Le premier vice-gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Wassim Mansouri, a déclaré lundi, dernier jour du mandat du gouverneur Riad Salamé, qu'il fallait que l'institution financière arrête de financer l'Etat libanais sans cadre légal, établissant un plan en plusieurs étapes, sur six mois, pour sortir de la politique actuelle, et réclamant qu'une loi soit adoptée au Parlement "pour permettre à la banque centrale de financer l'Etat à partir des réserves obligatoires".
M. Mansouri s'exprimait lors d'une conférence de presse, au cours de laquelle il était entouré des trois autres vice-gouverneurs, à la fin de trente ans de mandats successifs de M. Salamé au poste de gouverneur de la BDL. Sa succession a provoqué des remous politiques au milieu d'une crise économique sans précédent, en pleine vacance présidentielle et alors que le gouvernement est uniquement chargé de l'expédition des affaires courantes.
Face au blocage, les quatre vice-gouverneurs de la BDL avaient "accepté de rester à leurs postes et de s’acquitter de leurs responsabilités", a affirmé la semaine dernière le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, alors qu'ils menaçaient de démissionner.
La fin du "règne Salamé" a été marquée par l'effondrement spectaculaire de l'économie ces quatre dernières années, et par des accusations, au Liban et à l'étranger, de vaste détournement de fonds de l'argent public libanais.
Voici ce qu'il faut retenir de la conférence de presse de M. Mansouri :
- Concernant les recettes de l'Etat, M. Mansouri a évoqué 20.000 milliards de livres libanaises par mois, dont 11.000 milliards en espèces.
- La collecte des recettes est amenée à s'améliorer.
- Pour le budget 2023, les chiffres sont proches de la réalité.
- Le Liban est à un carrefour. Si on continue dans la même approche, les réserves de la BDL vont s'épuiser.
- Il faut passer à une autre politique, qui est d'arrêter totalement de financer l'Etat. Quelles que soient les raisons qui ont poussé le gouvernement à demander des fonds à la banque centrale, elles ne sont pas du tout justifiées et il faut mettre définitivement un terme à cette hémorragie.
- Aujourd'hui, ce financement assure les salaires des fonctionnaires, celui de certains médicaments, les salaires des forces de sécurité et des personnes responsables de la collecte des recettes de l'Etat.
- A partir de demain (mardi), je serai responsable d'approuver le financement de l'Etat, et je ne signerai aucune demande de financement hors de mes convictions et du cadre légal.
- La première étape du plan présenté par M. Mansouri et les vice-gouverneurs prévoit d'adopter urgemment les budgets 2023 et 2024, le contrôle des capitaux et la restructuration du secteur bancaire. Il n'y aura pas de redressement monétaire sans ces lois.
- Dans un second temps, il faut qu'une loi soit adoptée par le Parlement afin de permettre à la BDL de financer l'Etat à partir des réserves obligatoires.
- Ce financement doit être conditionné par un remboursement des montants empruntés à la banque centrale, qui aurait pour objectif de payer en dollars les salaires des personnes les plus vulnérables au taux de la plateforme Sayrafa, à savoir ceux qui encaissent toujours leurs salaires en livres libanaises, soit près de 400.000 familles.
- Il faut que le taux de change soit unifié et flottant, sans que cela ne demande une intervention de la BDL.
- Cela doit se faire progressivement, en accord avec le gouvernement, avec qui nous allons commencer à discuter demain (mardi).
- D'un point de vue monétaire, et vu le niveau de la masse monétaire en livres libanaises en circulation et les rentrées financières en dollars provenant des dépenses touristiques, il n'y a aucune raison que le taux de change sur le marché parallèle soit volatile.
- Les forces de l'ordre sont prêtes à intervenir face aux spéculateurs.
- Aux Libanais, je suis désolé de vous répéter que je ne suis pas capable de travailler seul. Il n'est pas de nos prérogatives de faire en même temps de la politique monétaire, financière et économique. En revanche, ce que je peux vous promettre, c'est plus de transparence. Nous tendons la main à tout le monde, pour parvenir le plus vite possible à une solution.
- Aux hommes politiques, je vous demande de ne plus lier les questions de politique monétaire à la politique politicienne.
tout ces v(i)oleurs, ils meritent une revolution a la dure, a la tres dure, ceausescu style...
07 h 57, le 02 août 2023