
Le Premier ministre sortant Nagib Mikati au Grand Sérail, le 24 juillet 2023. Photo Dalati et Nohra
La réunion du Conseil des ministres prévue jeudi matin pour nommer un successeur au gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, dont le mandat arrive à terme à la fin du mois, a échoué faute de quorum.
Selon notre correspondante Hoda Chedid, les ministres des Marada, du Hezbollah et du Courant patriotique libre ont boycotté cette séance.
Selon l'Agence nationale d'information, une réunion consultative a eu lieu entre M. Mikati et les ministres présents.
Le Conseil des ministres de ce matin avait été programmé à la suite d’un accord entre le président de la Chambre Nabih Berry et le Premier ministre sortant Nagib Mikati. Mais les principaux partis chrétiens, ainsi que le Hezbollah, s'opposent à une désignation d'un nouveau gouverneur à la banque centrale, en l'absence d'un président de la République. Le Liban est sans chef d'Etat depuis octobre 2022, date de la fin du mandat de Michel Aoun. Les détracteurs de Nabih Berry et Nagib Mikati les accusent de s'arroger les prérogatives du président de la République.
Au terme de la réunion consultative, M. Mikati a indiqué que le gouvernement disposait "aujourd'hui d'une opportunité pour résoudre, de manière temporaire, un dossier lié à la situation financière et monétaire". "Je regrette que les calculs politiques des parties concernées au sein du gouvernement aient été estimées prioritaires", a-t-il ajouté dans un communiqué, appelant chaque partie à "assumer la responsabilité de sa décision". Il a enfin affirmé qu'il continuerait à "exercer son devoir constitutionnel et national et à travailler sérieusement pour le bon fonctionnement des institutions publiques, en particulier la Banque du Liban". "Le gouvernement n'est pas responsable de la vacance présidentielle, ni des répercussions qui en résultent", a-t-il conclu.
Dans l'après-midi, M. Mikati a rencontré les quatre vice-gouverneurs de la BDL pour la deuxième journée consécutive, après l'échec de la réunion du cabinet.
Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion, M. Mikati a estimé que "la période actuelle requiert la collaboration de tous afin de préserver la stabilité financière et monétaire" et que "nous portons sur nos épaules une responsabilité nationale si un nouveau gouverneur n'est pas nommé". Il a assuré que le gouvernement "collaborera avec le Parlement pour adopter les lois nécessaires au bon fonctionnement des institutions."
Nommés en 2020, les quatre vice-gouverneurs de la BDL Wassim Mansouri (1er vice-gouverneur), Bachir Yakzan (2e), Salim Chahine (3e) et Alexandre Moradian (4e) avaient exhorté le gouvernement à désigner un nouveau patron de la banque centrale avant la fin du mandat Salamé. Ils se sont entretenus à deux reprises cette semaine avec Nagib Mikati.
En cas de vacance, Wassim Mansouri (chiite) remplacerait M. Salamé, conformément au Code de la monnaie et le crédit, alors que ce poste est traditionnellement réservé à un maronite. Les gouverneurs adjoints ont menacé de démissionner si un successeur n'est pas dûment nommé, une question qui fait polémique en l'absence d'un président de la République et d'un gouvernement de pleins pouvoirs. Le vice-Premier ministre Saadé Chami a estimé mardi que le gouvernement n'est pas en mesure de nommer un successeur à Riad Salamé.
Le patron de la BDL fait l'objet de plusieurs enquêtes judiciaires, au Liban et en Europe, pour soupçons de corruption. Il se défend contre ces accusations.
Le gouvernement devrait se réunir lundi prochain pour discuter de l'avant-projet de budget pour 2023, qui doit organiser les dépenses et les recettes publiques pour l’année en cours. Lundi dernier, le ministre sortant de l'Information Ziad Makari avait annoncé, à l'issue d'une première réunion consacrée à l'étude de ce texte, la tenue de "réunions successives concernant le budget".
commentaires (5)
Encore un camouflet pour tout le Liban, quel que soit la raison.
Mohamed Melhem
23 h 54, le 27 juillet 2023