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Politique - Présidentielle

Raï complique un peu plus la tâche à Frangié

Le chef de l’Église maronite critique implicitement le récent déplacement parisien du candidat du Hezbollah, qui y avait exposé les garanties qu’il serait prêt à offrir pour convaincre Riyad de l’appuyer.

Raï complique un peu plus la tâche à Frangié

Le patriarche maronite, Béchara Raï, célébrant une messe à l’intention de la France, le lundi 10 avril 2023 à Bkerké. Photo Twitter du patriarcat maronite

Pour Pâques, le pape François a prié pour le Liban « qui est encore en recherche de stabilité et d’unité ». Au-delà de la dimension strictement religieuse, ces propos du souverain pontife sont révélateurs de la gravité de la crise politique et sociale du pays du Cèdre. Car rien ne prête à croire que les divers protagonistes sont disposés à faciliter l’élection d’un président de la République, point de départ de tout redressement. Les forces politiques hostiles au Hezbollah se disent déterminées à empêcher le parti de Dieu d’imposer son candidat à la présidence de la République. Elles affirment donc vouloir barrer la voie de Baabda au chef des Marada, Sleiman Frangié, appuyé par le tandem chiite Amal-Hezbollah, au grand dam des principaux partis chrétiens, à savoir le Courant patriotique libre, les Forces libanaises, les Kataëb, mais aussi de Bkerké, comme l’ont (de nouveau) montré les propos du patriarche maronite Béchara Raï dimanche. Tout en poursuivant son forcing pour l’élection rapide d’un chef de l’État, le prélat a en effet implicitement critiqué le chef des Marada, pour la première fois depuis le début de l’échéance. « Les dirigeants ne peuvent pas jouir indéfiniment du pouvoir s’ils ne font pas l’objet d’une confiance renouvelée, car cette confiance est la source de leur pouvoir. C’est d’un tel président de la République dont les Libanais ont besoin, afin qu’il pave le chemin vers la sortie de l’effondrement », a martelé Mgr Raï dans son homélie prononcée à l’occasion des Pâques catholiques. Poursuivant sur sa lancée, le prélat a déclaré : « Cette confiance ne peut s’obtenir du jour au lendemain, ni à travers des promesses ou des conditions qu’on lui dicte, encore moins en passant avec succès les tests que lui font subir les parties influentes sur le double plan intérieur et extérieur. » « Un président qui bénéficie de la confiance est celui qui l’a acquise à travers ses actions et ses accomplissements, indépendamment de l’élection présidentielle », a-t-il encore dit.

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« Des généralités »

Le zaïm de Zghorta s’est en effet rendu il y a une dizaine de jours à Paris pour un entretien avec Patrick Durel, conseiller du président français chargé du dossier libanais. L’occasion pour lui d’exposer les garanties qu’il serait prêt à offrir pour gagner le soutien de Riyad. Il reste que les cercles proches de M. Frangié, qui s’efforce de se forger l’image de la figure consensuelle capable de dialoguer avec tout le monde, ne se sentent pas concernés par les critiques de Mgr Raï. « Je crois que le patriarche maronite évoquait des généralités. Il ne visait pas Sleiman Frangié en particulier », commente pour L’Orient-Le Jour le ministre sortant de l’Information Ziad Makary, proche du leader des Marada. Et de faire valoir que M. Frangié entretient de « bons rapports avec Bkerké ».De son côté, le patriarcat maronite s’efforce de préserver son image d’instance religieuse qui se tient à égale distance de tous les candidats à la magistrature suprême. « Le patriarche n’a rien dit de nouveau ou de spécial. Il ne faut pas exagérer les interprétations de ses propos », se contente de commenter Mgr Boulos Sayah, proche du chef de l’Église maronite, contacté par L’OLJ. Car ce qui importe le plus à Bkerké, c’est la tenue de l’échéance dans les plus brefs délais. Un point que Béchara Raï a évoqué dimanche. Il s’est adressé aux députés en ces termes : « Sortez de votre confusion et n’attendez pas qu’on vous transmette un mot d’ordre. » Cet appel intervient à l’heure où certains médias locaux ont rapporté dimanche des informations selon lesquelles des représentants des cinq pays qui avaient pris part à la rencontre du 6 février dernier à Paris (la France, les États-Unis, le Qatar, l’Égypte et l’Arabie saoudite) se réuniront à nouveau à la fin du mois pour discuter du dossier libanais. Parallèlement, le ministre sortant de l’Information croit savoir que Sleiman Frangié sortirait bientôt de son silence « pour répondre à toutes les interrogations » autour de sa candidature.

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Mikati attaque le CPL

En attendant que l’horizon se décante, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, qui gère presque seul le pays en période de vacance présidentielle (fort du soutien du président de la Chambre, Nabih Berry), compte continuer à réunir le gouvernement en dépit d’une objection chrétienne de taille, notamment de la part du CPL dont les ministres boycottent les séances. « Le cabinet poursuivra son travail, conformément à la Constitution. Il n’est question ni de se substituer à qui que ce soit ni d’accaparer les prérogatives de quelqu’un », a déclaré M. Mikati dimanche, devant ses visiteurs. Une flèche en direction du CPL qui accuse le Premier ministre sortant de confisquer les prérogatives du chef de l’État absent. « Ceux qui s’opposent à la tenue des Conseils des ministres feraient mieux d’arrêter de bloquer la présidentielle », a ajouté M. Mikati, dans une nouvelle critique au parti orange. Sauf que le CPL n’est pas le seul à empêcher la tenue de l’échéance. Il y a aussi et surtout le Hezbollah qui orchestre le jeu de défaut de quorum auquel se livrent ses alliés du 8 Mars. Il s’agit du même Hezbollah dont seul le feu vert a permis à M. Mikati de réunir son équipe à cinq reprises depuis la fin du mandat de Michel Aoun (en octobre dernier). Un choix que le parti chiite a fait au risque de torpiller son alliance avec le CPL. 

Pour Pâques, le pape François a prié pour le Liban « qui est encore en recherche de stabilité et d’unité ». Au-delà de la dimension strictement religieuse, ces propos du souverain pontife sont révélateurs de la gravité de la crise politique et sociale du pays du Cèdre. Car rien ne prête à croire que les divers protagonistes sont disposés à faciliter l’élection...

commentaires (9)

BRAVO !! Je suis tout a fait d'accord avec vous.

TELFEIAN Odette

19 h 49, le 11 avril 2023

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Commentaires (9)

  • BRAVO !! Je suis tout a fait d'accord avec vous.

    TELFEIAN Odette

    19 h 49, le 11 avril 2023

  • Jusqu'à quand trainer ce marasme politique, économique et social, jusqu'au dernier libanais vivant ? Puisque le parlement est paralysé et incapable de faire son travail, à quand un changement de la constitution pour la déconfessionalisation du système politique libanais caduque et moribond et l'élection du président, élu, non pas par les parlementaires moribonds mais par suffrage universel et par ailleurs, sans que la présidence ne soit attribué à un maronite et le reste des postes officiels attribués à telle ou telle confession. Ce système est complètement dépassé et ne correspond plus du tout à un Liban du XXIe siècle mais est un reliquat de l'empire ottoman que nous trainons comme un boulet et une chaine au pied qui nous paralyse et nous empêche d'avancer.

    marwan el khoury

    10 h 33, le 11 avril 2023

  • L'article 65 de la constitution donne au premier ministre le droit de déclarer l'état d'urgence. Chose qu'il aurait dû faire à l'instant de la vacance présidentielle, sinon bien avant. On parle d'un effondrement catastrophique, l'état d'urgence économique étant parfaitement légitime. Jusqu’à quand l'exécutif sortira de son sommeil (?). Trois ans déjà. Et les querelles continuent. Y en a ras le bol.

    Raed Habib

    10 h 11, le 11 avril 2023

  • « Ceux qui s’opposent à la tenue des Conseils des ministres feraient mieux d’arrêter de bloquer la présidentielle ». Donc ceux qui ne s’opposent pas à la tenue des conseils des ministres peuvent continuer à bloquer la présidentielle en toute impunité effectivement. Mikati est tout autant cheval de Troie du Hezbollah que l’est Bassil et semble prendre le relai de Saad Hariri dans ce rôle là exactement de la même manière que Bassil prend le relai de Michel Aoun dans le même rôle. Si les « souverainistes » et la majorité du peuple qui les soutient continue de laisser torpiller la présidentielle SANS RIEN FAIRE alors ce conflit entre chevaux de Troie du Hezbollah et de ses maîtres va aller en s’amplifiant jusqu’à empêcher toute union entre rue chrétienne et rue sunnite qui pourtant sont autant l’une que l’autre disposées à confronter le Hezb et ses maîtres POUR PEU qu’on les mobilise correctement avec un objectif précis, le seul qui vaille, qui est d’imposer des législatives anticipées avec déclaration obligatoire de son candidat par chaque liste et élection présidentielle à la majorité simple même relative: que celui qui remporte le plus de voix soit élu même s’il n’atteint pas les 65 voix. Comme le disait notre président martyr Bachir Gémayel, parfois les problèmes complexes ont des solutions si simples qu’on refuse de les voir..

    Citoyen libanais

    06 h 51, le 11 avril 2023

  • voulez vous que quelqu un qui n à même pas achevé ses études secondaires comprenne ume phrase aussi simple?

    Zampano

    01 h 27, le 11 avril 2023

  • Chrétiens , démissionnez tous de ce cadavre politique , et faites tomber le grand balai du sérail une fois pour toutes !

    LeRougeEtLeNoir

    00 h 22, le 11 avril 2023

  • Personne n’a apparemment expliqué au pape que le président au Liban n’a presque plus de pouvoir, que ses prérogatives ont été écornées par le funeste accord de Taëf et que le sort du pays est entre les mains de Berry et Mikati .

    Hitti arlette

    22 h 00, le 10 avril 2023

  • Les milices chiites seules bloquent la tenue d'une séance parlementaire pour élire le président, tant qu'ils n'acceptent qu'un soumis qu'ils désignent. On peut affirmer que Aoun a été le dernier président après Taef.

    Esber

    19 h 35, le 10 avril 2023

  • Le candidat vendu à la Syrie et demain soumis au diktat du parti jaune et de l'Iran ne se sent pas concerné ... il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

    Zeidan

    19 h 33, le 10 avril 2023

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