Le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, a appelé samedi les pays arabes à "aider le Liban à tenir un dialogue interne", dans des propos tenus au lendemain du 32e sommet de la Ligue arabe à Djeddah, en Arabie saoudite, au cours duquel l'institution panarabe a appelé "toutes les parties libanaises à dialoguer" pour élire un chef de l'État, le pays étant englué dans une impasse politique depuis la fin du mandat de l'ex-président Michel Aoun en octobre 2022.
"Pas besoin d'un nouveau Taëf"
"Les Libanais ne se sont pas entraidés. Nous avons besoin de dialogue. Si les Libanais s'étaient entraidés, ils auraient pu choisir un président de la République", a souligné M. Mikati dans un entretien aux chaînes al-Arabiya et al-Hadath. Il a ainsi appelé les "frères arabes à aider le Liban à tenir un dialogue interne", et estimé que le Liban n'a "pas besoin d'un nouvel accord de Taëf, mais de continuer d'appliquer l'ancien accord" conclu en 1989 sous les auspices de l'Arabie saoudite pour mettre fin à 15 ans de guerre civile.
Le chef du gouvernement a aussi insisté sur le fait que "le Liban a besoin du soutien financier de ses frères arabes", notant que "si le pays avait un président, la situation aurait été de loin meilleure". "Le Liban est toujours malade. Il a besoin de ses frères arabes pour guérir", a-t-il dit. Sur le plan régional, M. Mikati a affirmé que "tout accord politique dans la région aura des répercussions au Liban".
Dans son allocution prononcée à Djeddah, Nagib Mikati a estimé vendredi que la crise que traverse son pays "s’est complexifiée davantage avec la vacance présidentielle", incitant Riyad à "soutenir ses frères au Liban" et à "aider à le relever". À ce sujet, la Ligue arabe a appelé, dans la déclaration finale du sommet, "toutes les parties libanaises à dialoguer" pour élire un nouveau chef de l'État.
Les députés libanais ont en effet échoué à élire un nouveau président, faute de consensus sur un candidat comme cela est de coutume au Liban. Si le tandem chiite Amal-Hezbollah a officialisé son soutien au chef du courant des Marada Sleiman Frangié, qui se heurte toutefois à un veto chrétien, le camp de l'opposition semble pour sa part encore divisé. Riyad a fait savoir qu'il n'avait de veto contre aucun candidat à la présidentielle, appelant toutefois au consensus.
"Responsabilité collective"
De son côté, le mufti de la République, Abdellatif Deriane, plus haute instance sunnite au Liban, a estimé samedi que "la solidarité arabe avec le Liban incite les Libanais à élire un président de la République le plus rapidement possible", selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Pour lui, "le pays ne peut plus tenir ni continuer (de la sorte) sans l'élection d'un président, la formation d'un nouveau gouvernement, l'activation du travail des institutions et le retour de la stabilité politique, économique et sociale". "Il s'agit d'une responsabilité collective qu'il incombe aux députés et aux responsables d'assumer", a plaidé le mufti, réputé proche de l'Arabie saoudite.
Le chewing-gum du chef de la diplomatie
Samedi également, la délégation libanaise au sommet arabe a fait parler d'elle sur les réseaux sociaux. La cause ? Une vidéo devenue virale et dans laquelle on peut voir le ministre libanais sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib en train de mâcher un chewing-gum, alors qu'il est assis derrière Nagib Mikati, pendant que celui-ci prononçait son discours. Selon les images qui circulent, on aperçoit l'ambassadeur du Liban en Arabie, Faouzi Kabbara, tapoter l'épaule du ministre Bou Habib, avant de lui glisser un mot écrit sur un papier. M. Bou Habib lit la note, et jette immédiatement ce qu'il mâchait. Cette scène, capturée par les caméras et diffusée en direct, a suscité l'indignation de certains internautes qui ont estimé que l'attitude de M. Bou Habib porte atteinte à l'image du Liban.
يلي ورا هو وزير الخارجية اللا مُحترم عبدالله بو حبيب طقيق الحنك في #قمة_جدة ناتع علكة البابل غام بنيعو يلي بيصير وزنها نص كيلو بس تعلكها و قاعد مع قادة العالم ضمن الوفد اللبناني ونيعو عم يطلع متر طلوع متر نزول حتى اضطرّوا يقولوله يتفضل يشيل العلكة، هيك ناس ما بتمثّل لبنان الأرز! pic.twitter.com/hEmZuFsIdz
— Elio Maalouf (@ElioMaalouf) May 19, 2023
Le 32e de la Ligue arabe sommet était le premier depuis la restauration des liens diplomatiques entre l'Arabie saoudite et l'Iran en mars dernier. Le président syrien Bachar el-Assad, qui a été réintégré dans la Ligue arabe après en avoir été écarté pour sa répression de manifestations ayant depuis tourné en guerre civile sanglante en 2011, a également pris part à ce sommet.
On voudrait tant un état federal
05 h 32, le 22 mai 2023