"La France n'a pas de candidat au Liban", a assuré hier la porte-parole du ministère des Affaires étrangères alors que Paris ferait depuis quelques semaines, selon plusieurs sources diplomatiques concordantes, la promotion d’un troc entre l’élection du zaïm de Zghorta à la présidence de la République et la nomination de Nawaf Salam, ancien ambassadeur du Liban à l’ONU et actuel juge à la Cour internationale de justice, pour former le premier gouvernement du prochain sexennat. "Il convient aux Libanais d'élire leurs dirigeants", a déclaré Anne-Claire Legendre lors d'un point presse, rappelant le message de Paris des derniers mois. Le Liban connaît une vacance du pouvoir depuis que le mandat du président Michel Aoun a expiré le 31 octobre sans accord au sein de la classe politique profondément divisée sur un successeur. "Il revient aux acteurs libanais de prendre leurs responsabilités et de sortir de l'impasse politique pour élire rapidement un nouveau président", a poursuivi la porte-parole du Quai d'Orsay, soulignant que la vacance depuis plus de six mois "pèse sur le peuple libanais au premier chef".
Le Liban connaît en effet l'une des pires crises économiques au monde depuis 1850, estime la Banque mondiale, marquée par une flambée vertigineuse des prix, une dégringolade historique de la devise nationale, une paupérisation inédite de la population et de graves pénuries. Le Fonds monétaire international exige la mise en place de réformes nécessaires pour débloquer une aide indispensable au pays. "Il s'agit d'élire un nouveau président, de former un gouvernement de plein exercice qui sera en mesure de mener les réformes dont le Liban et le peuple libanais ont urgemment besoin face à la grave crise qu'ils traversent", a également déclaré Anne-Claire Legendre. Le Quai d'Orsay a aussi souligné que la France avait "de très nombreux échanges avec les acteurs politiques libanais".
Le tandem Hezbollah-Amal soutient officiellement la candidature de Sleiman Frangié à la présidence, mais son nom n'est sorti que sur un seul bulletin au cours des onze séances parlementaires électorales organisées à cet effet. Face au chef des Marada, l'opposition appuie majoritairement la candidature de Michel Moawad, député de Zghorta. M. Frangié avait récemment été reçu à Paris pour un entretien avec Patrick Durel, conseiller de l’Élysée pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Evoquant cette rencontre il y a deux jours depuis Bkerké, le leader des Marada a affirmé avoir "répondu à certaines questions concernant (son) soutien aux réformes" monétaires, fiscales et financières réclamées par la communauté internationale et le FMI pour soutenir financièrement le Liban. "J'ai dit aux Français qu'il allait de soi que je suis en faveur des réformes. Nous soutiendrons tout gouvernement qui les mettra en œuvre", a-t-il ajouté. La question de la stratégie de défense faisait partie des "garanties" avancées par M. Frangié lors de cette réunion dans le but de convaincre la partie saoudienne d'avaliser sa candidature.
commentaires (9)
Pauvre France , mensonge à tout les niveaux
Haraoui Jean-Paul
19 h 32, le 22 avril 2023