En tournée chez Deriane et Berry, Mikati appelle à la tenue d'une séance législative

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a estimé jeudi que la tenue d'une séance législative du Parlement libanais "est nécessaire (...) pour adopter des projets de réformes" dans un Liban en grave crise, dans des propos tenus après une entrevue avec le chef du Parlement, Nabih Berry. Le chef du cabinet sortant s'était auparavant entretenu avec le mufti de la République Abdellatif Deriane et avec une délégation du Fonds monétaire international (FMI) présente au Liban.

Alors qu'une réunion du bureau du Parlement était initialement prévue lundi prochain, M. Berry l'a annulée ce jeudi matin, selon une source à la Chambre. Cette réunion devait permettre de discuter de la tenue d'une séance législative de la Chambre, controversée et contestée notamment par le Courant patriotique libre (CPL, aouniste) et les Forces libanaises de Samir Geagea.

"L'élection d'un président est la solution et elle est nécessaire, de même que la tenue d'une séance du Parlement pour adopter des projets de réformes", a lancé M. Mikati après son entrevue avec Nabih Berry. Il a également insisté sur le fait que "la situation actuelle nécessite une action urgente et rapide pour sauver le pays (...). Que celui qui critique notre action aille élire un président de la République", a-t-il lancé, alors que les députés n'ont toujours pas élu de successeur à Michel Aoun malgré onze séances électorales.

Indiquant s'être entretenu avec une délégation du FMI, dans la matinée, le chef du cabinet sortant a encore indiqué "avoir discuté des diverses réformes qui doivent être adoptées" pour sortir le Liban de la grave crise économique qu'il traverse. "Nous avons trois choix : nous mettre d'accord avec le FMI, nous entendre entre nous ou ne pas nous mettre d'accord du tout. Jusqu'à présent, nous avons choisi la pire option", a-t-il conclu. Plus tôt dans la journée, Nagib Mikati s'est entretenu avec la plus haute autorité sunnite du Liban, le cheikh Abdellatif Deriane. "J'ai expliqué notre situation, à savoir que nous faisons pleinement notre devoir en tant que gouvernement", a-t-il plaidé avant de détailler : "Nous avons envoyé tous les projets de loi approuvés par le cabinet au Parlement pour qu'ils soient adoptés, afin de commencer un grand chantier de réformes".

Considéré comme démissionnaire après les élections législatives de mai 2022, le gouvernement de M. Mikati expédie les affaires courantes depuis. Mais il a, malgré l'opposition de certains partis, dont les chrétiens du CPL et des FL, réuni quatre fois son cabinet sortant. Ses détracteurs lui reprochent de vouloir s'arroger les prérogatives d'un président de la République absent, le poste étant vacant depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022.