
Vue d'ensemble de l’accrochage Villages without borders, organisé par l’association Les plus beaux villages du Liban en partenariat avec Rebirth Beirut et sous le patronage de l’ambassade de Chine. Photo DR.
C’est en plein cœur de Gemmayzé, dans une salle vaste et lumineuse, que le patrimoine libanais et chinois se rencontrent du 7 au 13 juillet sous forme d’une exposition photographique qui ressemble à une invitation au voyage. L’accrochage Villages without borders, organisé par l’association Les plus beaux villages du Liban (PBVL) en partenariat avec Rebirth Beirut et sous le patronage de l’ambassade de Chine, donne à voir des photos de paysages uniques, des portraits d’habitants libanais et chinois et des maisons en pierre de taille, caractéristiques des villages libanais. Cette collaboration s’inscrit dans la volonté partagée des deux organisations partenaires de faire revivre la scène culturelle locale. Motivés par une passion commune pour l’héritage libanais, Maguy Khoubbieh Kostanian, Albert Kostanian et Joy Homsi, les fondateurs de PBVL, se lancent en 2016 dans l’exploration de quelque 2 000 villages libanais afin de sensibiliser les municipalités et les habitants sur la richesse de leur culture. Faisant partie depuis 2019 de la fédération Les plus beaux villages de la Terre reconnue mondialement, l’organisation incite les municipalités et leurs habitants à œuvrer pour la protection de leur patrimoine riche et unique qui attirerait un tourisme et une croissance économique. Le voyage en Chine dont découle l’exposition a d'ailleurs été fait dans le cadre de la fédération.
Une exposition photographique qui ressemble à une invitation au voyage. Photo DR
Avec l’aide d’un cercle d’experts composé d’architectes, d’environnementalistes et d’archéologues, la PBVL a conçu une grille d’évaluation de nombreux villages du pays du cèdre. Le label, éponyme de l'association, a donc été attribué à des villages pour leur œuvre dans l’entretien de leur héritage culturel, architectural et naturel. Le chêne, symbole d’hospitalité et de racine est l’unité de mesure de l’échelle graduelle du label, trois chênes étant le plafond. L’idée reste cependant de rassembler ces villages libanais à travers une sorte de compétition positive.
Des photographies de paysages et de portraits signées Eddy Choueiry et Joy Homsy. Photo DR.
Échappée belle
Ce label représente à la fois un atout pour ces villages, reconnus pour leur respect de la préservation de leur patrimoine, mais également un engagement du maintien de ces conditions sous peine de régresser dans le label ou de le perdre complètement. Cependant, les rencontres entre l’association et des municipalités ne sont pas sans conflictualités ou tensions ; Joy Homsy, affirme avoir été parfois chassé de certains villages à coups de fusil. Mais l’envie de promouvoir l’histoire et la culture sans pareille des villages libanais résonne plus fort dans les cœurs des trois fondateurs que les tirs d’une arme de chasse.
De là est née l’exposition Villages without borders joignant des photographies de paysages splendides prises par Eddy Choueiry, photographe et membre de l’association, auteur de plusieurs ouvrages sur le patrimoine libanais, et Joy Homsy. Entre un déjeuner en famille, ou un apéro entre amis, passez donc par cette exposition et laissez-vous emporter par la beauté des montagnes chinoises, le ruissellement des rivières et par la nostalgie des villages du pays du cèdre.
Le travail reste loin d’être achevé et l’organisation maintient un dialogue avec les municipalités afin d’assurer le respect des engagements. L’organisation est bourdonnante de projets et envisage même des partenariats avec des écoles d’architecture pour soutenir les municipalités dans leurs programmes de développement durable. À l’heure actuelle, un grand nombre d’institutions libanaises se trouvent en faillite et les organisations non lucratives telles « Les plus beaux villages du Liban » assument désormais la lourde tâche de préservation du patrimoine libanais, trop souvent menacé de disparition.
« Villages without borders » jusqu'au 13 juillet de 12h à 19h, Rebirth Beirut space, rue Gouraud, Gemmayzé.