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« Isekai », des dessins animés japonais aidés par l’essor des plateformes

« Isekai », des dessins animés japonais aidés par l’essor des plateformes

Cette photo, prise le 25 mars 2023, montre des personnes vêtues de tenues de héros de dessins animés posant pour une photo alors qu’elles assistent au plus grand événement de l’industrie de l’animation japonaise, au Tokyo Big Sight. Richard A. Brooks/AFP

Être renversé par un camion et précipité dans un monde parallèle n’est probablement pas le rêve de qui que ce soit, mais cette idée est au centre d’un très populaire style de dessins animés japonais idéal pour fuir son quotidien.

Le genre « isekai » (« un autre monde » en japonais) désigne de manière large toutes les œuvres dans lesquelles le personnage principal se retrouve transporté dans un monde alternatif.

Mais un sous-genre en particulier rencontre actuellement un grand succès au Japon comme à l’étranger : celui mettant généralement en scène un personnage en difficulté, parfois présenté comme un « raté », réincarné après une mort violente en héros doté de pouvoirs.

Asa Suehira, directeur des contenus de la plate-forme de streaming d’anime Crunchyroll, dit constater un « fort appétit » pour ce genre incluant des titres comme Moi, quand je me réincarne en Slime ou Cheat Skill Level Up.

En 2021, la moitié des dix dessins animés japonais les plus regardés sur la plateforme chinoise Bilibili étaient des « isekai ».

Loin des héros des dessins animés traditionnels évoluant dans des mondes hostiles, le « isekai » met en scène des gens se sentant mésestimés et insatisfaits de leur vie. « L’état d’esprit qui prévaut dans l’« isekai » est qu’il vaut mieux être transporté dans un monde où l’on peut exceller », pense Satoshi Arima, de la maison d’édition Kadokawa.

Envie d’évasion

Ce géant nippon de l’édition publie de nombreuses œuvres « isekai » sous forme de « light novels », des romans japonais destinés à un public de jeunes adultes, dont beaucoup ont été adaptés en manga et animés.

La popularité du courant actuel d’« isekai » a commencé à s’envoler vers 2012, aidée par l’essor de plates-formes, comme Netflix ou Crunchyroll.

Ces publications plaisent particulièrement à un public de « salarymen » (employés de bureau japonais) entre 30 et 50 ans, estime M. Arima. Ils rêvent peut-être « d’un emploi où leur valeur serait mieux reconnue », et « comme ce n’est pas toujours possible, il se peut qu’ils assouvissent ce désir par procuration à travers ces romans », ajoute-t-il.

Cette forme d’évasion touche aussi un public de plus en plus féminin se reconnaissant dans des héroïnes sous-estimées « qui vivent leur vie comme elles l’entendent », pense l’éditeur.

Parmi les séries les plus populaires, Mushoku Tensei (Réincarnation sans emploi) raconte l’histoire d’un homme vierge de 34 ans au chômage, qui, après avoir été renversé par un camion, est réincarné en bébé doté de pouvoirs magiques.

Un nouveau départ

Cette année, au Salon « AnimeJapan » de Tokyo, de nombreux fans de cette série, principalement des hommes, se pressaient autour du stand où étaient présentés ces dessins animés et d’autres œuvres similaires.

« Le Japon n’est plus au mieux de sa forme, alors ce genre d’histoires me fait penser que les gens cherchent peut-être à évacuer leur stress et à s’évader », confie l’un d’entre eux, Shinya Yamada. Cela « a une fonction thérapeutique, mais c’est un peu triste », glisse ce fan de 50 ans.

La popularité du genre dans le monde entier ne cesse de croître, et une recherche sur un site de mangas donne ainsi plus de 4 000 résultats contenant « isekai » dans le titre.

Ce type d’œuvres s’est développé au point de « surpeupler » le marché, observe M. Suehira, mais celui-ci se renouvelle grâce aux nombreux sous-genres qu’il a engendrés.

Tous les récits d’« isekai » ne commencent pas par une mort violente, et si certains héros doivent triompher de violents combats pour s’en sortir ou sont transformés en monstrueuses araignées, d’autres vivent une vie relativement calme.

Cette diversité permet à l’« isekai » de séduire aussi bien ceux qui rêvent d’un mode de vie plus tranquille que ceux qui rêvent d’un peu plus d’exaltation, selon M. Suehira.

Ce genre offre un nouveau départ, « sans les regrets et les erreurs que chacun commet dans sa vie », dit-il.

Tomohiro OSAKI/AFP

Être renversé par un camion et précipité dans un monde parallèle n’est probablement pas le rêve de qui que ce soit, mais cette idée est au centre d’un très populaire style de dessins animés japonais idéal pour fuir son quotidien.Le genre « isekai » (« un autre monde » en japonais) désigne de manière large toutes les œuvres dans lesquelles le personnage...

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