L'ex-président emprisonné demande à être soigné en Pologne

L'ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili, désormais opposant emprisonné, a annoncé mardi qu'il allait saisir la Cour européenne des droits de l'homme pour être autorisé à se rendre en Pologne afin d'y être soigné.

L'état de santé de l'ancien dirigeant âgé de 55 ans n'a cessé de se dégrader ces derniers mois, en raison notamment de plusieurs grèves de la faim qu'il a suivies pour dénoncer ses conditions d'incarcérations. Ses médecins affirment que M. Saakachvili, qui pesait 115 kilos avant son arrestation, a perdu plus de 50 kilos en prison et qu'il souffre d'un empoisonnement aux métaux lourds, d'une anorexie et d'une cachexie.

Dans une lettre transmise mardi à l'AFP, l'ex-président géorgien déclare qu'il va "se tourner dans les prochains jours vers la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg (est de la France) pour faire en sorte d'être autorisé à être hospitalisé en Pologne". Le gouvernement géorgien "n'autorise pas les médecins polonais à venir me voir à l'hôpital" à Tbilissi, dénonce M. Saakchvili, qui décrit l'accès à des médecins polonais comme sa "dernière chance de survie".

Le mois dernier, un diplomate européen avait indiqué à l'AFP que des médecins polonais avaient été autorisés à examiner M. Saakachvili en Géorgie. Mais les autorités géorgiennes affirment que les avocats de l'ex-président n'ont déposé aucune requête officielle en ce sens, ce que démentent ces derniers. Plusieurs médecins ayant examiné M. Saakachvili ces derniers mois, y compris des spécialistes américains, ont fait part de leur inquiétude quant à la détérioration de son état de santé.

Un groupe de docteurs formé par le défenseur géorgien des droits humains a estimé qu'il était "impossible de soigner Saakachvili en Géorgie". Mikheïl Saakachvili a dirigé la Géorgie de 2004 à 2013, avant de s'exiler pendant huit ans à l'étranger. Il a notamment vécu en Ukraine, un pays dont il a obtenu la nationalité et où il a eu des responsabilités politiques. Rentré clandestinement en Géorgie avant des élections locales début octobre 2021, il avait été immédiatement arrêté pour purger une peine de six ans de prison pour "abus de pouvoir", prononcée par contumace en 2018.

M. Saakachvili est à l'hôpital depuis l'année dernière après avoir observé pendant 50 jours une grève de la faim pour protester contre sa détention.