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Société - Droits de l'Homme

Amnesty : Entre 2018 et 2022, les décès dans les prisons libanaises ont quasiment doublé

"La crise économique n'est pas une excuse pour que les autorités pénitentiaires refusent aux détenus l'accès aux médicaments, fassent payer les frais d'hospitalisation aux familles des détenus ou retardent le transfert des prisonniers vers les hôpitaux", déclare Aya Majzoub.

Amnesty : Entre 2018 et 2022, les décès dans les prisons libanaises ont quasiment doublé

Une vue générale de la prison de Roumieh, l'une des plus grandes du Liban. Photo Marwan Assaf

Un rapport d'Amnesty International publié mercredi appelle les autorités libanaises à "accorder de toute urgence la priorité à la santé des détenus, car les décès dans les prisons gérées par le ministère de l'Intérieur ont presque doublé en 2022 par rapport à 2018, l'année précédant le début de la crise économique aiguë en cours".

Une enquête d'Amnesty intitulée "Instead of Rehabilitation, He Found Death: Deaths in Custody Doubled Amidst Four-Year Economic Crisis", montre que "les chiffres du ministère de l'Intérieur communiqués à l'organisation brossent un sombre tableau d'une hausse des taux de mortalité, les décès étant passés de 14 en 2015 à 18 en 2018 et à 34 en 2022".

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"La nette augmentation des décès en détention devrait constituer un signal d’alarme indiquant au gouvernement libanais que ses prisons nécessitent des réformes urgentes et drastiques. Il faut décongestionner les centres de détention, notamment en utilisant des mesures non privatives de liberté à la place de la détention provisoire, et mobiliser des ressources supplémentaires pour que les personnes emprisonnées puissent recevoir des soins médicaux adaptés à leur état et accéder immédiatement aux soins de première nécessité en cas de besoin", a déclaré Aya Majzoub, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

L'excuse de la crise économique
"La crise économique n'est pas une excuse pour que les autorités pénitentiaires refusent aux détenus l'accès aux médicaments, fassent payer les frais d'hospitalisation des détenus à leurs familles ou retardent le transfert des détenus vers les hôpitaux ", a ajouté Aya Majzoub.

Amnesty International a par ailleurs appelé les autorités judiciaires à "mener des enquêtes rapides, impartiales et efficaces sur tous les décès en détention afin de déterminer dans quelle mesure les fautes ou les négligences des responsables pénitentiaires ont pu contribuer à ces décès et à demander des comptes à toute personne jugée responsable". "Les autorités devraient également déterminer dans quelle mesure la forte augmentation du nombre de décès est liée à des facteurs structurels tels que la surpopulation, le manque de ressources adéquates et l'impunité pour les mauvais traitements, tous exacerbés par la crise économique", ajoute l'ONG dans son rapport, précisant que le ministère de l'Intérieur "n'a fourni aucune explication sur les causes de ces décès en détention".

Le rapport note également que la valeur réelle du budget du ministère de l'Intérieur pour fournir des soins de santé aux prisonniers est passée de 7,3 millions de dollars en 2019 à environ 628.000 dollars en 2022.

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En 2022, un lieutenant de la Sûreté de l'État avait été placé en garde à vue après des accusations du journal libanais al-Akhbar qui rapportait qu'"un officier et des agents de la Sûreté de l'État ont torturé un détenu syrien pendant son interrogatoire et l'ont battu à mort."

En mai de la même année, le Comité libanais pour la prévention de la torture avait indiqué dans un rapport que " les autorités judiciaires libanaises n'enquêtent toujours pas sur les graves allégations de torture formulées par les victimes ".

Le rapport complet d'Amnesty International est disponible ici.

Un rapport d'Amnesty International publié mercredi appelle les autorités libanaises à "accorder de toute urgence la priorité à la santé des détenus, car les décès dans les prisons gérées par le ministère de l'Intérieur ont presque doublé en 2022 par rapport à 2018, l'année précédant le début de la crise économique aiguë en cours".Une enquête d'Amnesty intitulée "Instead of...

commentaires (1)

"7,3 millions de dollars en 2019. 628.000 dollars en 2022 consacrés aux frais de santé dans les prisons au Liban. Cela s'explique facilement : on est moins malade à Roumieh en 2022 qu'en 2018. Trêve de plaisanterie... C'est édifiant et révélateur de la chute dans l'abîme. L'argent manque partout, et bateau sombre corps et biens.

Ca va mieux en le disant

18 h 02, le 07 juin 2023

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Commentaires (1)

  • "7,3 millions de dollars en 2019. 628.000 dollars en 2022 consacrés aux frais de santé dans les prisons au Liban. Cela s'explique facilement : on est moins malade à Roumieh en 2022 qu'en 2018. Trêve de plaisanterie... C'est édifiant et révélateur de la chute dans l'abîme. L'argent manque partout, et bateau sombre corps et biens.

    Ca va mieux en le disant

    18 h 02, le 07 juin 2023

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