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Culture - Rencontre

Lucien Bourjeily, entre audaces, turpitudes et réflexions...

Après une incursion remarquée dans l’univers du septième art, l’auteur, réalisateur et metteur en scène renoue avec sa passion des planches. Il présente à partir de ce soir au théâtre Monnot, « Habibet albi inti », sa dernière création, « une comédie noire épicée ». Réservée aux plus de 18 ans.

Lucien Bourjeily, entre audaces, turpitudes et réflexions...

Tarek Annich et Farah Shaer interprètent les protagonistes de « Habibet albi inti », une pièce audacieuse à plus d'un titre. Photo DR

Un homme se retrouve ligoté sur un lit, les yeux bandés et séquestré par une femme masquée qui refuse de le libérer. On ne sait rien de lui ni de sa partenaire. Pas même leurs noms. Duo amoureux ? Sadomaso ? Vengeur ?... Un mystère total enveloppe ce huis clos à la tension palpable, sur scène comme dans le public. Ce dernier sera pris, tout au long des 60 minutes de la représentation, dans les filets d’une intrigue corsée, épicée, aux rebondissements et suspense qui vont crescendo… Pour finir par dévoiler, au tout dernier moment, une vue d’ensemble de l’histoire de cette relation reconstituée comme un puzzle. Une pièce en mode intimiste, voyeuriste et haletant (sans mauvais jeux de mots) d’où le rire et l’ironie sont loin d’être exclus.

On ne vous en révélera pas d’avantage sur Habibet albi inti, cette comédie noire signée Lucien Bourjeily à l’affiche du théâtre Monnot à partir de ce soir, jeudi 20 avril et jusqu’au 7 mai. Car il s’agit de ne pas gâcher le suspense, élément fondamental de cet opus, que son auteur tient à préserver par-dessus tout. Au point qu’il envisage de demander aux spectateurs de ne pas raconter la pièce à leurs proches…

Pour mémoire

Lucien Bourjeily, l’homme pressé

« Habibet albi inti ne se limite pas à relater une relation entre deux protagonistes. Elle parle de nous tous. Car, d’une part, le duo sur scène renvoie à une multiplicité de profils et, d’autre part, l’intrigue évoque l’impact que des rapports individuels peuvent avoir sur la collectivité », consent à révéler à L’OLJ le dramaturge et metteur en scène qui suggère, ainsi, que ce qui se trame dans les chambres closes peut influer le corps social… Et vice versa.

Lucien Bourjeily, un auteur, metteur en scène et cinéaste aux œuvres toujours engagées. Photo DR

Comment en est-on arrivés là ?

Chercher à comprendre les rouages de la nature humaine et tenter de saisir ceux de la société dans laquelle on vit : voilà ce qui motive le travail artistique de Lucien Bourjeily. Voilà ce qui inspire aussi bien ses films que son théâtre. « Le questionnement est, en effet, ce qui me définit. Je m’interroge en permanence sur les raisons qui nous ont menés vers les situations que nous expérimentons actuellement, autant au niveau personnel que collectif, sur ce qui a fait qu’on en soit arrivés là, ou encore vers quoi sommes-nous en train de nous diriger... Alors bien sûr, je veux apporter du divertissement dans mes œuvres cinématographiques et théâtrales. Mais en même temps, je veux amener les spectateurs à partager mes interrogations. J’aime qu’ils sortent de la représentation ou de la séance en se posant des tas de questions… »

Lucien Bourjeily, homme de théâtre et de cinéma. Ici, lors du festival de Venise en 2021 ou était présenté son projet de court-métrage en VR « Abandon ». Photo DR

« Sortir de nos automatismes quotidiens… »

Justement, la première qui vient à l’esprit concerne l’origine de cette comédie noire au sujet plus qu’audacieux. D’où, ou plutôt de qui, s’est-il inspiré ? « D’un amalgame d’histoires entendues, observées, de faits divers lus dans la presse… Pas de mon vécu personnel en tout cas », lance-t-il malicieusement. « Cette pièce, je l’avais conçue initialement dans le cadre d’un atelier d’écriture théâtrale organisé à Beyrouth par le British Council en collaboration avec le Royal Court of London. Elle était restée dans un coin de ma tête alors que je me lançais dans d’autres projets. Au fil des années, des situations que nous avons traversées, de ma propre évolution, l’idée de base s’est développée. Et mon scénario original, nourri par cette superposition de facteurs nouveaux, s’est transformé pour aboutir à cette version plus mature. » Une version actualisée et plus en phase avec la thématique de « ce que les relations interpersonnelles reflètent de la société dans laquelle elles s’inscrivent » qu’explore inlassablement l’auteur-metteur en scène et cinéaste (furieusement) engagé. En y mettant ces ingrédients qui signent désormais la facture de ses œuvres que sont la tension, la complexité des personnages et le huis clos. Cela était le cas dans Ghada el-Eid (Heaven without people), le film que Lucien Bourjeily avait écrit et réalisé en 2017 et qui lui avait valu le Grand prix du jury au Festival du film de Dubaï. Il s’agissait alors des interactions entre les membres d’une même famille libanaise réunis autour d’un repas de fête, qui évoquaient fortement l’état explosif d’un pays chauffé à blanc…

Mais qui donc se cache sous le bandeau du protagoniste masculin de « Habibet albi inti » ? Photo DR

Cette fois, avec Habibet albi inti, brillamment interprétée par Tarek Annich et Farah Shaer, c’est sur le terrain de turpitudes nettement moins familiales que Lucien Bourjeily entraîne son public. Gageons que celui-ci en sortira tout retourné. Car ce n’est pas sans raison que Bourjeily a choisi de privilégier ici l’adaptation théâtrale. « Pour moi le théâtre est essentiel pour nous faire sortir de nos automatismes quotidiens. Il nous rappelle que nous sommes aux commandes de notre destin, qu’on peut le reprendre en main, plutôt que rester sur le mode de pilotage automatique dans nos vies », indique, un brin énigmatique, ce talentueux artiste, activiste dans l’âme. Des propos qui sonneront certainement plus justes aux oreilles des curieux d’entre vous, au sortir de la salle Act du Monnot où ont lieu les représentations… À découvrir absolument.

« Habibet albi inti » de Lucien Bourjeily avec Tarek Annich et Farah Shaer au théâtre Monnot à partir du 20 avril jusqu’au 7 mai, à 19h 30. Billets en vente à la librairie Antoine et sur www.antoineticketing.com

Un homme se retrouve ligoté sur un lit, les yeux bandés et séquestré par une femme masquée qui refuse de le libérer. On ne sait rien de lui ni de sa partenaire. Pas même leurs noms. Duo amoureux ? Sadomaso ? Vengeur ?... Un mystère total enveloppe ce huis clos à la tension palpable, sur scène comme dans le public. Ce dernier sera pris, tout au long des 60 minutes de la...

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