Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati a appelé vendredi les États membres de la Ligue arabe à « combiner leurs efforts » pour aider à un retour des réfugiés syriens vivant au Liban dans leur pays natal. M. Mikati a fait cette déclaration lors de son intervention au 32e sommet de la Ligue arabe, organisé à Djeddah, en Arabie saoudite. Il s'agit de la première réunion de l'organisation panarabe, depuis 2011, à laquelle participe le président syrien Bachar el-Assad, qui en avait été écarté pour sa répression de manifestations ayant depuis tourné en guerre civile sanglante.
M. Mikati a rapidement évoqué, lors de son allocution, l'impasse politique dans laquelle se trouve le Liban, qui est sans président depuis plus de six mois et dont le gouvernement est uniquement chargé de l'expédition des affaires courantes. À ce sujet, la Ligue arabe a appelé, dans sa déclaration finale du sommet, « toutes les parties libanaises à dialoguer » pour élire un nouveau chef de l'État.
"Le Liban n'a jamais hésité à ouvrir ses portes à nos frères syriens réfugiés (...). Cependant, la longue durée de la crise, l'incapacité à y faire face et la très forte augmentation du nombre de réfugiés rendent la situation insupportable pour le Liban, que ce soit en matière d'infrastructures, d'impact social et de répercussions politiques", a déclaré M. Mikati de Djeddah. Il a ajouté qu'il est du "droit naturel" de ces réfugiés de "rentrer dans leurs villes et villages".
Au Liban, la crise des réfugiés syriens a fait couler beaucoup d'encre dernièrement, avec une augmentation des expulsions et un regain de tension. Dans ce cadre, le ministre libanais sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib s'est entretenu plus tôt dans la semaine en Arabie saoudite avec son homologue syrien, Fayçal Moqdad, au sujet du retour des réfugiés syriens et de la lutte contre la contrebande de drogue dans la région.
Situation complexe
Dans son discours, M. Mikati a par ailleurs rappelé la "complexité" de la situation libanaise, "notamment avec une vacance au niveau de la présidence et les difficultés concernant l'élection d'un nouveau chef de l'Etat".
Il a en outre affirmé que le Liban "combat les exportations de drogue" vers les "pays-frères", alors que depuis plusieurs années, les pays du Golfe reprochent à Beyrouth d'être une plaque tournante pour le narcotrafic, après la saisie de nombreuses cargaisons de drogue. Plusieurs monarchies du Golfe avaient d'ailleurs provisoirement suspendu leurs relations diplomatiques et échanges commerciaux avec le Liban, en signe de protestation, entre octobre 2021 et avril 2022.
Nagib Mikati a aussi appelé l'Arabie saoudite à "soutenir ses frères au Liban" et à aider à "relever le pays". Il a finalement appelé les touristes étrangers et arabes à venir passer leurs vacances d'été au Liban, alors que depuis plusieurs années,les ressortissants du Golfe évitent le pays pour des raisons de sécurité.
"Les aspirations des Libanais"
A l'issue de la réunion, après que tous les représentants des Etats membres ont eu pris la parole, le communiqué final du sommet, la Déclaration de Djeddah, a été publié. Ce texte appelle à "la solidarité" avec le Liban et exhorte "toutes les parties libanaises à dialoguer pour élire un président de la République qui répond aux attentes des Libanais et régularise le travail des institutions constitutionnelles". La déclaration insiste également sur la mise en oeuvre des réformes réclamées depuis des années par la communauté internationale pour sortir le Liban de la crise. Ces réformes sont notamment réclamées par le Fonds monétaire international pour débloquer une aide au pays du Cèdre.
De manière plus générale, la Déclaration réclame de "mettre un terme aux ingérences extérieures dans les affaires internes des pays arabes" et "le refus total de tout soutien aux groupes et milices armées non-étatiques".
Au Liban, le Hezbollah, qui est soutenu par l'Iran, est la dernière milice à ne pas avoir rendu les armes après la guerre civile et l'accord de Taëf (1989). Le parti chiite est également impliqué dans le conflit en Syrie aux côtés du président syrien, et est accusé de soutenir également les rebelles houthis du Yémen.
Ce sommet était le premier depuis la restauration des liens diplomatiques entre l'Arabie saoudite et l'Iran.
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19 h 16, le 19 mai 2023