L’ambassadrice de France à Beyrouth, Anne Grillo, a déclaré que Jean-Yves Le Drian, émissaire de l’Élysée chargé d'aider à débloquer l’impasse politique actuelle au Liban, a une mission claire : celle de « créer les conditions d’un dialogue apaisé entre les parties libanaises qui ne se parlent pas », afin de tenter de débloquer la présidentielle qui fait du surplace depuis le 14 juin, date de la dernière séance parlementaire dédiée à l’élection d’un nouveau chef de l’État.
La mission de M. Le Drian « vise à rassembler ceux, devenus rares, des pays de la région et de la communauté internationale, à qui l’avenir du Liban importe encore. Elle vise à créer les conditions d’un dialogue apaisé entre des parties qui ne se parlent pas, alors qu’elles ont pourtant la charge d’élire un président et de former un gouvernement qui travaillent au service du Liban et des Libanais », a affirmé la diplomate française lors d’un discours prononcé dans le cadre d’une réception organisée vendredi soir à la Résidence des Pins à l’occasion du 14-Juillet. Il s'agit de son dernier discours en tant qu'ambassadrice à Beyrouth, avant d'être remplacée par Hervé Magro, actuel ambassadeur à Ankara. Ces propos de Mme Grillo sont intervenus à la veille de la réunion, prévue ce lundi à Doha, du « groupe des cinq » pays impliqués dans le dossier libanais, à savoir la France, l’Arabie saoudite, les États-Unis, l’Égypte et le Qatar. L’émissaire spécial d’Emmanuel Macron devrait participer à cette rencontre avant de se rendre à Beyrouth dans les prochains jours.
Mme Grillo a, dans ce contexte, tenu à préciser que la mission de M. Le Drian ne « vise pas à se substituer » aux parties libanaises, « mais bien d’essayer d’accompagner la remise en marche de vos institutions, condition préalable pour enrayer l’effondrement du Liban et de son État », a dit la diplomate, dans ce qui sonne comme une réponse au chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Lors d’un point de presse mardi dernier, le leader chrétien s’était en effet félicité des efforts français en matière de présidentielle « dans la mesure où ils visent à aider les Libanais à s’entendre, et non à leur imposer un président ».
Mme Grillo est par ailleurs revenue sur l’assistance de la France au Liban depuis la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. « Où en seriez-vous si la France ne portait pas, avec ses partenaires, vos forces de sécurité à bout de bras ? Si la Finul n’assurait pas la stabilité au sud du Liban ? Où en seriez-vous si la France n’avait pas, par trois fois, mobilisé la communauté internationale pour éviter votre brutal effondrement sous l’effet conjugué de la faillite financière, de la chute de la livre, de l’explosion sur le port de Beyrouth ? (…), a-t-elle lancé, avant de poursuivre : « Où en seriez-vous si la France n’avait pas soutenu vos écoles pour éviter qu’elles ferment, en particulier les écoles privées, chrétiennes notamment (…) Où en seriez-vous si la France n’avait pas préservé des espaces de liberté d’expression, de création, de débat, de rencontres, en relançant nos festivals du livre, de cinéma, de musique, dans tout le Liban ? »
Bassil contre-attaque
Des propos auxquels Gebran Bassil a répondu dimanche sur Twitter. « Que personne ne nous fasse sentir que nous lui sommes redevables (…). Notre nation résiste à toute occupation, tout mandat et toute tutelle », a-t-il écrit. Et le chef du CPL d’ajouter : « Nous apprécions toute intervention visant à nous aider, non à nous imposer des choix qui vont dans le sens de ses intérêts. » « Oui à tout dialogue qui porterait ses fruits rapidement. Et non à tout dialogue non conditionné par un agenda clair, et qui ne se conclurait pas par la tenue d'une séance parlementaire débouchant sur l’élection (d’un président), quel qu'en soit le résultat », a poursuivi le chef du CPL.
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On a besoin de tous les pays à l’exception d’Israël principalement l’Arabie saoudite, les pays du golfe, l’Iran, les USA , la France, le Canada et d’autres pays qui voudraient aider le Liban à se relever de cette infernale catastrophe économique. Et surtout, aux libanais qui ont plus d’un milliard de dollars à les investir au Liban avec des garanties que leurs dépôts soient protégés.
Mohamed Melhem
14 h 55, le 17 juillet 2023