« Tant que les bombes ne tombent pas sur Beyrouth, j’y serai. Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau », déclare Ali Hijazi, 45 ans, concessionnaire automobile, à L’Orient Today par téléphone depuis Berlin.
Selon le ministre sortant du Tourisme Walid Nassar, le Liban attend plus de deux millions de visiteurs cet été, soit le nombre le plus élevé depuis le début de la crise économique en 2019. Ce chiffre reste inférieur à celui de 2018, juste avant la crise, lorsque, selon la Sûreté générale, quelque 2,8 millions de personnes étaient entrées dans le pays pour l’été.
Imad Salamey, professeur de sciences politiques à la Lebanese American University (LAU), estime que l’une des raisons pour lesquelles les gens reviennent en masse cet été est que pour la première fois, ils n’ont pas peur d’une éventuelle guerre avec Israël.
Daniya Sahili, une graphiste basée à Dubaï, a appuyé ses dires, ajoutant qu’elle prévoyait de se rendre au Liban. « C’est le premier été où nous n’avons pas peur d'une escalade avec Israël. On pourrait dire que c’est le premier été depuis des années où je prévois de me rendre au Liban sans m’inquiéter d’une éventuelle guerre à grande échelle », précise-t-elle.
Cela est dû à l’accord conclu en mars entre l’Iran et l’Arabie saoudite sous l’égide de la Chine, qui a rétabli les relations diplomatiques entre les deux pays après une impasse de plus de sept ans.
« L’accord entre Téhéran et Riyad est une bonne nouvelle pour le Liban et témoigne d’une plus grande stabilité dans le pays. L’accord n’a pas seulement apporté plus de paix en Syrie, mais aussi au Liban », indique M. Salamey. « C’est l’ère de la désescalade des tensions dans la région et c’est une source de réconfort pour les Libanais vivant à l’étranger qui veulent venir au Liban et qui s’inquiètent de la situation », ajoute-t-il.
« J’économise toute l’année pour passer du temps au Liban »
Dana Saoudi, une mère de quatre enfants qui vit au Qatar, a déclaré qu’elle venait pour une visite d’été. « J'économise toute l’année pour dépenser mon argent au Liban, avec les seules personnes qui comptent pour moi : ma famille », souligne-t-elle.
Le ministre sortant du Tourisme a déclaré pour sa part que la vague de visiteurs devrait rapporter 10 milliards de dollars au Liban. Interrogé sur la manière dont le pays en crise allait gérer le grand nombre de visiteurs, Walid Nassar indique que le ministère avait « déjà autorisé les institutions à fixer les prix en dollars afin que le visiteur ne soit pas victime de la fluctuation arbitraire du taux de change ». La monnaie nationale a en effet perdu plus de 90 % de sa valeur sur le marché parallèle face au dollar depuis 2019.
« Le ministère a fait savoir à tous les établissements touristiques que les tarifs doivent être annoncés clairement de manière à permettre aux visiteurs de connaître le prix avant de choisir », affirme encore M. Nassar. Avant de poursuivre : « Même si certaines personnes se plaignent des prix, le Liban utilise un système en vigueur dans le monde entier. Nous avons des restaurants, des sites et des hôtels dont les prix varient et les touristes et les expatriés peuvent choisir ce qui leur convient, c’est ainsi que cela se passe partout. »
Les Libanais ont appris à s’adapter
Le professeur Salamey estime par ailleurs que « non seulement les problèmes de sécurité sont moindres, mais près de trois ans après le début de la crise, les Libanais ont appris à faire face et à s’adapter en utilisant d’autres sources d’énergie pour compenser l’absence de certains services publics ».
« Les panneaux solaires et les modes de fonctionnement informels, qui sont à la fois une bénédiction et une malédiction, apportent du confort aux expatriés et les invitent à s’y rendre », ajoute-t-il.
Comme à chaque période de vacances, l’Aéroport international de Beyrouth sera submergé de voyageurs, compte tenu de ses lacunes logistiques et de ses limites de capacité.
En mars, le ministre sortant des Travaux publics Ali Hamiyé était revenu sur son projet d’ajouter un second terminal à l’aéroport, qui aurait été financé par une société irlandaise, après des critiques concernant la légalité du projet.
« En termes de tourisme, par rapport aux années précédentes et par rapport aux conditions, la situation est bonne et prometteuse, et nous attendons une saison touristique prometteuse qui contribue à faire avancer l’économie », conclut Walid Nassar.
Lorsque je me suis penché sur le titre de l'article, je me suis dit que l'orient aborderait la question de l'attractivité des différents sites et activités dans le pays. Il serait d'ailleurs intéressant à l'occasion d'effectuer de véritables analyses sur le nombre de visiteurs par régions/districts, les sites les plus visités (Byblos, Jeïta, Baalbek, etc...). Cette analyse traduirait notamment une partie des déséquilibres touchant le pays
15 h 55, le 26 juin 2023