Ralph Khoury, un jeune artiste immergé dans l’univers virtuel et ses avatars... Photo DR
Voir ses œuvres hissées sur les écrans LED géants de Times Square ! Ralph Khoury, alias Ginger Potter, en a rêvé… Au point d’avoir même conçu une simulation digitale montrant ses illustrations affichées sur la façade de l’iconique gratte-ciel éponyme new-yorkais. C’était il y a quelques mois, lorsque, répondant à un appel à participations lancé par le NFT.NYC – qui depuis 2019 organise un événement annuel autour du crypto-art à New York –, le jeune homme s’amusait à imaginer ses créations tout en haut de l’affiche…
Simulation montrant les œuvres de Ginger Potter à Times Square. Il en a tant rêvé... Photo DR
Un rêve en passe de devenir réalité, ses œuvres ayant été sélectionnées, avec celles d’une quarantaine d’autres artistes digitaux parmi quelque 4 000 postulants, pour illustrer aussi bien les affiches qui seront placardées sur les écrans de Times Square que les tickets d’entrée numériques, en NFT*, à la grande conférence et exposition mondiale consacrée à cette technologie. Et dont la cinquième édition se tiendra du 12 au 14 avril 2023 au cœur de la Grosse Pomme, à l’Artist Village, à North Javits, Hudson Yards.
Voilà donc Ginger Potter parti rejoindre la communauté des artistes du NFT à New York pour hisser sur l’un des billboards de la plus célèbre place promotionnelle du monde son « Watcher 21 », le personnage central de sa première collection de compositions digitales mettant en scène une sorte d’avatar cosmique assis les jambes croisées dans une position d’observateur-penseur…
L’œuvre de Ginger Potter qui sera à la fois sur le ticket d’entrée, au sein de l’exposition du NFT.NYC et sur les écrans de Times Square. Photo DR
Le premier artiste libanais vendu en cryptomonnaie
Un personnage né il y a cinq ans d’un projet artistique avorté. Ralph Khoury est en dernière année d’architecture d’intérieur à l’Académie libanaise des beaux-arts (Alba) lorsqu’il est sollicité pour illustrer un livre d’art pour une maison d’édition à Dubaï. Le jeune étudiant s’y attelle et crée cette silhouette humaine futuriste sans traits distinctifs. Mais la commande tombe à l’eau et le jeune illustrateur se retrouve avec ses planches sur les bras. Quelques coups de crayon orange sur le crâne et voilà qu’il en fait son avatar poil de carotte digital qu’il s’amuse à poster sur son fil Instagram dans des sketches aux backgrounds assez psychédéliques et colorés évoquant ses états d’âme. Les followers suivent. Encouragé par ces premiers succès, il se met à décliner son personnage futuriste en avatars divers et variés et à les placer dans des situations inspirées aussi bien de son propre environnement que des événements qui font l’actualité au Liban ou dans le monde… Ces compositions digitales, qu’il s’oblige à réaliser à un rythme hebdomadaire, « pour ne pas perdre la main », dit-il, vont attirer l’intérêt d’un nombre toujours croissant d’instagrameurs, dont certains lui commandent même des versions sur toile.
L’œuvre de Ginger Potter sur le ticket d’entrée du NFT.NYC. Photo DR
De nouvelles aventures en perspective
Lorsqu’en 2021, en pleine pandémie de Covid, la virtualisation des échanges fait émerger mondialement l’intérêt pour l’art digital, le jeune architecte qui a « toujours aimé, assure-t-il, autant l’art que l’expérimentation de nouvelles techniques et technologies », surfe sur cette nouvelle vague, au point d’en devenir rapidement l’un des pionniers dans la région. Et le tout premier artiste au Liban à vendre ses œuvres numériques dans la cryptomonnaie Ethereum sur OpenSea, l’une des plus grosses plateformes de vente de NFT. « J’en ai vendu cinq collections, dont celles du “Watcher 21” et “Illustrations 21” en intégralité », indique fièrement Ginger Potter qui, jouissant désormais d’une petite notoriété dans le domaine du crypto-art, se tourne déjà vers de nouvelles aventures. En se lançant, depuis peu, dans l’animation, tout en développant une activité parallèle de conférencier promoteur des NFT – « pour aider les jeunes artistes à s’y familiariser », dit-il. Seule ombre au tableau, l’état des réseaux électrique et internet au pays du Cèdre qui impacte son travail et le pousse à envisager une installation définitive à Dubaï, où il officie déjà en tant que curateur des expositions de la plateforme NFT OasisX. Encore un talent libanais qui va chercher sous d’autres cieux la stabilité nécessaire au développement de son art…
*Les NFT, « non-fungible tokens » (jetons non fongibles), sont des biens numériques authentifiés grâce à un registre de transactions transparent et irréversible : la blockchain.
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