C’est un rare aveu de faiblesse de l’économie saoudienne, qui multiplie pourtant les projets aux budgets extravagants et a enregistré la plus forte croissance des pays du G20 en 2022 (8,7 %), boostée par l’explosion des prix du pétrole. L’année dernière, le fonds souverain d’Arabie saoudite, le Public Investment Fund (PIF), a perdu 11 milliards de dollars, selon Bloomberg, qui cite des comptes du PIF publiés mardi. Ce trou résulte notamment de l’effondrement des marchés financiers, selon l’agence, réduisant les liquidités du fonds ou dévaluant des entités lui appartenant.
Un fond « plus transparent »
Bloomberg ajoute que le fonds a également emprunté 85 milliards de dollars l’année dernière. « Le PIF est devenu plus transparent depuis qu'il a commencé à exploiter les marchés internationaux de la dette l'année dernière », rapporte l'agence. Contrairement à d’autres fonds souverains régionaux, peu enclins à divulguer des informations sur la rentabilité de leurs investissements, souligne l’agence.
Depuis le lancement en 2016 du programme Vision 2030, porté par le prince héritier Mohammad ben Salmane, le PIF a investi tous azimuts en Arabie saoudite et à l’international, puisant ses ressources dans les revenus pétroliers. Doté de 778 milliards de dollars d’actifs, il a entre autres financé le lancement de 79 sociétés, dont la nouvelle compagnie aérienne Riyadh Air. Une de ses filiales a racheté quatre clubs de football saoudiens, dont deux ont signé des contrats de centaines de millions de dollars avec Cristiano Ronaldo et Karim Benzema, stars européennes du ballon rond. C’est aussi ce même fonds qui soutient la mégalopole futuriste de Neom, dont le budget vertigineux s’élève à 500 milliards de dollars.
Mais le PIF a également investi dans des sociétés internationales. Il gère un portefeuille d’actions américaines de 35,6 milliards de dollars, dont 3,3 milliards de dollars chez le développeur et éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard (en cours de fusion avec Microsoft) et 2,3 milliards de dollars chez Uber. Or les indices boursiers mondiaux ont subi des pertes considérables depuis l’année dernière, ébranlés par l’inflation, la hausse des taux d’intérêt post-Covid et les retombées de la guerre en Ukraine. Quand l’indice de S&P 500 a chuté de près de 20% l'année dernière, le PIF n’a pas communiqué de chiffres sur le rendement de ses actionnaires, contrairement à l’année 2021 où il avait affiché 25 % de rendement, en phase avec celui des investisseurs de S&P. Cette même année, les bénéfices du fonds avaient atteint 19 milliards de dollars.
Reste que la valeur totale des actifs du PIF a connu une augmentation fulgurante. Elle est passée à environ 778 milliards de dollars contre 676 milliards en 2022, soit une augmentation de 15,09 %. Cette somme concerne les actifs, qui peuvent englober des liquidités mais aussi des actions, des sociétés, de l’immobilier, etc. Afin de compenser partiellement les pertes de 11 milliards de 2022, le fonds souverain saoudien est parvenu à lever 5,5 milliards de dollars en février grâce à la vente d’obligations vertes, destinées au financement de projets environnementaux.
La logique de "l'argent pour l'argent" et investi au Pifomètre mènera fatalement "dans le mur". La fin de l'article est appréciable et socialement positive, car elle met positivement en valeur la rentabilité du fond Saoudien des "obligations vertes" pour des projets environnementaux. A savoir que dans ce domaine, les Emiratis étaient précurseurs, le WFES à Abou Dhabi a plus de 15 ans. Ils ont amorcé une dynamique vers "l'après pétrole" et les projets des énergies propres.
12 h 12, le 14 juillet 2023