aujourd’hui. Il ne s’en doute pas encore, mais cette décision sera le tournant le plus important de sa vie.



King Krule, une recette qui fonctionne

Ce n’est que deux ans plus tard qu’il sort son premier album studio, 6 Feet Beneath the Moon. Et là, c’est le succès, la recette fonctionne. Le tournant est pris et assumé, King Krule ne fera plus du lo-fi générique se fondant dans la masse. Il trouve sa patte, sa signature. Maintenant, son appartenance musicale n’est plus identifiable, chose récurrente chez les groupes londoniens récents. 6 Feet Beneath the Moon est un savoureux mélange de dark wave, d’électro et de jazz. Le ton mélancolique de l’album a su charmer les fans de Zoo Kid tout en attirant un public nouveau. Archy profite de la popularité de 6 feet pour s’amuser à explorer des sonorités nouvelles. C’est sous le nom d’Archy Marshall qu’il sort A New Place 2 Drown en 2015. Album de transition pour arriver à une de ses séries de chansons les plus abouties : The OOZ. Une heure et six minutes d’exploration dans un univers mélangeant nostalgie et désenchantement. Un album dans un style urbain qui plaît à ses fans. La consécration de cet album reste le titre éponyme. Une guitare douce et expressive, une batterie percutante, une voix caverneuse sortant des tréfonds de sa dépression, appuyée par un écho qui touche au plus profond de notre cœur. Avec tous ces titres, on pourrait lui reprocher le manque de diversité dans les émotions qu’il suscite. Mais l’heure de la déprime est révolue. Il est en cours d’écriture et Archy se dépêche de sortir Man Alive! L’on reproche à ce disque sa longueur. Alors que 6 Feet et The OOZ durent 1 heure, sa dernière sortie CD ne dépasse pas les 50 minutes… de pur plaisir. L’attente de sa petite dernière aura rallumé quelque chose en lui. L’on retrouve toujours la pâte mélancolique et la voix caverneuse du chanteur. Mais quelque chose a changé. Cellular, le premier titre, vous parachute dans un monde nouveau, plus énigmatique que les précédents. Un monde où même le chanteur semble perdu, où il semble découvrir des émotions et sensations nouvelles. Archy au pays des merveilles…

La sonnerie d’un téléphone accompagne chaque titre de l’album, comme pour garder contact avec la réalité.


King Krule a introduit un grand nombre d’amateurs à la scène post-punk/new wave londonienne. Il apparaît dans les titres de ses amis et de sa famille. Dans le génialissime album Debonair de Horsey, par exemple. Groupe dans lequel figure son frère Jack Marshall. Il collabore aussi avec Mount Kimbie, un duo londonien très proche du chanteur.

L’univers musical d’Archy Marshall ne parle pas forcément à tout le monde. Le plus souvent, et surtout dans ses titres les plus récents, il expérimente, il tâte, il crée des sonorités nouvelles. Mais si on accroche à son style, difficile de s’en détacher.

Un regard lourd, des cheveux roux tombant sur le visage de l’Anglais indiscernable. King Krule, de son vrai nom Archy Marshall, sait jouer de son aura pesante et de son teint livide. Il se meut tel un fantôme sur la scène new wave anglaise. Avec la sortie de son nouveau single « Seaford » le 13 avril dernier, servant de « teaser » à son nouvel album Space Heavy et à sa...

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