
Un homme brûlant un exemplaire du Coran à Stockholm, en Suède, le 28 juin 2023. Photo Twitter/@AzzatAlsaalem
"Acte dangereux", "inacceptable", "stupide"... Le ton est unanime au Liban après l'autodafé d'un exemplaire du Coran devant une mosquée à Stockholm mercredi, commis par un Irakien de 37 ans ayant fui son pays. Un acte intervenu dans un "rassemblement" autorisé par la police suédoise au premier jour de la fête musulmane de l'Adha.
En janvier dernier, un activiste suédois d'extrême-droite avait commis un acte similaire, qui avait suscité l'indignation et la condamnation de nombreux acteurs politiques et religieux libanais.
"Un acte qui attise la haine"
Jeudi, le ministère libanais des Affaires étrangères a publié un tweet dans lequel il "condamne fermement l'autodafé du Coran en Suède par des groupes d'extrémistes". Il dénonce "une atteinte aux valeurs sacrées des musulmans et une provocation" dans cet acte, qui "augmente l'islamophobie et la haine au lieu de promouvoir la tolérance, la coexistence des religions et des civilisations".
١)تدين وزارة الخارجية والمغتربين بأشد العبارات عملية إحراق القرآن الكريم في السويد من قبل مجموعة من المتطرفين. إن هذا العمل الذي يتكرر للمرة الثانية يشكل اعتداءً على مقدسات المسلمين واستفزازا لمشاعرهم، ويأتي ليزيد من حدة الإسلاموفوبيا والكراهية تجاههم بدلا من ترسيخ قيم التسامح
— Mofa Lebanon (@Mofalebanon) June 29, 2023
Cet acte "ne peut être justifié par la liberté d'expression, car il attise la haine et engendre la violence", ajoute le palais Bustros. Il appelle enfin "à mettre un terme définitif à ces provocations et à les considérer comme des crimes punissables par la loi". Dès mercredi, le Conseil supérieur chiite avait dénoncé "la permission par la police suédoise de l'autodafé du Coran, dans une agression caractérisée contre la communauté musulmane". Dans une déclaration, le Conseil a appelé les différents gouvernements à prendre des mesures "et à ne pas se limiter à des déclarations pour condamner cet acte", qui est selon lui "appuyé et suscité par l'Occident infidèle, blasphémateur, et par le sionisme international pour saper les valeurs humanistes et civilisationnelles".
Le mufti de la République Abdellatif Deriane, plus haute autorité sunnite du pays, a dénoncé "une intention malicieuse d'attiser le feu de la division" dans cet acte. "L'incrimination n'est plus suffisante avec ces individus qui provoquent les musulmans dans le monde. Il faut prendre des mesures fermes contre tous ceux qui nuisent à l'islam et aux musulmans", a-t-il ajouté. "S'il n'y a pas de jugement ou de punition des responsables, ce phénomène déviant ne cessera pas, et ses conséquences ne seront ni louables ni pacifiques."
Tandem chiite, PSP et autres députés
Du côté du Hezbollah, parti-milice pro-iranien, on "condamne fermement la lacération et l'autodafé du Coran devant une mosquée" à Stockholm. Il a considéré que les autorités suédoises "sont complices de ce crime en ayant donné l'autorisation aux manifestants alors qu'elles connaissaient leurs intentions". Dans un communiqué publié par son bureau de presse, le parti chiite estime que la répétition de ce genre d'acte "ne peut être passée sous silence", et que "le gouvernement suédois doit stopper cette évolution néfaste plutôt que de prétexter la liberté d'expression et autres slogans creux."
Même son de cloche chez le mouvement Amal, qui fustige "un acte qui porte atteinte à la dignité humaine" et appelle la communauté de internationale "à agir sérieusement et de manière responsable pour stopper ce genre de crimes répétés. Car le silence et l'absence de jugement de ces actes correspond à une complicité tacite avec ceux qui l'ont commis", ajoute le mouvement mené par le président du Parlement, Nabih Berry.
Le Parti socialiste progressiste (PSP, de Walid Joumblatt) a de son côté jugé "inacceptable de continuer à se réfugier derrière la liberté d'expression" et a appelé le gouvernement suédois "à agir immédiatement pour punir les auteurs de ces actes qui attisent l'antagonisme, l'ignorance et l'extrémisme". Des députés libanais issus d'autres courants politiques ont également condamné l'autodafé, comme le contestataire Melhem Khalaf ou encore le député Walid Baarini, du groupe de la Modération nationale.
Le meilleur moyen de lutter contre ceux qui brûlent des corans, des bibles, des drapeaux quels qu’ils soient, c’est de les ignorer. Ne leur donnons pas le plaisir de voir que leur actes ont atteint leurs objectifs. Il suffit d’en réimprimer d’autres.
00 h 42, le 01 juillet 2023