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Monde - Emeutes en France

Macron et son gouvernement veulent sanctionner les familles

La mise en place de sanctions financières est évoquée par le président français pour sanctionner les familles des jeunes auteurs de violences urbaines.

Macron et son gouvernement veulent sanctionner les familles

Un piéton regarde dans un magasin pillé après une quatrième nuit de manifestation en France déclenchée par la mort d'un adolescent au volant, Nahel, par une balle de la police, à Lyon, dans le sud-est de la France, le 1er juillet 2023. Photo Olivier Chassignole/AFP

Comment punir les auteurs de violences urbaines, parfois très jeunes ? Face aux émeutes qui ont embrasé la France, le président français Emmanuel Macron et son gouvernement a lancé l'idée, récurrente à droite, de sanctionner financièrement les parents.

"Il faudrait qu'à la première infraction, on arrive à sanctionner financièrement et facilement les familles, une sorte de tarif minimum dès la première connerie", a glissé lundi soir le chef de l'État, lors d'une visite dans une caserne de police de la capitale. 

Déjà vendredi, en plein cœur des nuits de violences en réaction à la mort mardi à Nanterre de Nahel 17 ans, tué par un policier, il en avait appelé à "la responsabilité des parents" pour "garder au domicile" les mineurs, qui composent une bonne partie des émeutiers. "La République n'a pas vocation à se substituer à eux", avait-il insisté. Lundi soir, alors que les violences marquaient une accalmie, il a souhaité agir "au cas par cas" et "pas forcément" en passant par des suspensions des allocations familiales.

Son ministre de la Justice, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti avait également pointé du doigt les parents, dans une circulaire adressée aux parquets de chaque tribunal en France. "Chaque fois que des parents seront en capacité d'exercer leur autorité parentale et qu'ils ne le feront pas, il y a une responsabilité pénale que je souhaite mettre en œuvre", a-t-il dit, en rappelant les peines encourues : deux ans de prison, 30.000 euros d'amende.

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Loin de faire l'unanimité dans la classe politique, ces discours ont été dénoncés comme "cyniques" par des élus de gauche. Interrogé sur LCI, Ali Rabeh, le maire de Trappes, une commune de l'ouest parisien avec un fort taux de pauvreté, a reproché à Emmanuel Macron de "mettre de l'huile sur le feu". Il a rappelé que la population des quartiers où ce sont concentrés les violences était très largement composée de "familles monoparentales" et dépeint ces situations où la mère "est toute seule à bosser pour essayer de remplir le frigo" et de ce fait, "pas là au moment où son enfant sort du collège et traîne dans la rue".

Quand un enfant fait l'objet d'une mesure éducative à la suite d'une infraction, un "éducateur spécialisé va venir accompagner la maman", a-t-il expliqué. Sauf que "de très nombreuses mesures éducatives ne sont pas appliquées, faute de moyens, par le ministère de la Justice", a-t-il relevé.

"Les gamins écoutent qui alors ?"

La suspension des allocations familiales pour les parents de mineurs absents à l'école avait été votée en 2010 sous le président de droite Nicolas Sarkozy. Pendant la campagne en 2012, il avait même promis d'étendre la sanction aux mineurs délinquants, avant d'être finalement battu. Son successeur socialiste François Hollande (2012-17) a alors abrogé la mesure. 

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Depuis, au Sénat ou à l'Assemblée, le parti de Nicolas Sarkozy, Les Républicains (LR), n'ont cessé de relancer l'idée via des propositions de lois qui n'ont jamais abouti. Localement, quelques collectivités comme la ville de Valence dirigée à droite par Nicolas Daragon (LR), ont adopté des sanctions financières contre les familles de mineurs faisant l'objet d'un "rappel à l'ordre ou d'une condamnation pour trouble à l'ordre public", les privant des aides sociales versées par la ville. A Nice, une famille peut être expulsée de son logement social à la suite de la condamnation d'un membre de la famille, notamment pour trafic de drogue.

Au centre-droit, le président Modem François Bayrou, principal allié d'Emmanuel Macron, a partagé le principe d'une "sanction immédiate chaque fois qu'il y a un dérapage". "Evidemment, lorsqu'il s'agit de jeunes enfants, la sanction s'adresse aux familles", a-t-il dit sur LCI, tout en introduisant de la nuance puisqu'il ne faudrait pas selon lui une réponse unique consistant à  "priver (les mères) d'une partie des revenus minimum qui les font vivre". "Si vous supprimez les allocations et les aides sociales, vous allez ajouter de la misère à la misère", a insisté le communiste Fabien Roussel sur France2.

Les policiers rencontrés par Emmanuel Macron lundi n'ont pas non plus encouragé cette idée d'en appeler aux parents.  "Mais les gamins, ils écoutent qui alors ?", a-t-il demandé dans l'échange relaté dans Le Parisien. "Les dealers, monsieur le président, c'est d'ailleurs eux qui commencent à leur demander de se calmer depuis deux jours, parce que tout ce bazar, c'est en train de donner du tort à leur business". 

Comment punir les auteurs de violences urbaines, parfois très jeunes ? Face aux émeutes qui ont embrasé la France, le président français Emmanuel Macron et son gouvernement a lancé l'idée, récurrente à droite, de sanctionner financièrement les parents.

"Il faudrait qu'à la première infraction, on arrive à sanctionner financièrement et...
commentaires (2)

"Qui casse les verres les paie". Lorsqu'il s'agit de mineurs, ce sont les parents qui sont responsables. Les propos de Macron - une fois n'est pas coutume - relèvent du simple bon sens, et je ne pouvais pas imaginer qu'une nouvelle loi était nécessaire pour les mettre en œuvre.

Yves Prevost

06 h 57, le 05 juillet 2023

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Commentaires (2)

  • "Qui casse les verres les paie". Lorsqu'il s'agit de mineurs, ce sont les parents qui sont responsables. Les propos de Macron - une fois n'est pas coutume - relèvent du simple bon sens, et je ne pouvais pas imaginer qu'une nouvelle loi était nécessaire pour les mettre en œuvre.

    Yves Prevost

    06 h 57, le 05 juillet 2023

  • Ils n’ont qu’à rentrer à leur pays d’origine

    Eleni Caridopoulou

    18 h 25, le 04 juillet 2023

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