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Politique - Décryptage

Berry-Mikati : petites embrouilles entre alliés

Berry-Mikati : petites embrouilles entre alliés

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati lors d'un point de presse au Sérail, le 27 mars. Photo d'archives Dalati et Nohra/AFP

Officiellement, les relations entre le président de la Chambre Nabih Berry et le président du Conseil chargé des affaires courantes Nagib Mikati sont au beau fixe. De l’avis de leurs proches, leur alliance est solide et ils travaillent de concert sur la plupart des dossiers communs et sur la gestion du pays en cette période de vacance présidentielle. Toutefois, de plus en plus de questions se posent au sujet de ce « beau fixe » affiché. Derrière le soleil éclatant, il y aurait quelques nuages, ce que l’on appelle en langage courant les petites embrouilles entre alliés. La situation se résume ainsi : Mikati en aurait assez d’assumer seul les responsabilités en tant que représentant du pouvoir exécutif en l’absence d’un président de la République. Il croyait pouvoir compter sur l’aide et la coopération du président de la Chambre, mais ce dernier est en train de le laisser seul dans l’arène face aux forces politiques, notamment chrétiennes, qui l’accusent tantôt de confisquer les prérogatives du président et tantôt d’être incapable de gérer cette période délicate.

Cela a commencé avec la polémique au sujet de l’heure d’été. Cela fera bientôt un mois que cette polémique a éclaté, mais, selon ses proches, Mikati ne s’en est pas encore remis. Il est vrai qu’au-delà de la décision en elle-même, ce sont surtout les conséquences et les campagnes médiatiques locales et internationales qui ont dérangé le président du Conseil sortant. D’abord, la diffusion de la vidéo qui montre comment Berry lui a pratiquement imposé la décision a été considérée comme désobligeante pour lui. Ensuite, lorsqu’un vaste tollé a accueilli la décision de maintenir l’heure d’hiver jusqu’à la fin du jeûne du ramadan, Mikati s’est senti lâché par tous et il a dû affronter seul la campagne lancée contre cette décision. Même le patriarche maronite, qu’il a toujours ménagé et avec lequel il a toujours voulu garder de bonnes relations, s’est aligné sur les parties qui se sont opposées à la décision. L’affaire a pris une grande ampleur et même des instances étrangères – arabes et internationales – ont critiqué cette décision... Au point qu’au bout de quelques jours, Mikati a été contraint de la modifier.

Pour lui, cet épisode a été très édifiant dans sa dureté. Selon ses proches, il a soudain compris qu’il ne peut compter sur aucun soutien lorsque la grande vague de critiques est lancée. Il a donc décidé de jouer solo désormais. C’est dans ce contexte qu’est arrivée l’échéance des élections municipales qui devraient se dérouler dans deux semaines et par étapes, tout au long du mois de mai. Ses contacts avec les différentes parties lui ont montré qu’au fond, et dans le contexte actuel, il est difficile d’organiser ces élections, d’autant que la plupart des parties politiques, sauf peut-être essentiellement les Forces libanaises, ne souhaitent pas entrer dans une telle campagne alors que les services traditionnels fournis aux électeurs sont en chute libre et que la vague de mécontentement populaire à l’égard des institutions publiques, y compris les collectivités locales, augmente. Il fallait donc trouver le bon scénario pour justifier le report de ces élections. En principe, le plus logique aurait été, selon les proches de Mikati, de pousser le Parlement à voter une loi qui prévoie la prorogation du mandat des municipalités pour éviter une vacance au niveau des collectivités locales et un véritable imbroglio administratif pour les citoyens en quête d’un moukhtar ou d’autorisations diverses dans leur localité.

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Quelle n’a été la surprise de Mikati de voir que soudain, et alors qu’il était pratiquement convenu que les élections municipales n’auraient pas lieu à la date prévue et que le Parlement se chargerait du scénario de la prorogation du mandat des municipalités, les critiques ont commencé à pleuvoir sur le gouvernement, et sur lui plus particulièrement. Une vague de surenchères a aussitôt envahi les médias et c’était à qui lancerait des idées pour mettre en difficulté le président du Conseil sortant et son gouvernement. Des informations ont commencé à circuler sur le fait qu’il est possible de trouver un financement pour les élections et que donc, en évoquant la difficulté de le trouver, le gouvernement chercherait à justifier son manque d’empressement pour leur organisation.

Selon ses proches, Mikati ne voulait pas porter une nouvelle fois le chapeau d’une décision impopulaire, celle du report des élections. Il a donc attendu que le bureau du Parlement fixe pour aujourd’hui une séance plénière destinée à examiner, entre autres points à l’ordre du jour, la question du report des élections, pour décider à son tour de réunir le même jour, mais dans l’après-midi, son gouvernement. Toujours selon ses proches, Mikati aurait ainsi confié en petit comité que si le Parlement n’adopte pas ce matin une loi pour prolonger le mandat des municipalités, il compte dans sa réunion cet après-midi donner des instructions pour convoquer les collèges électoraux à la date prévue. Il voudrait ainsi mettre les autres forces au pied du mur et que chacun assume ses responsabilités. Toujours selon ses proches, cela s’adresse certes aux forces politiques qui font de la surenchère, mais surtout à son allié Berry qui, une fois de plus, le laisse faire face seul à la campagne de critiques. Toujours selon ses proches, la plupart des forces politiques, le chef du Parlement en tête, savent que le principal obstacle face à la tenue des élections municipales n’est pas tant la question du financement que celle de la disponibilité des effectifs humains qui devraient organiser les élections et les services de sécurité qui devraient en avoir la charge. Berry connaît parfaitement la situation administrative et le manque d’empressement des fonctionnaires. Pourquoi, dans ce cas, veut-il faire assumer au gouvernement et son chef la responsabilité d’un report quasiment inévitable ? Est-ce parce qu’il se sent fragilisé ou parce qu’une fois de plus, il veut tirer son épingle du jeu et ne pas prendre position sur un sujet aussi délicat ?

En principe, le message envoyé par Mikati en fixant la réunion du gouvernement le même jour que celle du Parlement est arrivé à son destinataire. Et le Parlement devrait adopter la loi du report. Mais si ce n’est pas le cas, Mikati se déclare prêt à la bataille... tout en réaffirmant son alliance indéfectible avec le président de la Chambre !

Officiellement, les relations entre le président de la Chambre Nabih Berry et le président du Conseil chargé des affaires courantes Nagib Mikati sont au beau fixe. De l’avis de leurs proches, leur alliance est solide et ils travaillent de concert sur la plupart des dossiers communs et sur la gestion du pays en cette période de vacance présidentielle. Toutefois, de plus en plus de questions...

commentaires (6)

"Berry-Mikati : petites embrouilles..." ... bof, petit article concernant de petits nains de la politique au liban. L'ère des géants est bien révolue

Wlek Sanferlou

15 h 53, le 18 avril 2023

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Commentaires (6)

  • "Berry-Mikati : petites embrouilles..." ... bof, petit article concernant de petits nains de la politique au liban. L'ère des géants est bien révolue

    Wlek Sanferlou

    15 h 53, le 18 avril 2023

  • Je ne savais pas que la relation Berri/Mikati était aussi sournoise ! merci d'avoir mis l'accent sur ce point . Ces deux lascars finiront par être la risée des libanais !

    Chucri Abboud

    15 h 06, le 18 avril 2023

  • quel superbe article. lol

    Abdallah Barakat

    13 h 12, le 18 avril 2023

  • JE SERAIS CENSURE. DONC JE NE COMMENTE PAS. HONTE A L,OLJ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 38, le 18 avril 2023

  • Bla bla bla, écrire pour écrire. A quoi bon cet article vide et semblable à l'alcool dénaturé. Sitôt versé, sitôt évaporé.

    Ca va mieux en le disant

    11 h 15, le 18 avril 2023

  • Bon ! Monsieur Mikati, il semble que vous commenciez à comprendre que vous n’avez pas la compétence pour être Premier Ministre.

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 24, le 18 avril 2023

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