
Le président du Parlement Nabih Berry recevant la sous-secrétaire d’État américaine chargée du Proche-Orient Barbara Leaf, hier à Aïn el-Tiné. Photo AFP
Suractivité diplomatique à Beyrouth. Dernière visite en date, celle de Barbara Leaf, la sous-secrétaire d’État américaine chargée du Proche-Orient, arrivée hier à Beyrouth dans le cadre d’une tournée de la région. Une visite scrutée avec attention par les observateurs, d’autant que Mme Leaf a représenté les États-Unis à la réunion de Paris sur le Liban, en février dernier, aux côtés de diplomates français, saoudiens, qataris et égyptiens. Sa visite intervient moins de 24 heures après celle d’une délégation iranienne conduite par Kamal Kharazi, ancien ministre et directeur du Conseil stratégique pour les affaires étrangères, dans un contexte de rapprochement entre Téhéran et Riyad, deux puissances régionales rivales qui mènent une guerre d’influence à Beyrouth depuis de nombreuses années.
« Qu’attendez-vous ? »
La diplomate américaine a eu un emploi du temps chargé hier. Elle a rencontré le président de la Chambre Nabih Berry, le Premier ministre sortant Nagib Mikati, le ministre sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib ainsi que le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, avant de dîner avec des députés sunnites ou issus de la contestation. Selon une figure politique de l’opposition, Mme Leaf n’a pas programmé de rencontres avec des représentants des deux principaux blocs chrétiens (le Courant patriotique libre de Gebran Bassil et les Forces libanaises de Samir Geagea) ou de l’Église maronite. Signe de désintérêt pour l’élection du prochain chef de l’État ? « Les Américains n’allouent pas beaucoup d’énergie au dossier présidentiel au Liban, qu’ils ont depuis longtemps délégué aux Français, commente Michael Young, rédacteur en chef de Diwan, le blog du Malcolm H. Kerr Carnegie Middle East Center. De plus, Mme Leaf n’occupe pas une position de premier rang au sein de l’administration américaine. Sa visite ne devrait donc pas être porteuse d’un changement majeur de politique. »
Lors de la réunion de Paris, le groupe des Cinq avait formulé une feuille de route pour une sortie de crise au Liban, appelant à l’élection d’un président consensuel qui ne représente un défi pour aucun des protagonistes. Même son de cloche du côté de Joe Macaron, spécialiste du Moyen-Orient. « Washington ne veut afficher son soutien à aucun candidat en particulier, d’autant que les Américains ne s’opposent à aucune figure du moment qu’elle ne compromet pas leur politique au Liban, à savoir la préservation de l’armée libanaise, la refonte du secteur bancaire et l’accord maritime avec Israël », dit-il. Dans ce cadre, les entretiens de Barbara Leaf tournent autour des dossiers de la réforme. « Nos discussions ont principalement porté sur l’accord avec le Fonds monétaire international, notamment après la visite d’une délégation du FMI à Beyrouth, affirme à L’Orient-Le Jour Walid Joumblatt. Sur le scrutin présidentiel, Mme Leaf s’est contentée de nous demander ce que nous attendons pour débloquer l’échéance. “Ne capitalisez pas sur les développements à l’étranger” », nous a-t-elle conseillé. »
Et les Iraniens ?
Une référence claire à l’accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et l’Iran, signé à Pékin le 10 mars. Un accord qui, pour de nombreux observateurs, pourrait impacter la course présidentielle. Deux semaines après ce développement stratégique, Kamal Kharazi a effectué une visite libanaise lors de laquelle il a rencontré, jeudi, Nagib Mikati, Nabih Berry et, certainement, des responsables du Hezbollah. A-t-il été dépêché pour rassurer la formation pro-iranienne après la signature de l’accord de normalisation avec l’Arabie saoudite ? « La visite du diplomate iranien est vraisemblablement une façon pour Téhéran de réaffirmer sa présence au Liban et de présenter aux acteurs libanais, notamment au Hezbollah, sa vision du rapprochement avec l’Arabie saoudite », affirme Michael Young, pour qui la réconciliation entre les deux puissances de la région « n’annule pas leurs désaccords sur de nombreux dossiers, y compris au pays du Cèdre ».
Même son de cloche du côté de Kassem Kassir, un analyste informé des questions du Hezbollah. « Il s’agissait d’une occasion pour l’Iran d’expliquer son point de vue sur tous les dossiers de la région, notamment après la réconciliation avec Riyad », affirme le chercheur. Mais tout le monde n’est pas de cet avis. « La visite était prévue depuis plusieurs jours, avant la rencontre entre Téhéran et Riyad », affirme Mohammad Afif Naboulsi, porte-parole du Hezbollah. Et d’abonder : « L’objectif était simplement pour M. Kharazi, une figure intellectuelle de renom, de faire une tournée au Liban pour estimer les besoins du pays. L’Iran veut aider, c’est tout. » Joe Macaron n’établit, lui non plus, aucun lien direct entre la visite du diplomate iranien et l’accord entre les deux puissances rivales. « Dans les faits, l’Iran n’a pas besoin de M. Kharazi pour faire passer des messages au Hezbollah, d’autant que ce dernier semble convaincu que l’accord régional jouera à son avantage », suppute M. Macaron.
Suractivité diplomatique à Beyrouth. Dernière visite en date, celle de Barbara Leaf, la sous-secrétaire d’État américaine chargée du Proche-Orient, arrivée hier à Beyrouth dans le cadre d’une tournée de la région. Une visite scrutée avec attention par les observateurs, d’autant que Mme Leaf a représenté les États-Unis à la réunion de Paris sur le Liban, en février...
commentaires (6)
Est ce quelqu’un peut m’expliquer ce que les Americain construisent à Awkar sur un terrain d’au moins 1 million de m2
Liberté de penser et d’écrire
20 h 59, le 25 mars 2023