Fadi Abboud est sorti vainqueur de la 4e édition du concours Entrepreneur ESA - HEC Paris, avec sa start-up Iolokis lors de la finale jeudi sur le campus de l’ESA Business School à Beyrouth. Organisé par l’incubateur Smart ESA et L’Orient-Le Jour avec, comme partenaires, l’ambassade de France, l’incubateur HEC Paris, la French Tech Beyrouth, Air France et Light FM, ce concours a pour objectif d’encourager l’entrepreneuriat et l’innovation au Liban.
Sélectionnés parmi 80 candidats, les huit finalistes ont présenté leur start-up devant six jurés. Ils ont défendu, chacun en six minutes maximum, la viabilité et la rentabilité de leur projet sur le long terme. Pour être éligibles, les candidats devaient être de nationalité libanaise, résider au Liban ou à l’étranger, avoir fondé une entreprise depuis moins de deux ans ou avoir un produit en cours de développement, et un chiffre d’affaires inférieur à 500 000 dollars.
À l’issue de cette finale, le gagnant a remporté une période d’incubation de six mois à l’incubateur HEC basé à Station F à Paris, qui est l’un des plus grands campus de start-up au monde, ainsi qu’un billet d’avion offert par Air France et une participation aux frais de vie à Paris par l’ambassade de France.
Le médical à l’honneur
À tout juste 20 ans, Fadi Abboud a donc remporté la première place avec sa start-up Iolokis. Son projet consiste à utiliser l’intelligence artificielle pour aider les personnes aveugles à se déplacer seules. Cet étudiant en médecine à l’Université Saint-Joseph (USJ) de Beyrouth a ainsi conçu des lunettes qui permettent de détecter les obstacles alentour. « Les technologies employées présentent l’un des meilleurs systèmes de navigation et sont à un meilleur prix », a-t-il indiqué lors de sa présentation. Il a également confié que le coaching fourni par l’ESA dans la préparation des présentations au jury pour les finalistes lui a été très bénéfique et qu’il voit désormais sur le long terme grâce à cette expérience : « J’ai pu y étudier le marché, la clientèle ciblée, mais aussi déterminer mes compétiteurs, ce qui va beaucoup m’aider dans le futur. » Et l’avenir s’annonce éclatant pour ce jeune entrepreneur qui se rendra bientôt à Station F à Paris. « Nous avons déjà été contactés par de nombreuses ONG et avons même reçu deux précommandes et deux acomptes », a-t-il fièrement annoncé.
Noor Jaber a, elle, obtenu la place de dauphine avec le prix « Coup de cœur » du jury. Sa start-up Nawat Health est une application permettant aux femmes d’avoir accès à des cours sur la santé sexuelle et reproductive, ainsi que d’entrer en contact avec des experts pour obtenir des consultations « sans jugement et à leur convenance », un aspect sur lequel l’entrepreneuse a insisté. « C’est un honneur de gagner ce prix. Cela montre à quel point la santé des femmes est importante, et que nous devons encore nous mobiliser pour améliorer ce domaine dans la région », a-t-elle résumé.
Les sept autres finalistes, qui se sont vu offrir 10 % de réduction sur leur prochain billet d’avion Air France vers la destination de leur choix, sont les suivants :
- Mate n’Flat, une plateforme pour réaliser des locations immobilières écologiques ;
- Suppy, une interface offrant des solutions de vente mobile aux commerçants, leur permettant de vendre facilement leurs produits en ligne ;
- Swikl, une application de fitness se concentrant sur la progression sportive des utilisateurs ;
- Tylleum, une plateforme visant à améliorer l’efficacité des paiements de cryptomonnaie entre les commerçants et les clients ;
- Areeka Web, une interface de thérapie en ligne en anglais, français et arabe, qui lie psychologues et clients partout dans le monde ;
- Kudwa, une plateforme aidant les entreprises à prendre de meilleures décisions plus rapidement.
Espoir et technologie
L’ensemble du jury a salué le succès de cette 4e édition. « C’était une année très réussie. Les projets étaient extrêmement bien préparés. Le jury a dû avoir des discussions très engagées pour parvenir à une décision finale », a commenté Inge Kerkloh-Devif, directrice exécutive du centre « Innovation et Entrepreneuriat » de HEC.
Quant à Maxence Duault, directeur général de l’ESA, il a souligné l’importance de ce genre de prix dans le contexte économique actuel : « Face à la crise libanaise, c’est fondamental d’être au contact de la jeunesse, de l’innovation, des projets. C’est participer à l’espoir dont a besoin le pays. » Un point sur lequel a également insisté le directeur exécutif de L’Orient-Le Jour, Fouad Khoury Hélou : « La technologie est une opportunité aujourd’hui, au Liban et partout dans le monde. »
En plus de Fouad Khoury Hélou et Inge Kerkloh-Devif, le jury a réuni Sabine Sciortino, conseillère d’action et de coopération culturelle et directrice de l’Institut français au Liban ; Phillipe Oster, directeur des affaires internationales de HEC ; Antoine Lepretre, directeur de l’incubateur HEC-Paris ; Jihad Bitar, président du conseil d’administration de la French Tech Beirut ; Tina el-Boustany, présidente de HEC Alumni – groupement Liban.
La première édition de ce concours, en 2020, avait primé Dim, une plateforme de suivi de chantier en temps réel. Celle de 2021 a vu gagner SynApp Messaging (plateforme de communication entre les professionnels de santé) et Podeo (plateforme de podcasts arabes). La suivante avait été remportée par Neo (plateforme de services financiers combinant transferts, opérations de change et paiements) et Reborn Tech (solution de recyclage pour transformer les textiles en matériaux d’isolation). Il ne reste plus qu’à attendre l’année prochaine et « la 5e édition, pour continuer d’avoir un impact sur l’économie et la société ensemble », a conclu Inge Kerkloh-Devif. Le rendez-vous est pris.