Geagea : L'escalade verbale des derniers jours est injustifiée

Le chef des Forces libanaises, le leader maronite Samir Geagea, a estimé jeudi que "l'escalade verbale" de certains responsables du Hezbollah ces derniers jours, depuis l'annonce du soutien de plusieurs partis de l'opposition et du camp aouniste à une candidature à la présidentielle de Jihad Azour, était "injustifiée".

Depuis que les Forces libanaises, les Kataëb et plusieurs députés indépendants ont officialisé le week-end dernier leur soutien à M. Azour dans la course pour Baabda, plusieurs députés et responsables du parti chiite ont tenu des discours incendiaires. Le député Hassan Fadlallah avait notamment estimé que la candidature de l'ex-ministre et actuel responsable régional au sein du Fonds monétaire international est "un défi" et que le candidat "n'arrivera jamais à Baabda". 

Dans un entretien sur la chaîne télévisée arabophone basée à Londres Hala London, M. Geagea a affirmé que le tandem chiite Amal-Hezbollah, qui soutient la candidature de Sleiman Frangié, "devrait se réjouir maintenant qu'une entente a été trouvée autour d'un autre candidat sérieux, ce qui mène inévitablement à une élection". "L'escalade verbale que nous avons entendue ces derniers jours est injustifiée", a-t-il ajouté, estimant que celle-ci montre que ses opposants politiques "ne veulent pas que la situation sorte de leur contrôle". "L'autre partie ne croit pas dans la Constitution, les élections, l'ordre public et ce genre de principes", a-t-il critiqué. Il a espéré que l'accord autour du nom de Jihad Azour permettra d'arriver à "des négociations et des ententes élargies".

Pas de "trio chrétien"
Samir Geagea a par ailleurs rejeté l'idée que l'entente autour du candidat à la présidentielle mène à un "trio chrétien" (composé des FL, du Courant patriotique libre et des Kataëb) face au "tandem chiite". "Il n'y a absolument pas de trio chrétien, mais une entente autour du nom du président de la République", a-t-il ajouté, déclarant que le CPL est "à un tout autre endroit".

Les députés ont été convoqués à une séance parlementaire électorale le 14 juin, maintenant que deux candidats sont en lice pour la présidentielle. Il s'agira de la douzième séance consacrée à la présidentielle depuis septembre 2022, et alors que le palais de Baabda reste vacant depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022. Les onze séances précédentes avaient été marquées par une grande majorité de votes blancs et le retrait de l'hémicycle, après un premier tour de vote, des députés du tandem chiite, provoquant un défaut de quorum. Certains analystes estiment que les partisans de Sleiman Frangié pourraient utiliser une tactique similaire pour empêcher la tenue d'un second tour. Cependant, cette séance offrira à Jihad Azour l'opportunité de se positionner comme un prétendant sérieux au palais de Baabda s'il obtient un score supérieur à Sleiman Frangié, qui fera également face aux urnes pour la première fois.