Rechercher
Rechercher

Sport - Football

En Suède, la retraite de Zlatan marque la « fin d’une ère »

Venant d’annoncer sa retraite à 41 ans, après trois dernières saisons passées à l’AC Milan, Zlatan Ibrahimovic laissera derrière lui un souvenir contrasté en Suède, son pays natal, où il aura été autant admiré pour ses exploits sportifs qu’abhorré pour sa personnalité arrogante.

Zlatan Ibrahimovic faisant ses adieux au public de San Siro au terme de la 38e journée de Serie A, dimanche, entre l’AC Milan et le Hellas Vérone (3-1). Gabriel Bouys/AFP

Avec beaucoup d’amour mêlé d’un soupçon de rancœur, la Suède a salué lundi la retraite de son « plus grand footballeur de l’histoire » Zlatan Ibrahimovic, enfant terrible qui a « influencé toute une nation ».

Ces sentiments mêlés résument la relation tumultueuse qui a uni la Suède et Ibrahimovic, fils d’immigrés bosniens d’une cité de Malmö devenu en 41 ans le Suédois vivant le plus connu à travers le monde, plébéien des quartiers autoproclamé « roi ».

« Le temps est venu pour moi de dire au revoir au football. » C’est sur ces mots que le Suédois a tiré, les larmes aux yeux, sa révérence, dimanche, sur la pelouse du stade de San Siro, à Milan, à l’issue de l’ultime journée de Serie A entre l’AC Milan et le He llas Vérone (3-1). Cantonné à un rôle de spectateur ces derniers mois en raisons de nombreux pépins physiques, l’annonce semblait inéluctable, bien qu’elle ait laissé pantois les supporters milanais, qui ne s’attendaient pas à un départ aussi brutal.


9 clubs, 14 titres de champion

Joueur adulé partout où il est passé, tant pour son talent que pour son aura, sa personnalité, souvent perçue comme arrogante, et sa « grande gueule » ont toujours été particulièrement clivantes dans un pays qui élève la modération et le collectif au rang de vertus cardinales.

« C’est très triste qu’il arrête. C’est la fin d’une ère », estime Mohammad Salem devant le stade du Malmö FF, où le jeune « Ibra » entama sa carrière de professionnel en 1999-2001, avant de s’envoler vers les plus grands clubs européens : l’Ajax Amsterdam, la Juventus Turin, l’Inter Milan, le FC Barcelone, l’AC Milan, le Paris Saint-Germain, Manchester United, avant de tenter l’aventure pendant deux ans aux États-Unis dans les rangs des Los Angeles Galaxy puis de finir sa carrière en faisant son retour chez les Rossoneri.

Soit un long parcours au cours duquel il aura porté les couleurs de neuf clubs différents et remporté pas moins de 14 titres de champion, mais sans jamais parvenir à soulever la reine des compétitions européennes, la Ligue des Champions, qui lui aura toujours échappé.

Le sélectionneur de l’équipe nationale, Janne Andersson, l’a adoubé « plus grand joueur suédois de tous les temps ». Celui qui avait réussi à mettre un terme à la bouderie entre Zlatan et la sélection en 2021 a rendu hommage dans un communiqué « à un athlète et un sportif hors du commun, un footballeur unique ».

Le Premier ministre conservateur Ulf Kristersson a, lui, salué « une fierté zuédoise » (sic), avec ce Z distinctif du joueur que les Suédois ont du mal à prononcer. Nul autre endroit que Malmö, où il a grandi dans le quartier difficile de Rosengård, n’incarne mieux les contradictions du personnage.

Zlatan l’a d’ailleurs dit lui-même : « Vous pouvez sortir un gars de Rosengård, mais vous ne pourrez jamais faire sortir Rosengård de lui. » La ville du sud de la Suède a du mal à lui pardonner d’avoir investi fin 2019 dans un club rival de Stockholm, un acte de trahison absolue pour celui qui était jusque-là son héros sans égal.


Statue au rancart

Installée peu de temps auparavant, la statue du joueur avait alors été vandalisée à de nombreuses reprises par des supporters du Malmö FF. Rénovée à grands frais, elle reste toujours cachée loin des regards des années plus tard, déboulonnée sine die.

« Les supporters ultras du Malmö FF ne lui pardonneront sûrement pas, mais dans mon cœur, il sera toujours un gosse de Malmö », console toutefois Anton Kallholm, un employé de 22 ans travaillant dans une école.   

Pour Johan Lund, employé municipal de 38 ans, ce que ressentent les habitants de Malmö à l’égard d’« Ibra » peut se résumer à « un mélange de haine et d’amour ». « La plupart des gens l’aiment, mais il y aura toujours des haters », explique celui pour qui le joueur a « beaucoup compté ».

C’est que la bête médiatique n’a jamais mâché ses mots, lui valant nombre de polémiques au pays du « lagom », le « juste ce qu’il faut » suédois qui commande de ne pas tomber dans l’excès.

Du côté du Malmö FF, la pilule ne semble pas encore être passée. Le club s’est contenté d’une phrase laconique et a précisé qu’il ne prévoyait ni hommage ni jubilé. « Une longue carrière couronnée de succès a commencé à Malmö et s’est terminée à Milan. Bonne chance pour la vie en dehors du foot », a écrit le club sur Twitter.

Pour Erik Niva, journaliste sportif au quotidien Aftonbladet qui a suivi toute sa carrière, Zlatan « a influencé une nation entière ».

Footballeur hors normes, le joueur symbolise aussi les changements d’une Suède devenue plus métissée et plus individualiste que lorsqu’Ibrahimovic a débuté son premier match en pro en septembre 1999. « Nous sommes passés d’une nation collectiviste à un peuple individualiste. Et personne n’a été plus important dans ce changement que Zlatan Ibrahimovic », estime le chroniqueur.

Source : AFP
Avec beaucoup d’amour mêlé d’un soupçon de rancœur, la Suède a salué lundi la retraite de son « plus grand footballeur de l’histoire » Zlatan Ibrahimovic, enfant terrible qui a « influencé toute une nation ».

Ces sentiments mêlés résument la relation tumultueuse qui a uni la Suède et Ibrahimovic, fils d’immigrés bosniens d’une...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut