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Politique - Décryptage

Les raisons de l’optimisme de Berry au sujet de l’élection de Frangié

Les habitués de Aïn el-Tiné, ceux qui accompagnent le président de la Chambre lors de sa marche quotidienne dans la grande salle du rez-de-chaussée, confient que celui-ci se montre optimiste. Nabih Berry serait désormais convaincu de deux choses : d’abord que l’élection présidentielle devrait se dérouler avant la fin du mois de juin et ensuite que les chances du chef des Marada, Sleiman Frangié, sont plus importantes que jamais.

Toujours selon les habitués de Aïn el-Tiné, cet optimisme serait fondé sur des développements concrets, à la fois régionaux et locaux, qui poussent vers l’élection d’un président de la République dans les plus brefs délais. Nabih Berry ne cache en effet pas sa satisfaction de voir les relations syro-saoudiennes rétablies. Il attache ainsi beaucoup d’importance à la visite que devrait effectuer le président syrien à Djeddah, en marge du sommet arabe qui doit se dérouler le 19 mai. Hier, déjà, lors des réunions économiques préparatoires du sommet, le représentant saoudien a officiellement salué le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe et sa participation aux réunions prévues tout au long de la semaine. C’est, aux yeux du chef du Parlement, un véritable indice sur la volonté des deux parties d’accélérer le processus de normalisation, dans le sens d’une coordination et d’une entente sur de nombreux dossiers en suspens dans la région, dont celui de la présidentielle au Liban.

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Selon la lecture de Nabih Berry, le fait que jusqu’à présent, les Saoudiens n’aient pas encore affiché une position claire au sujet de la présidentielle ne signifie pas qu’ils s’en désintéressent. Mais plutôt qu’ils attendent le bon moment et l’interlocuteur adéquat pour en discuter avec lui. Les proches de Berry rappellent ainsi que les Saoudiens ont commencé par afficher un refus de tout candidat choisi par le Hezbollah ou proche du parti, avant de déclarer récemment qu’ils ne posent de veto sur aucun candidat. Ce qui signifie clairement qu’ils se montrent désormais plus souples. Toujours selon les proches de Berry, les Saoudiens montrent ainsi indirectement qu’ils sont prêts à discuter plus sérieusement des candidats, alors qu’auparavant, ils ne voulaient pas entrer dans les noms. À lui seul, ce changement de position peut être considéré comme un pas vers l’acceptation de la candidature de Sleimane Frangié. Mais, toujours selon les mêmes sources, les Saoudiens préféreraient ne pas en parler avec les parties libanaises, considérant que la présidentielle devrait faire partie des dossiers régionaux en suspens qui se règlent dans le cadre de dialogues bilatéraux, entre Riyad et Téhéran dans un premier temps et ensuite entre le royaume et la Syrie. C’est pourquoi, selon ses proches, Nabih Berry attache beaucoup d’importance aux entretiens qui devraient avoir lieu à la fin de la semaine entre le prince héritier Mohammad ben Salmane et le président Bachar el-Assad. Ce dernier pourrait alors clairement évoquer la candidature de Frangié et MBS pourrait l’accepter. En d’autres termes, les milieux de Aïn el-Tiné considèrent que le changement actuel dans la position saoudienne à l’égard du dossier présidentiel pourrait être un prélude à une acceptation au moins tacite de la candidature du chef des Marada, dans le cadre d’un accord avec la Syrie.

Sur le plan interne, les proches de Berry estiment que l’absence de veto saoudien a constitué un signe d’encouragement pour certains députés hésitants, et qui se considèrent proches de l’influence saoudienne, pour se rapprocher de l’option Frangié. Nabih Berry, qui gère avec enthousiasme l’opération destinée à faire le plein de voix favorables à Frangié, estimerait ainsi que ce dernier se rapproche des 65 votes requis pour être élu. Comme le précise l’un de ses proches, le chef du Parlement se charge de trouver les voix nécessaires et laisse au Hezbollah la question du quorum des deux tiers (86 députés) pour la tenue de la séance.

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Or, après une rupture quasi totale de quelques mois, le dialogue doit reprendre aujourd’hui entre le chef du CPL Gebran Bassil et l’émissaire du Hezbollah Wafic Safa. Les milieux proches de Aïn el-Tiné accordent beaucoup d’importance à cette démarche et vont jusqu’à dire qu’elle pourrait constituer les prémices d’un scénario en faveur de l’élection de Sleiman Frangié. Bassil pourrait ainsi assurer le quorum requis, la situation interne du pays étant devenue intenable tandis que les institutions de l’État sont en train de s’effondrer. Pour les proches de Nabih Berry, cette position suffirait à elle seule à assurer l’élection de Sleiman Frangié et sauverait en même temps la face au CPL, quel que soit le vote des membres du bloc du Liban fort. Si ce scénario échoue, les proches de Aïn el-Tiné n’écartent pas la possibilité de tenter un dialogue avec les Forces libanaises, toujours dans le même but. Mais ils considèrent qu’il ne sera probablement pas nécessaire d’en arriver là.

Aussi convaincante que puisse être cette lecture, elle repose essentiellement sur le dialogue entre l’Arabie saoudite et la Syrie. Toutefois, ces deux acteurs régionaux ne sont pas les seuls à influer au Liban, et par ailleurs, il n’est pas sûr, à ce stade, que Bachar el-Assad demande à son interlocuteur saoudien d’accepter la candidature de Sleiman Frangié. De plus, si les partis chrétiens parviennent à s’entendre sur un candidat unifié, cela pourrait pousser soit vers son élection, soit vers l’élimination des deux candidats, le leur et celui du tandem chiite, en faveur d’un troisième. Autrement dit, à ce stade, et en dépit de l’optimisme affiché par les proches de Berry, la seule certitude que l’on puisse avoir, c’est que le dossier présidentiel bouge sérieusement.

Les habitués de Aïn el-Tiné, ceux qui accompagnent le président de la Chambre lors de sa marche quotidienne dans la grande salle du rez-de-chaussée, confient que celui-ci se montre optimiste. Nabih Berry serait désormais convaincu de deux choses : d’abord que l’élection présidentielle devrait se dérouler avant la fin du mois de juin et ensuite que les chances du chef des Marada,...

commentaires (8)

Berry = Ali Baba

Eleni Caridopoulou

17 h 56, le 16 mai 2023

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Commentaires (8)

  • Berry = Ali Baba

    Eleni Caridopoulou

    17 h 56, le 16 mai 2023

  • Berry = Ali Baba

    Eleni Caridopoulou

    17 h 56, le 16 mai 2023

  • Berry et ses compères ont bradé la dignité du pays pour protéger leurs intérêts. Quelle détermination et quelle ténacité poussent ce quasi nonagénaire à ne rien lâcher.

    Hitti arlette

    16 h 23, le 16 mai 2023

  • C'est sûr, une "grande" marche quotidienne dans le salon du bas ouvre des perspectives, et permet de délivrer des remarques de haut vol...

    IBN KHALDOUN

    14 h 53, le 16 mai 2023

  • Les partis chretiens recoivent une lecon en politique. Episode 11903.

    Khoueiry Marc

    12 h 52, le 16 mai 2023

  • L'info la plus importante est que Berri fait du "trekking" dans son salon. Il escalade sans doute son fauteuil.....

    Michel Trad

    10 h 28, le 16 mai 2023

  • "...l’Arabie saoudite et la Syrie. Toutefois, ces deux acteurs régionaux..." J'adore vos raccourcis. C'est vrai que la Syrie est un poid lourd regional aux niveaux Diplomatique, Economique, Financier, Militaire et Humanitaire. J'ai oublié quelque chose ?? LooooL

    Lebinlon

    09 h 15, le 16 mai 2023

  • Une source sûre m’a affirmé que les Saoudiens sont plutôt favorables à l’élection de Gebran Bassil, le leader chrétien le plus fort, le plus populaire, le plus compétent et surtout le plus charismatique. Mais la Rhodésie et le Congo Belge s’y opposent. Donc il ne reste plus que l’autre leader qui possède aussi toutes ces qualités, Sleimane Frangieh mais l’Education Nationale s’y oppose car il n’a pas réussi au BEPC malgré la session de rattrapage de septembre. Son plus haut diplôme est, selon cette source sûre, le certificat de baptême.

    Lecteur excédé par la censure

    06 h 52, le 16 mai 2023

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