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Politique - Présidentielle au Liban

Deriane sonne la fin de la récréation… sunnite

Les députés de la communauté sont conviés à un dîner qui devrait se tenir au domicile de Walid Boukhari, mercredi soir.

Deriane sonne la fin de la récréation… sunnite

L'ambassadeur d'Arabie Saoudite à Beyrouth, Walid Boukhari, s'entretenant avec le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, à Dar el-Fatwa, le 21 juillet 2023. Photo tirée du site web de Dar el-Fatwa

Le cheikh Abdellatif Deriane semble vouloir passer à la vitesse supérieure. Huit mois après la fin du mandat de Michel Aoun à la tête de l’État, le mufti de la République (plus haute autorité religieuse sunnite du pays) commence à manifester son mécontentement de voir les députés de la communauté (orpheline de leadership depuis le retrait de Saad Hariri de la vie politique, en janvier 2022) profondément divisés autour d’une échéance cruciale qui devrait se tenir dans un contexte politico-communautaire tendu marqué par des appels à un changement du système politique en vigueur. Comment donc sortir de l’impasse ? Le mufti ne trouve qu’une seule réponse : le dialogue. Il commencera donc par parrainer une table ronde qui devrait regrouper les parlementaires de la communauté autour d’un dîner qui pourrait se tenir mercredi soir au domicile de l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth, Walid Boukhari, selon les informations de L’Orient-Le Jour. Une façon pour Riyad d’affirmer son intérêt pour le dossier libanais, malgré les spéculations qui suggèrent le contraire mais aussi pour Dar el-Fatwa de rappeler son alignement à l'approche saoudienne du dossier présidentiel.

« La majorité des parlementaires sunnites sera conviée à ce dîner parce que le mufti veut les exhorter à unifier leurs rangs, afin de pouvoir avoir leur mot à dire dans le choix du futur chef de l’État », indique un député qui a souhaité garder l’anonymat. Selon lui, les discussions porteront sur plusieurs dossiers d’actualité, notamment la présidentielle et les efforts déployés par le groupe des Cinq pour aider le Liban à sortir de l’impasse. Une référence aux États-Unis, à la France, à l’Arabie saoudite, à l’Égypte et au Qatar, dont des représentants se sont réunis à Doha le 17 juillet pour discuter du dossier libanais. Pour sa première visite officielle après cette réunion, Walid Boukhari a d’ailleurs soigneusement choisi de se rendre à Dar el-Fatwa, vendredi dernier, pour un entretien avec le cheikh Deriane (qui s’était lui-même rendu en Arabie saoudite en juin dernier pour la fête de l'Adha). Selon un communiqué publié à l’issue de la réunion par le bureau de presse de Dar el-Fatwa, les deux hommes se sont félicités du « rôle que joue le groupe des cinq pour aider le Liban et trouver le moyen d’élire un nouveau président de la République (…) ». Toujours selon le communiqué, le cheikh Deriane et l’ambassadeur Boukhari ont insisté sur le vivre-ensemble et la préservation de l’accord de Taëf, dont l’alternative serait un saut dans l’inconnu ». Le texte dresse par ailleurs une sorte de feuille de route pour sortir de la crise actuelle : commencer par élire un nouveau chef de l’État, former un nouveau gouvernement et mettre sur les rails les réformes à même de rétablir la stabilité du pays (…). 

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Le mufti Deriane avait tenu des propos allant dans le même sens dans le cadre de son message adressé à la nation, mardi dernier, à l’occasion de la fête de l’Hégire. « Ce que nous vivons aujourd’hui – la vacance présidentielle, l’expédition des affaires courantes et le blocage des séances législatives de la Chambre – est honteux (…) », a lancé le dignitaire, affirmant que la solution commence par l’élection d’un président qui rendrait aux institutions leur équilibre. Quelques heures plus tard, il a prononcé un discours dans lequel il a tenu à orienter la boussole sunnite dans le sens de l’attachement à l’accord de Taëf et au bon fonctionnement des institutions. « Nous avons accepté de vivre au sein de cet État libanais et ses institutions. Les sunnites n’ont aucun projet en dehors de l’État. Nous nous conformons à l’accord de Taëf et à la Constitution en vigueur », a-t-il dit. « Le pays est aujourd’hui face à deux projets. L’un appelle au fédéralisme, et l’autre veut annexer le Liban à la moumanaa (le camp piloté par le Hezbollah et son mentor iranien). Et nous sommes contre ces deux orientations », commente pour L’OLJ le cheikh Khaldoun Oreimet, proche du mufti de la République. « Nous voulons donc un président dont le programme accorde la priorité absolue au Liban », dit-il.

De son côté, le mufti Deriane ne s’est pas prononcé sur le nom ou le programme du successeur de Michel Aoun. Ce qui lui importe le plus, c’est que la vacance soit comblée dans les plus brefs délais. Et s’il est conscient que les efforts des pays amis du Liban aident à remplir cet objectif, il sait aussi que la balle est dans le camp des protagonistes locaux, surtout les députés sunnites qui peuvent faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. « Nous avons déjà rencontré les députés sunnites et nous les avons appelés à s’acquitter de leurs responsabilités et œuvrer avec leurs collègues pour élire un président », a rappelé le mufti dans son discours mardi, en référence à la réunion tenue en septembre dernier à Dar el-Fatwa. « Cette rencontre n’a débouché sur rien de concret. C’est pour cette raison que j’ai proposé au mufti, lors d’un entretien avec lui, mardi dernier, de parrainer un nouveau round de dialogue intersunnite », raconte Fayçal Karamé, député proche du 8 Mars, faisant savoir que des contacts sont en cours entre les grosses pointures de la communauté. 

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Pour sa part, Nabil Badre, député indépendant de Beyrouth, présente une autre version des faits. « C’est à la faveur des efforts de 11 députés sunnites indépendants, dont ceux de la Modération nationale (majoritairement ex-haririens), que le mufti a accepté de faire son entrée en scène », dit-il. « Il est du devoir du cheikh Deriane de préserver la place de la communauté sunnite dans le choix du président. Et c’est ce qu’il veut faire dans la prochaine phase », affirme M. Badre, avouant que la présidence du Conseil est déjà dans tous les esprits sunnites. « Nous n’acceptons pas qu’on nous impose le futur chef du gouvernement, une échéance dans laquelle nous sommes un élément incontournable, tout comme c’est le cas pour la présidence. C’est donc bien de commencer à dialoguer », déclare le député beyrouthin.

Il reste que les résultats concrets d’une telle démarche dépendent largement des députés sunnites situés en zone grise, dont fait partie M. Badre. Ce dernier, au même titre que ses collègues de la Modération nationale, a voté pour « le nouveau Liban » lors de la séance électorale du 14 juin dernier. Les contacts actuellement en cours pourraient-ils faire fléchir cette orientation ? « Nous voulons un président qui prendrait les appréhensions sunnites au sérieux », se contente de dire Mohammad Sleiman, député relevant de la Modération nationale. Quant à Nabil Badre, il se veut un peu plus clair : « La prochaine fois, nous voterons pour un candidat bien déterminé », dit-il, sans en dévoiler le nom. Fayçal Karamé dit pour sa part ne pas exclure l’option de voir les députés sunnites, même ceux qui ne soutenaient pas dans le passé cette candidature, voter pour Sleiman Frangié, appuyé par le tandem chiite et ses alliés. « Nous n’en sommes pas encore là », tranche Nabil Badre, douchant les espoirs de son collègue (trop) optimiste. 

Le cheikh Abdellatif Deriane semble vouloir passer à la vitesse supérieure. Huit mois après la fin du mandat de Michel Aoun à la tête de l’État, le mufti de la République (plus haute autorité religieuse sunnite du pays) commence à manifester son mécontentement de voir les députés de la communauté (orpheline de leadership depuis le retrait de Saad Hariri de la vie politique, en...

commentaires (5)

FRANGIE A SOUTENU KORDAHI , LE MINISTRE QUI AVAIT INSULTE PUBLIQUEMENT L'ARABIE SEOUDITE ET MAINTENANT VOUS VOULEZ QUE MBS APPROUVE SA NOMINATION COMME PRESIDENT DU LIBAN PAR TOUS LES DEPUTES SUNNITES LIBANAIS. SOIT VOUS REVEZ OU VOUS NE CONNAISSAI PAS MBS QUI A EU L'AUDACE D'ENFERMER LES PLUS HAUTS RESPONSABLES SEOUDIENS POUR QU'ILS RENDENT TOUS LES VOLS QU'ILS AVAIENT EFFECTUES AVANT SON ARRIVEE AU POUVOIR LA VERITE A QUAND LE MBS LIBANAIS POUR NOUS DEBARRASSER DES CORRONPUS QUI GOUVERNENT DEPUIS DES DECENIES MAIS SURTOUT DEPUIS 6 ANS ET PLUS APRES L'ARRIVEE DE AOUN AU POUVOIR

LA VERITE

15 h 05, le 25 juillet 2023

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Commentaires (5)

  • FRANGIE A SOUTENU KORDAHI , LE MINISTRE QUI AVAIT INSULTE PUBLIQUEMENT L'ARABIE SEOUDITE ET MAINTENANT VOUS VOULEZ QUE MBS APPROUVE SA NOMINATION COMME PRESIDENT DU LIBAN PAR TOUS LES DEPUTES SUNNITES LIBANAIS. SOIT VOUS REVEZ OU VOUS NE CONNAISSAI PAS MBS QUI A EU L'AUDACE D'ENFERMER LES PLUS HAUTS RESPONSABLES SEOUDIENS POUR QU'ILS RENDENT TOUS LES VOLS QU'ILS AVAIENT EFFECTUES AVANT SON ARRIVEE AU POUVOIR LA VERITE A QUAND LE MBS LIBANAIS POUR NOUS DEBARRASSER DES CORRONPUS QUI GOUVERNENT DEPUIS DES DECENIES MAIS SURTOUT DEPUIS 6 ANS ET PLUS APRES L'ARRIVEE DE AOUN AU POUVOIR

    LA VERITE

    15 h 05, le 25 juillet 2023

  • Merci. Mille merci à son excellence Walid Boukhari de s’immisquer à fond pour ce Liban si cher à l’Arabie Saoudite et au regretté Rafic Hariri. Plaise à DIEU que cette fois ci sans exception tous les sunnites parleront d’une seule voix pour le choix d’un président de la république au premier tour. L’Arabie Saoudite tient à cœur le Liban et notre bien aimé Mohamed Ben Salman ne nous abandonnera jamais. Et tous les libabanais confondus de toutes les religions et de tous les partis avent pertinemment que la main de MBS est ouverte pour le Liban, pourvu que le président et le premier ministre s’allient pour satisfaire les ambitions de MBS pour sortir le Liban du marasme économique et qu’elle reprenne sa place de Suisse du moyen Orient.

    Mohamed Melhem

    12 h 38, le 25 juillet 2023

  • LE CHEIKH DERIANE : NOUS N,ACCEPTONS PAS QU,ON NOUS IMPOSE LE CHEF DU GOUVERNEMENT. TRES BIEN DIT ! ET LES CHIITES LE PERCHE DU PERCHOIR ! ET POURQUOI LES CHRETIENS ACCEPTERAIENT QU,ON LEUR IMPOSE LE CHEF DE L,ETAT ? SI QUELQUE JUDAS N,Y APPARAIT PAS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 18, le 25 juillet 2023

  • Le Mufti se trouve dans la même situation d’impuissance que le patriarche maronite Raï. Les deux dignitaires ne sont pas en mesure d’exiger et préfèrent arbitrer plutôt que d’imposer en mettant les brebis galeuses devant leur responsabilité. Les vendus aussi bien sunnites que maronites continuent de fanfaronner et de proférer des menaces de vote contraire à l’intérêt de leur pays, forts de l’appui des usurpateurs qui continuent de leur promettre des lendemains qui chantent et des postes pompeux s’ils continueront à trahir leur nation et ainsi leur offrir le,pays sur un plateau d’argent. Il est du devoir de tous les représentants des communautés de se réunir afin de dénoncer nommément tous les traîtres et les corrompus dans le but de leur enlever toute légitimité auprès de leurs électeurs. Le fait de n’avoir pas pu dénoncer d’une façon virulente et répétitive le non respect de l’accord 1559 par le parti vendu à l’Iran jusqu’à obtenir gain de cause nous a mené à la catastrophe qu’on vit depuis des décennies. Ils se trompent sur toute la ligne en essayant de ramener les corrompus dans le droit chemin alors qu’ils auraient dû couper les ailes de leurs protecteurs pour les mettre au pied du mur, dénudés et sans protection étrangère. La suite aurait été plus concluante que toutes les réunions et les discours creux qui ne profitent qu’aux usurpateurs puisque ça leur donne le temps de peaufiner leur projet destructeur pour notre pays.

    Sissi zayyat

    11 h 15, le 25 juillet 2023

  • Je suis curieux de savoir si les deputes sunnites acquis au regime Syrien et au Hezb (Karame, Mrad, Hashem etc...) seront convies au diner a l'ambassade Saoudite.

    Michel Trad

    10 h 17, le 25 juillet 2023

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