
Un première roman biographique inspiré de la vie de la grand-mère de l'auteure. Photo DR
« J’écris pour retrouver ce que j’ai perdu, une enfance qui m’a été volée suite au décès de mon père. J’écris parce que je ne peux pas faire autrement. J’écris parce que mes vocales ont toujours faim », clame Émilie Chammas Fiani. Pour cette docteure en littérature française, la manipulation de la langue de Molière, des vers et des rimes « embrassées, croisées, plates », est un besoin fondamental. Elle trouve une voix, un premier refuge dans la poésie, une sorte d’échappatoire par lequel elle s’adresse à Tripoli, sa ville natale, et à son père, qu’elle n’a jamais vraiment connu, dans son recueil Les vocables affamées publié aux éditions Dar Alfarabi. Elle signe également Avancer à reculons, un recueil de poèmes d’amour débordant de sensualité et de métaphores filées, dédié à son mari décédé. « J’écris des poèmes depuis que je sais écrire. La poésie a toujours été mon moyen d’expression de prédilection, ce n’est qu’à travers les vers que je sais exprimer mes sentiments les plus difficiles et les plus complexes », confie-t-elle à L’OLJ lors d’une rencontre dans un café tripolitain. Alors que la poésie continue à occuper une place très importante dans son cœur, elle tente en 2020 l’expédition dans la prose avec un premier recueil de nouvelles intitulé Réflexions et réfractions.
Les textes d’Émilie Chammas Fiani suivent une progression continue. Au cours de ces dernières années, elle « ose enfin », dit-elle, s’attaquer à l’écriture romanesque et publie, en 2022 chez L’Harmattan, Un baiser au fil de la Méditerranée, une biographie consacrée à son arrière-grand-mère Angelica. « C’est ma mère qui m’a toujours encouragée à écrire ce roman, de garder une trace du parcours unique de sa grand-mère grecque, je voyais à quel point elle aimait me raconter son histoire et j’ai senti que c’était mon devoir d’écrire le chemin de sa vie depuis Corfou jusqu’à Tripoli. »
Ce premier roman conte le parcours d’Angelica, une femme instruite et déterminée qui a eu le courage de s’émanciper des traditions et coutumes sexistes de son époque. À travers une double narration, l’œuvre relate l’extraordinaire aventure de l’arrière-grand-mère de l’auteure, modèle de libre-pensée et personnification de la condition féminine dans cette région du monde à la charnière des XIXe et XXe siècles.
Le roman franchit toutes les barrières d’âge. Il séduit aussi bien les jeunes lecteurs que les plus âgés, qui y trouvent tous une attache personnelle. Par le langage poétique et fin de son auteure, Un baiser au fil de la Méditerranée offre un voyage dans le temps et dans l’espace, d’une rive à une autre de la grande bleue.