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Économie - Conjoncture

L’économie du cash pèse 10 milliards de dollars au Liban

Selon la Banque mondiale, les dépenses des touristes non libanais ont baissé, passant de 1,46 milliard de dollars à 1,18 milliard. 

L’économie du cash pèse 10 milliards de dollars au Liban

L’économiste en chef Dima Krayem présentant le dernier épisode du Lebanon Economic Monitor. Photo P.H.B.

C’est le mois des rapports sur l’économie libanaise. Après celui de l’Institut de la finance internationale (IFI) paru vendredi, et puis celui de Bank Audi diffusé samedi, c’est au tour de la Banque mondiale de revenir sur la conjoncture du pays à l’occasion de la parution de sa dernière revue semestrielle qui lui est consacrée, le Lebanon Economic Monitor.

Présentée au cours d’une conférence organisée à l’Université Saint-Joseph en fin de journée, cette note intitulée « La normalisation de la crise n’est pas une voie de stabilisation » consacre cette fois tout un chapitre à l’économie du cash, soit toute la portion des transactions qui se font en espèces sur le territoire libanais. La BM constate que cette économie du cash est en pleine expansion depuis le début de la crise qui a éclaté en 2019, en raison de la « faillite systémique du secteur bancaire libanais et l’effondrement de la monnaie nationale ».

Alors que le Liban ne dispose pas de données officielles la mesurant, l’organisation estime qu’elle a représenté 9,86 milliards de dollars en 2022, soit 45,7 % du PIB sur cet exercice (21,57 milliards selon nos calculs). La BM a également constaté que cette proportion a considérablement augmenté en trois ans, l’évaluant à 4,5 milliards de dollars en 2020 (14,2 % du PIB) puis 6,06 milliards en 2021 (26,2 %). L’augmentation est donc de 35 % entre 2020 et 2021, puis de 63 % entre 2021 et 2022.

Selon l’institution internationale, le développement de l’économie du cash accroît le risque de blanchiment d’argent, augmente la part de l’économie informelle et offre des créneaux plus larges à l’évasion fiscale.

Forte baisse des retraits des non-résidents

La BM donne également les différentes composantes de l’économie du cash qu’elle a pris en compte, et qu’elle a divisé en deux grandes catégories.

La première regroupe les retraits effectués par les résidents et les non-résidents à partir des comptes bancaires. Ils totalisaient 819 millions de dollars en 2022, en baisse de 35 % par rapport aux 1,261 milliards de 2021. Une grande majorité de ces retraits ont été fait au prix d’une décote par rapport à la valeur nominale des dépôts en raison des restrictions bancaires en place et que la Banque du Liban a conforté avec ses circulaires. À noter que la proportion de retraits effectués par les non-résidents parmi l’ensemble des retraits a diminué de près de la moitié. S’ils représentaient 41 % des retraits en 2021, ils n’en représentaient que 23 % en 2022, selon nos calculs.

Une deuxième grande catégorie regroupe tous les autres flux, dont :

• La masse monétaire en circulation, passée de 926 millions de dollars en 2021 à 809 millions de dollars en 2022.

• Les transferts nets de fonds, qui représentent le gros de l’économie du cash, et qui ont progressé de 4,25 milliards à 4,53 milliards de dollars.

• Les réserves de changes injectées dans l’économie, sans compter celles utilisées pour payer les importations (transférées par les canaux bancaires) ont également augmenté, de 1,81 milliard de dollars à 2,18 milliards de dollars.

• Alors que tous les indicateurs semblaient indiquer le contraire, les dépenses des touristes non libanais ont baissé, passant de 1,46 milliard de dollars à 1,18 milliard (les touristes libanais sont incorporés dans les autres catégories).

• L’aide humanitaire versée en cash a presque triplé, passant de 127,8 millions de dollars en 2021 à 340 millions en 2022.

• Enfin pour obtenir le total de 2021, la BM a retranché 3,77 milliards de dollars correspondant à la « fuite des capitaux ». Dans le rapport, la Banque mondiale explique que cette catégorie est quantifiée à partir des « erreurs et omissions dans le calcul de balance des paiements », qui traduisent selon elle un mouvement de fuite des capitaux et justifie ainsi qu’ils soient déduits du total de l’économie du cash sur l’exercice concerné.

C’est le mois des rapports sur l’économie libanaise. Après celui de l’Institut de la finance internationale (IFI) paru vendredi, et puis celui de Bank Audi diffusé samedi, c’est au tour de la Banque mondiale de revenir sur la conjoncture du pays à l’occasion de la parution de sa dernière revue semestrielle qui lui est consacrée, le Lebanon Economic Monitor.Présentée au cours...

commentaires (3)

Bonjour. Je suis dans l'embarras, avec trois containers CMA-CGM sécurisés pleins de dollars à craquer. Une âme charitable pourrait-elle m'aider à les sortir du pays ? Habib Albé. Allah maak. Merci.

Ca va mieux en le disant

23 h 10, le 17 mai 2023

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Commentaires (3)

  • Bonjour. Je suis dans l'embarras, avec trois containers CMA-CGM sécurisés pleins de dollars à craquer. Une âme charitable pourrait-elle m'aider à les sortir du pays ? Habib Albé. Allah maak. Merci.

    Ca va mieux en le disant

    23 h 10, le 17 mai 2023

  • «  Les banques zombie du Liban sont en faillites.. » Cash cash cash!

    Murad Mazen

    14 h 56, le 17 mai 2023

  • Bravo le ministere des finances. Bravo la BDL. Bravo les banques. En instaurant une economie de cash, ces canailles ont instaure une economie de blanchiment a l'echelle du pays en entier. Et aussi, une economie parallele defiscalisee.

    Michel Trad

    10 h 59, le 17 mai 2023

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