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Politique - Décryptage

Le Drian bientôt au Liban pour dynamiser le rôle de Paris dans le dossier présidentiel

Dans le climat de polarisation extrême à la veille de la séance parlementaire destinée à l’élection d’un président le 14 juin, l’annonce par l’Élysée de confier à l’ancien ministre Jean-Yves Le Drian le dossier présidentiel libanais a constitué une véritable surprise.

La nouvelle est ainsi tombée au moment où que ce qu’on a appelé l’initiative française au sujet de la présidence libanaise semble battre de l’aile et se heurter au mur des contradictions libanaises et des enjeux régionaux et internationaux.

D’ailleurs, aussitôt après l’annonce, les spéculations ont commencé au Liban sur la véritable signification de cette désignation. Certains médias ont annoncé qu’il s’agit d’un changement radical dans la position française qui ferme ainsi le dossier de la candidature de Sleiman Frangié pour passer à un autre choix, alors que d’autres se sont contentés de préciser que le président français a voulu donner un nouvel élan à ses efforts pour l’élection d’un président au Liban à travers la nomination de M. Le Drian comme « émissaire personnel du président français ».

L'édito de Issa GORAIEB

Retour aux fourneaux !

Selon une source proche du Quai d’Orsay, la vérité serait justement entre ces deux interprétations. La nomination de l’ancien ministre de la Défense puis des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian serait d’abord dictée par des raisons techniques. En effet, l’ambassadeur Pierre Duquesne, en charge du dossier des réformes structurelles à mener au Liban, est passé récemment à la retraite, laissant un vide au niveau de la cellule chargée du dossier libanais à l’Élysée, à un moment où elle a besoin d’un nouvel élan face à l’enlisement de la crise libanaise. Celle-ci semble en effet tourner dans un cercle vicieux, surtout depuis le début de la vacance présidentielle, le 1er novembre 2022.

En même temps, toujours selon la source proche du Quai d’Orsay, l’ambassadrice de France au Liban Anne Grillo devrait bientôt être remplacée par l’ambassadeur de France en Turquie, Hervé Magro. Ce dernier a occupé un poste à Jérusalem et il connaît la région. Mais face à un dossier aussi complexe que celui de la présidentielle libanaise, et surtout avec les changements qui commencent à apparaître dans la région, il serait préférable pour le président français de désigner un émissaire personnel, sachant que le nouvel ambassadeur ne pourra pas présenter ses lettres de créance tant qu’il n’y a pas de président au palais de Baabda.

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Cela pour l’aspect purement technique. Mais pour la source proche du Quai d’Orsay, il y aurait aussi d’autres raisons pour ce choix, qui seraient liées à la personne même de Jean-Yves Le Drian. D’abord, la dernière réunion dite des Cinq (France, Arabie saoudite, Qatar, États-Unis et Égypte) qui s’était tenue à Paris le 6 février, avait montré des divergences claires entre l’approche française et celles des États-Unis et de l’Arabie saoudite. La France avait alors voulu que les discussions soient concrètes et portent sur les noms des présidentiables, alors que le représentant du royaume saoudien avait refusé d’entrer dans ces détails, se contentant de dire qu’il vaut mieux s’entendre sur le programme plutôt que sur les noms. Le représentant des États-Unis avait aussi adopté une position proche de celle du représentant saoudien en disant que son administration n’a pas de problème avec les noms, mais avec les programmes.

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Entre-temps, la région du Moyen Orient a été le théâtre de développements importants, comme par exemple l’annonce de l’entente entre Riyad et Téhéran sous le parrainage de Pékin et le rapprochement entre l’Arabie saoudite et la Syrie au point de réintégrer le régime syrien au sein de la Ligue arabe. Dès lors, au Liban, les différentes parties impliquées dans le dossier présidentiel ont commencé à revoir leurs positions, guettant les effets de ces nouvelles ententes sur le choix de leur futur président. Il est vrai que plusieurs parties libanaises tiennent compte de l’opinion saoudienne sur ce sujet avant de faire définitivement leur choix, tout comme d’autres cherchent à sonder les Iraniens, les Américains etc. Dans ce contexte changeant, la France ne veut pas être en reste, ni laisser la scène libanaise à d’autres « influenceurs ». L’homme idéal pour redonner de l’élan à la dynamique française au Liban est donc, pour le président français, Jean-Yves Le Drian. D’abord parce que les deux hommes ont coopéré ensemble, surtout après que Le Drian a quitté le Parti socialiste pour former un rassemblement autour du président Macron, et ensuite en raison des bonnes relations qu’entretient M. Le Drian avec l’Arabie saoudite et avec les États-Unis. Enfin, il connaît bien le Liban dans lequel il s’est rendu à plusieurs reprises. Il est notamment connu pour son franc-parler et en même temps, il connaît la plupart des acteurs traditionnels au Liban, qui continuent à détenir une partie des clés du déblocage. On se souvient ainsi que lors de sa première rencontre avec le président de la Chambre au Liban, Nabih Berry, en juillet 2020, il lui aurait dit que le Liban était comme le Titanic qui fait naufrage alors que ses passagers dansent, insouciants. Mais de là à affirmer qu’il va initier un changement radical dans la politique française à l’égard du dossier présidentiel, il y a un grand pas que la source précitée refuse de franchir. Selon cette même source, il y a eu une confusion au sujet de la politique française sur le dossier présidentiel. La France n’a jamais eu un candidat précis. Elle estime simplement que le nouveau président devrait avoir de bonnes relations avec toutes les parties, y compris le Hezbollah et les chiites en général, pour pouvoir relancer les institutions étatiques et travailler en équipe avec le président du Conseil et le gouvernement pour être en mesure de sortir le Liban des crises dans lesquelles il se débat.

Dans le climat de polarisation extrême à la veille de la séance parlementaire destinée à l’élection d’un président le 14 juin, l’annonce par l’Élysée de confier à l’ancien ministre Jean-Yves Le Drian le dossier présidentiel libanais a constitué une véritable surprise. La nouvelle est ainsi tombée au moment où que ce qu’on a appelé l’initiative française au sujet de...

commentaires (4)

ça suffit comme ça .. ! qu'il reste chez lui et tout le monde lui en saura gré

OBEGI CHARLES

15 h 17, le 12 juin 2023

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Commentaires (4)

  • ça suffit comme ça .. ! qu'il reste chez lui et tout le monde lui en saura gré

    OBEGI CHARLES

    15 h 17, le 12 juin 2023

  • M. Le Drian a la main haute pour pousser au forages pour extraire le pétrole du Sud, qui est devenu un enjeu cardinal depuis la fermeture des robinets russes vers l'Europe Occidental. J'espère que les libanais lui faciliteront la tâche en lui préparant de bons plats pour le retenir le plus longtemps possible au Liban. Kébbé bel Sayniyé, mhchi w warak arich, Sayadiyé, épinard avec le riz, côtes de blette, mloukhié, Daoud Bacha, friké, etc.

    Céleste

    09 h 25, le 12 juin 2023

  • Correction: Il faut pt'être lire "Le Drian bientôt au Liban pour dynamiter le rôle de Paris dans le dossier présidentiel" ... non?

    Wlek Sanferlou

    15 h 19, le 10 juin 2023

  • Selon des sources sûres, l’approche par la France de la question libanaise est totalement erronée. Le président Macron estime que les députés du Hezbollah ont été démocratiquement élus et que le Hezbollah est incontournable au Liban. Il oublie que la présence du Hezbollah n’existe que grâce à ses armes et que sans celles ci, le Hezbollah n’existerait même pas. Un parti politique puissamment arme n’est pas l’exemple type de la démocratie. Supposons que le RN était armé comme le Hezbollah, Macron n’aurait pas tenu 10 minutes face à Marine Le Pen mais le RN est un parti démocratique non armé qui a respecté le résultat de l’élection présidentielle contrairement à la majorité relative actuelle en France qui ne respecte pas le résultat des législatives en faisant passer les réformes par la force en utilisant le 49.3. En terme de démocratie, la Macronie a beaucoup de choses à se reprocher .

    Lecteur excédé par la censure

    13 h 44, le 10 juin 2023

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