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Moyen-Orient - FOCUS

Les druzes expriment leur colère dans le Golan occupé

Des milliers d’entre eux ont protesté cette semaine contre la construction d’un champ d’éoliennes dans cette région syrienne occupée par Israël depuis 1967 puis annexée.

Les druzes expriment leur colère dans le Golan occupé

Une femme brandit une pancarte tandis que d’autres manifestants agitent des drapeaux nationaux syriens et des banderoles rouges lors d’une manifestation des habitants druzes du village de Majdel Chams, sur le plateau du Golan, le 24 janvier 2020. Jalaa Marey/AFP

« Si vous pensiez que le Golan israélien (sic) était calme, écoutez les druzes », a écrit Sheren Falah Saab, journaliste pour le quotidien israélien de centre gauche Haaretz. Dans cette région peu habituée aux heurts, des milliers de druzes se sont rassemblés mercredi sur les hauteurs du Golan pour protester contre ce qui est présenté par l’État hébreu comme le plus grand projet d’énergie renouvelable d’Israël. Les forces israéliennes ont répondu aux manifestants par des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc ou encore un canon à eau.

Lancé en 2019 par l’entreprise énergétique Energix, le projet comprend un champ de dizaines d’éoliennes réparties sur le territoire occupé. De quoi alimenter les craintes des résidents de cette région, bastion druze, qui redoutent que la construction des turbines ne provoque des dommages sur leur santé et leurs propriétés. D’autres druzes affirment que le projet menace leur mode de vie, fondé sur l’agriculture et le tourisme. Des accusations récusées par l’entreprise, qui préfère plutôt mettre en avant l’énergie propre générée par ces éoliennes et la création de centaines d’emplois pour les habitants. Des propriétaires affirment en outre n’avoir pas été informés des accords signés avec la compagnie d’électricité locale.

Expropriation

« Ces manifestations montrent une inquiétude des druzes quant à une éventuelle future expropriation des terres » , a affirmé à al-Monitor Salim Brake, expert de la communauté druze à l’Open University of Israël. « Il y a une méfiance et un manque de confiance (des druzes, NDLR) envers un système (israélien, NDLR) qui a été discriminatoire à l’égard de leur communauté pendant des années » a-t-il ajouté.

L’entreprise Energix avait déjà été accusée de louer des terres appartenant à des familles druzes pour des contrats de vingt-cinq ans. Ces derniers permettent aux propriétaires fonciers de se rétracter, mais seulement en donnant une indemnisation à l’entreprise, ce que peu de propriétaires druzes peuvent se permettre, selon le Haaretz.

Ces derniers jours, au moins vingt personnes ont été blessées dans les ripostes de l’armée israélienne. Les manifestants ont lancé des pierres, tiré des feux d’artifice ou encore brûlé des pneus de voiture. Des druzes israéliens ont également bloqué des routes dans le nord d’Israël.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rencontré le leader druze, le cheikh Moaffaq Tarif, pour discuter de l’incident. « Je considère avec beaucoup de gravité et d’inquiétude ce qui se passe en ce moment sur le plateau du Golan », a déclaré le chef de l’exécutif de l’État hébreu, avant de demander la suspension du projet jusqu’à la fin de la fête de l’Adha qui commence la semaine prochaine. Mais le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, adepte des provocations, a ordonné jeudi à la police d’autoriser la poursuite immédiate du parc éolien, ignorant la décision du Premier ministre.

« Le sentiment d’aliénation des druzes est exacerbé par le gouvernement actuel – composé de colons et d’ultraorthodoxes – qui déclare ouvertement ses intentions d’accroître la présence juive en Galilée », a affirmé Salim Brake à al-Monitor.

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Israël occupe le Golan (syrien) depuis 1967 et a annexé formellement le territoire en 1981. Alors qu’en 2019, le président américain Donald Trump a reconnu le territoire comme israélien, devenant le premier État à le faire, l’État hébreu avait annoncé en 2021 que le territoire serait israélien « pour toujours ». Cette semaine, le nombre d’Israéliens présents sur le Golan occupé a dépassé pour la première fois le nombre de Syriens, a annoncé l’ONU.

Seuls 10 % des druzes du plateau du Golan ont demandé la citoyenneté israélienne. Plusieurs d’entre eux servent dans les forces armées israéliennes. Cette semaine, trois soldats druzes ont été recadrés après avoir affiché dans une vidéo publiée en ligne leur soutien aux habitants de Jénine (nord de la Cisjordanie occupée), victimes de raids israéliens meurtriers. 

« Si vous pensiez que le Golan israélien (sic) était calme, écoutez les druzes », a écrit Sheren Falah Saab, journaliste pour le quotidien israélien de centre gauche Haaretz. Dans cette région peu habituée aux heurts, des milliers de druzes se sont rassemblés mercredi sur les hauteurs du Golan pour protester contre ce qui est présenté par l’État hébreu comme le plus...

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