Deux idées phares ont été mises en avant lors de cet entretien. La première est que le leader de Zghorta ne souhaite pas être élu président de la République sans le feu vert de l’Arabie saoudite. La seconde est qu’il est prêt à dialoguer avec les deux grandes formations chrétiennes (Forces Libanaises et Courant Patriotique libre), sous la houlette de Bkerké, afin de rapprocher les points de vue.
Voici ses principales déclarations :
A propos de sa candidature à la présidentielle et de sa possible élection :
- "Au Liban, il n'y a aucune loi qui impose qu'un candidat annonce officiellement sa candidature. Mon nom est celui qui circule le plus (...). S'il est nécessaire, j'annoncerai ma candidature (...). Se hâter n'est pas utile".
- "Je suis capable de rassembler les 65 voix nécessaires à mon élection, mais je ne pourrai pas gouverner. Il ne s'agit pas d'une bataille de quorum, il s'agit d'inclure toutes les parties.”
- "Je suis pour la formation d'un gouvernement de décisions, constitué de pôles politiques".
- "Si je me retrouve impuissant et combattu par mes alliés, je démissionnerai. Je ne dirai jamais qu'+on ne m'a pas laissé faire+" (dans une pique indirecte à l'ancien président Michel Aoun).
Pour le moment, Sleiman Frangié n’a pas officiellement annoncé sa candidature. Soixante-cinq voix sur les 128 députés votant pour la présidentielle est le minimum requis lors d'un second tour de vote au Parlement.
A propos de l’Arabie saoudite :
- "Notre position vis-à-vis de l'Arabie est connue et notre relation n'a jamais traversé de mauvaises phases".
- "Toute entente sunnite-chiite dans la région se répercutera positivement au Liban".
- " Si les Saoudiens avaient quelque chose contre moi, ils l'auraient dit clairement".
- "Je n'irai pas à une séance électorale dans laquelle je défierai l'Arabie saoudite. Je pourrai peut-être élu président mais je ne pourrai pas gouverner. C'est pour cela que je ne me hâte pas, le temps viendra".
- "Un président ne peut être élu sans une entente globale" locale et régionale.
L’Arabie saoudite semble pour le moment maintenir son veto contre le leader des Marada. Mais l’accélération de la normalisation des relations entre le royaume et le régime syrien laisse penser que les choses pourraient évoluer.
A propos du soutien de la France :
- "A Paris, je me suis entretenu avec Patrick Durel pendant une demi-heure dans un hôtel. Il m'a posé plusieurs questions avant ses réunions avec les parties saoudiennes et j'y ai répondu. Je n'ai pas fait des promesses que je ne pourrai pas tenir".
- "Un compromis est proposé par les Français concernant la présidentielle. J'estime qu'il est pragmatique et réaliste".
- "L'atmosphère (qui me parvient des Français suite à leurs discussions avec les Saoudiens) est rassurante. Le compromis n'a pas mûri, mais les échos négatifs ne me parviennent que des politiciens libanais".
"La France ne m'a pas parlé au sujet de (la désignation en tant que Premier ministre, ndlr) Nawaf Salam. Je n'ai aucun problème avec tous les noms proposés".
Sleiman Frangié s’était rendu à Paris fin mars où il s’était entretenu avec Patrick Durel, le conseiller du président pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. La France a proposé un deal incluant l’élection de Sleiman Frangié et la nomination de Nawaf Salam, ancien ambassadeur du Liban à l’Onu, au Grand Sérail.
A propos de sa relation avec Bachar el-Assad :
- "Je dispose d'une chose que beaucoup n'ont pas : la confiance du Hezbollah et de Bachar el-Assad. Je peux faire ce que les autres ne peuvent pas faire".
- "Je ne suis pas prêt à comploter contre le Liban avec la Syrie. Je n'accepterai pas que les réfugiés restent au Liban même si le président Assad l'accepte. Si je parviens à leur garantir un retour sûr, la communauté internationale n'aura plus rien à nous redire".
Sleiman Frangié s’est rendu à Damas à la mi-avril où il a rencontré Bachar el-Assad avec qui il entretient un lien d’amitié. Le leader des Marada met en avant sa relation avec le régime pour faciliter le rapatriement des réfugiés syriens. Ses propos interviennent alors que ce dossier des réfugiés syriens provoque des remous sur la scène locale, poussant les autorités libanaises à annoncer des mesures renforcées à l'encontre des déplacés.
A propos de sa relation au Hezbollah et au camp du 8 Mars :
- "Je suis issu du camp du 8 Mars. Mais je ne reçois d'ordres de personne".
- " Si je suis élu, je serai le président du camp du 8 et du 14 Mars. Des chrétiens et des musulmans. Je serai le président de tout le pays".
- "Un dialogue autour de la stratégie de défense et des armes du Hezbollah nécessite une atmosphère adéquate dans la région. Aujourd'hui, cela semble le cas. La solution passe par un dialogue pour aboutir à un règlement qui convienne aux deux parties et qui rassure les Libanais et leur garantit que cet arsenal ne sera pas dirigé contre eux".
Sleiman Frangié estime que sa relation privilégiée avec le Hezbollah pourrait lui permettre de remettre la stratégie de défense sur la table. Cette stratégie vise à trouver une solution au fait que le Hezbollah soit le seul parti qui ait conservé ses armes lourdes à la fin de la guerre civile. Le président Michel Aoun avait lui aussi promis de traiter la question mais aucune avancée concrète n’a pu être réalisée à ce sujet durant son mandat.
A propos du dialogue avec les autres partis libanais :
- "Je suis prêt à dialoguer avec le chef des Forces libanaises Samir Geagea, et je l'invite à un tête à tête à Bkerké".
- "Bkerké n'est pas loin de moi. Et je sais que le patriarche sera content si je suis élu".
-"Je ne serai le président de l'ombre de personne (en réponse à une question concernant les assurances qu'il pourrait donner au chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil). Chacun obtiendra son droit, loin de toute injustice".
Pour le moment, les FL et le CPL, qui sont les deux principaux partis chrétiens, s’opposent à l’élection de Sleiman Frangié.
commentaires (23)
En un mot, il se croit aux portes de la magistrature suprême juste parce qu’il est l’allié du Hezbollah et de Bachar. Il n’a vraiment rien compris car c’est tout ce que le peuple libanais ne veux plus. Bref, un retour à la case départ.
Achkar Carlos
15 h 46, le 27 avril 2023