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Moyen-Orient - Repère

Bahreïn boucle la réconciliation du Golfe avec le Qatar

Manama et Doha avaient annoncé mercredi le rétablissement de leurs relations diplomatiques. 

Bahreïn boucle la réconciliation du Golfe avec le Qatar

Le roi de Bahreïn Hamad ben Issa al-Khalifa accueillant l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, à son arrivée pour le 37e sommet du Conseil de coopération du Golfe, le 6 décembre 2016 à Manama. Photo AFP

C’était le dernier pays du Golfe à bouder la réconciliation avec Doha depuis la fin du blocus contre le Qatar il y a plus de deux ans. Bahreïn a signé mercredi un accord ouvrant la voie à la normalisation avec l’émirat voisin.

Les faits

• Mercredi 12 avril, en fin de journée, Bahreïn et le Qatar ont annoncé le rétablissement de leurs relations diplomatiques. L’accord a été conclu lors de discussions au siège du Conseil de coopération du Golfe en Arabie saoudite, a indiqué le ministère qatari des Affaires étrangères.

• « Les deux parties ont affirmé que cette mesure découle du désir mutuel de développer les relations bilatérales et de renforcer l’unité et l’intégration du Golfe », selon le communiqué du ministère qatari.

Le contexte

• Bahreïn, politiquement aligné sur son voisin saoudien, avait participé au blocus du Qatar mené par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite de juin 2017 à janvier 2021, également suivi par l’Égypte.

• Doha se voyait notamment reprocher ses liens jugés trop proches avec l’Iran, les deux pays entretenant des échanges commerciaux et partageant surtout le plus grand champ gazier du monde à leurs frontière maritime. Le Qatar, proche des Frères musulmans, était en outre accusé de soutien à des groupes terroristes – ce qu’il a toujours nié –, l’émirat ayant soutenu les printemps arabes de 2011.

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Doha se pliera au consensus pour le retour de Damas dans le giron arabe

• Un point particulièrement sensible pour Bahreïn, seul pays du Golfe à avoir vu naître un soulèvement populaire sur son sol à cette époque, réprimé dans le sang par le régime à l’aide des troupes saoudiennes et émiraties. Petite monarchie gouvernée par la dynastie sunnite des Khalifa, sa population est majoritairement chiite. L’Iran avait été accusé de fomenter les manifestations.

• Les relations entre les deux parties ont également été entachées de désaccords sur leur frontière maritime, Doha et Manama s’accusant régulièrement d’arrêter de façon illégale des pêcheurs de l’autre pays.

• L’annonce de cette réconciliation s’inscrit dans un contexte de détente régionale, symbolisé par l’accord historique entre l’Iran et l’Arabie saoudite conclu le 10 mars sous l’égide de la Chine. « Avec l’atmosphère apaisée régnant dans la région à la suite de la reprise des relations avec l’Arabie, on s’attend à ce que ce développement positif se produise avec d’autres pays de la région, y compris Bahreïn », avait ensuite déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani.

• La Syrie semble également être en passe de revenir dans le giron arabe, avec le rétablissement des relations syro-saoudiennes en cours et l’intention du royaume d’inviter le président Bachar el-Assad au sommet de la Ligue arabe à Riyad le 19 mai. Vendredi 14 avril, une rencontre entre les ministres des Affaires étrangères d’Irak, de Jordanie, d’Égypte et des pays du GCC est prévue dans la ville saoudienne de Djeddah au sujet du retour de Damas dans le giron arabe.

Les enjeux

• Négociée depuis janvier, la réconciliation avec Doha, qui entretient de bonnes relations avec Téhéran, pourrait contribuer à faciliter la normalisation entre Bahreïn et l’Iran. Relation au sein de laquelle les revendications territoriales n’ont jamais été tout à fait enterrées. Bahreïn avait suivi la décision de l’Arabie saoudite de rompre ses relations avec la République islamique en janvier 2016 après le saccage des missions diplomatiques saoudiennes en Iran par des manifestants suite à l’exécution du cheikh chiite saoudien Nimr al-Nimr. Trois ans plus tard, en avril 2019, un tribunal bahreïni avait condamné 139 personnes à de la prison pour terrorisme en lien avec l’Iran.

• Le site d’information Amwaj a rapporté mi-mars que des « discussions secrètes » avaient eu lieu entre les deux pays ces derniers mois. « Après la réouverture des ambassades à Téhéran et à Riyad, il y aura probablement dans une courte période une normalisation entre l’Iran et Bahreïn », écrit le média qui cite des responsables régionaux anonymes. « Il n’y a pas de problème sérieux (en suspens) entre l’Iran et Bahreïn », a ajouté l’une des sources interrogées.

• Le Qatar, qui pouvait se targuer de n’avoir fait aucune concession pour faire lever le blocus il y a deux ans, a réussi à se forger une place de médiateur sur la scène internationale tout en renforçant son image à l’étranger, notamment à travers l’organisation de la Coupe du monde 2022. Dans le Golfe, il n’a pas intérêt néanmoins à contrarier l’Arabie saoudite, qui a poussé pour la réconciliation d’al-Ula. Dernier exemple en date : malgré son refus de normaliser avec le régime syrien, le Qatar se plierait désormais au consensus arabe, a annoncé son ministère des Affaires étrangères.

C’était le dernier pays du Golfe à bouder la réconciliation avec Doha depuis la fin du blocus contre le Qatar il y a plus de deux ans. Bahreïn a signé mercredi un accord ouvrant la voie à la normalisation avec l’émirat voisin.Les faits
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