L'incendie dans le Akkar enfin éteint, plus de 90 hectares partis en fumée

Au moins 90 hectares partis en fumée, des arbres séculaires ravagés, des habitations atteintes, plus de 200 personnes mobilisées... Après plus de deux jours de lutte, l'immense incendie de forêt qui s'était déclaré samedi dans la région de Sinn, au Akkar, a été maîtrisé lundi matin, rapporte notre correspondant Michel Hallak. Le feu a mobilisé la Défense civile et l'armée libanaise, mais aussi des habitants volontaires et des membres de l'association locale "Sur le chemin du Akkar". Aucune victime humaine n'est à déplorer.

Dans un communiqué, l'association estime que cet incendie "est un début qui n'annonce rien de bon pour cette saison, surtout au vu de la faiblesse des marges de manœuvre et des moyens limités" au Liban pour lutter contre les incendies.

"Incontrôlable", le feu a atteint certaines habitations
L'armée a mobilisé deux hélicoptères pour aider à éteindre le vaste incendie, "le plus grand et violent de cette saison" pour l'instant, selon notre correspondant. Ces deux appareils ont dû effectuer plus de 150 manœuvres d'extinction. Un état de vigilance et de surveillance est actuellement maintenu en cas de nouveau départ de ce feu, dont l'origine est très probablement criminelle.

Un hélicoptère de l'armée libanaise aide à éteindre l'immense incendie qui s'est déclaré au Akkar le 24 juin 2023. Photo Photo association Chemin du Akkar

Le feu était devenu incontrôlable et avait atteint certaines habitations de la région de Sinn-Daoura sans toutefois faire de victime humaine. Son extinction a été rendue difficile du fait de vents violents, de manque de routes, et du relief qui rend certaines zones difficiles d'accès.

Incendie "provoqué par l'homme"
Khaled Taleb, fondateur de l'association "Sur le chemin du Akkar" et pompier volontaire, a déclaré à L'Orient Today qu'il était "certain qu'il s'agissait d'un incendie provoqué par l'homme". "Pour nous, c'est une évidence, a déclaré M. Taleb. "Dans cette région, nous n'avons pas les facteurs qui conduisent à des incendies naturels. Il n'y a pas eu de foudre, et il n'y a pas de fils électriques dans la zone. Les incendies de forêt dans la région sont généralement déclenchés par quelqu'un qui "veut utiliser des terrains publics à des fins personnelles, ou par pur sabotage", a ajouté le bénévole. Il a également observé que "les incendies se déclarent généralement tôt le matin ou tard le soir, ce qui prouve que quelqu'un les allume quand il n'y a personne autour". Les militants ont porté plainte auprès des autorités et ont envoyé des images d'un homme, "dont le visage apparaît clairement sur la vidéo", en train de mettre le feu à une forêt au Akkar. "Nous attendons toujours les résultats de l'enquête", a encore déclaré M. Taleb.

Dans un communiqué, l'association "Sur le chemin du Akkar" a déploré "de lourds dégâts" et un incendie dont "la force était effroyable et indescriptible". Selon elle, près de 95 hectares sont sinistrés et la longueur de ligne de front du feu dépassait les 6 km. "Plus de 48 heures après son départ, l'incendie a été complètement éteint après les efforts acharnés des équipes de pompiers", ajoute le texte. Certains des points chauds sont encore allumés mais sans danger pour l'instant.

"C'est un début qui n'annonce rien de bon pour cette saison, surtout au vu de la faiblesse des marges de manœuvre et des moyens limités", dénonce également l'association. "Cet incendie doit servir de leçon pour ne pas relâcher la préparation, la nécessité de l'intervention rapide et de l'entraide de tous les acteurs pour atteindre les meilleurs résultats et protéger nos forêts", ajoute-t-elle avant de remercier les divers acteurs qui ont participé à l'extinction ainsi que le ministre sortant de l'Environnement, Nasser Yassine.

Dans un communiqué publié samedi, M. Yassine avait annoncé "demander aux tribunaux d'ouvrir une enquête judiciaire, ainsi qu'à la Défense civile et aux forces de sécurité d'enquêter sur les causes de l'incendie". Il s'agit du premier grand incendie de forêt de l'année, a-t-il ajouté, appelant à la coopération entre les municipalités, les administrations locales, les habitants et les associations environnementales pour sensibiliser aux risques d'incendie et empêcher les gens de brûler des déchets.