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Culture - Initiative

2,2 millions de dollars de subventions pour relancer la vie culturelle à Beyrouth

Une assistance d’urgence sera fournie dans le cadre du projet Beryt (Réhabilitation du logement à Beyrouth et relance des industries culturelles et créatives) du bureau régional de l’Unesco, financé par la Facilité de financement du Liban (LFF) et administré par la Banque mondiale. Il bénéficiera aux artistes et institutions fragilisés par la catastrophe du 4 août.

2,2 millions de dollars de subventions pour relancer la vie culturelle à Beyrouth

L’annonce de l’appel à participation au projet Beryt a eu lieu dans les jardins du palais Sursock, bâtiment lui-même soufflé par l’explosion au port et aujourd’hui en cours de rénovation avec l’aide de Li Beirut, initiative de l’Unesco et du bureau fédéral suisse de la culture. Photo DR

Relancer la vie culturelle dans la capitale libanaise. C’est par ce slogan accrocheur et porteur d’espoir que le bureau régional de l’Unesco à Beyrouth a lancé hier un appel à proposition pour le développement de productions culturelles dans les quartiers touchés par l’explosion du port de la ville le 4 août 2020. Une aide qui arrive 32 mois après la catastrophe, mais, malgré le retard, l’urgence est toujours la même. Sinon plus cruciale. La somme allouée : 2,2 millions de dollars. À partager entre les plus vulnérables – associations, collectifs et groupes d’artistes, de créateurs et de professionnels de la culture au Liban.

L’annonce a eu lieu dans les jardins du palais Sursock – bâtiment lui-même soufflé par l’explosion du port et aujourd’hui en cours de rénovation avec l’aide de Li Beirut, initiative de l’Unesco et du bureau fédéral suisse de la culture – en présence de bénéficiaires potentiels intéressés et d’experts culturels. Elle a été suivie d’une table ronde menée par Béchara Maroun et faisant intervenir le galeriste Saleh Barakat, les initiatrices du projet The Ready Hand, Zeina Raphaël et Pascale Habis, ainsi que Myriam Schuman, directrice de l’Agenda culturel, qui ont dressé un état des lieux du secteur frappé de plein fouet par l’explosion qui a fortement endommagé certains de ses quartiers urbains les plus historiques et les plus dynamiques sur le plan culturel. Des quartiers qui abritaient le hub créatif de la ville, avec sa communauté d’artistes, ses nombreux espaces culturels (galeries, cinémas, théâtres, bibliothèques, musées), ainsi que plusieurs ateliers, boutiques de designers et d’artisans.

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Avec 6 350 entreprises et environ deux milliards de dollars de revenus annuels, les industries culturelles et créatives représentaient près de 4,75 % du PIB du pays en 2015, selon l’étude sur la contribution économique des industries culturelles et créatives (ICC) au Liban de l’Institut des finances Bassel Fleyhane, financée par l’Institut français du Liban et l’Agence française de développement. Mais, depuis, l’explosion au port de Beyrouth et la crise économique sans précédent au Liban ont dramatiquement changé la donne.

« Il y a un chiffre qui circule, nous n’avons aucune confirmation là-dessus, mais on dit que 60 % des créateurs ont quitté le pays, relève Leila Rizk à L’Orient-Le Jour. Pour la consultante auprès de l’Unesco pour les industries culturelles et créatives, la priorité aujourd’hui serait donc d’assurer la relève. De faire en sorte que ceux qui restent puissent transmettre leur savoir-faire, que ce soit artisanal ou autre, à la jeunesse. » Transmettre, miser sur les jeunes (de 18 à 35 ans) « parce que c’est eux l’avenir du pays », bénéficier du savoir-faire de tous ceux qui ont réussi à faire du Liban un hub important de créativité pour parvenir à avoir 5 % du PIB dans ce domaine. Tels sont les objectifs visés par Rizk.

Selon le bureau de l’Unesco à Beyrouth, le projet Beryt (Réhabilitation du logement à Beyrouth et relance des industries culturelles et créatives) de l’Unesco – financé par la Facilité de financement du Liban (LFF), un fonds fiduciaire multidonateurs et administré par la Banque mondiale – devrait bénéficier directement à au moins 65 organisations culturelles formelles et informelles à but non lucratif et à 85 professionnels de la culture, dont 50 % de femmes et 40 % de jeunes. En outre, quelque 10 000 personnes au sein des communautés locales devraient en bénéficier indirectement. Le soutien accordera également la priorité aux demandes émanant de personnes économiquement vulnérables, de familles monoparentales, de personnes souffrant d’un handicap et de personnes âgées.

Les activités à financer sont liées à la création, la production, la distribution et l’exposition d’activités culturelles et créatives, ainsi qu’à la transmission de compétences dans les domaines des arts du spectacle, des arts visuels, y compris la photographie, des beaux-arts et de l’artisanat, du patrimoine culturel immatériel, des médias audiovisuels et interactifs, de la littérature et de la presse, ainsi que du patrimoine et du tourisme.

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« Le secteur de la création est l’un des plus durement touchés par l’explosion de Beyrouth et la crise économique, reconnaît Elena Constantinou, spécialiste du programme Culture au bureau de l’Unesco à Beyrouth, en précisant que les propositions doivent fournir une description claire de la portée de la production, de ses objectifs, des bénéficiaires directs et indirects, du public cible et de l’impact attendu, ainsi que des budgets et des calendriers détaillés. »

Revitaliser le tissu urbain et social

« La revitalisation du secteur culturel et créatif est une contribution importante à la reprise générale de Beyrouth. Le projet Beryt espère être un témoignage de la façon dont la reconstitution simultanée du tissu urbain et social à travers les deux composantes du projet peut véritablement faire revivre la vie urbaine animée de Beyrouth », déclare pour sa part Élie Mansour, responsable de l’unité de planification urbaine et de conception à UN-Habitat Liban.

Une question subsiste, toutefois : 2,2 millions de dollars seront-ils suffisants pour secourir un secteur brisé, qui n’a jamais bénéficié d’une politique culturelle digne de ce nom ?

« Les besoins sont beaucoup plus importants que ce chiffre de deux millions », reconnaît Leila Rizk. Mais pour la spécialiste qui supervise le projet Beryt, « c’est moins le chiffre de 2 millions qu’il faut regarder parce qu’il n’est pas suffisant évidemment, mais plutôt le principe de venir en aide, de mettre en lumière la capacité des Libanais à redynamiser tous ces quartiers, à créer, à les accompagner tout le long du chemin pour qu’ils puissent redonner une identité plurielle à Beyrouth ».

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À travers ce projet, l’Unesco va en effet proposer à la fois un accompagnement financier mais aussi technique, pour aider les postulants à « exprimer leurs besoins, à savoir rédiger un projet, à construire un budget. Mais aussi comment concevoir, comment avoir une vision d’intérêt général, dans le cadre du contenu d’un projet culturel. Et puis après nous allons les suivre au quotidien pour les aider à la mise en place du projet », promet Leila Rizk.

Au final, les responsables du projet Beryt s’accordent à dire que cette initiative n’est pas une « opération band-aid », pas un sauvetage ponctuel. Il s’agit de créer de nouvelles assises, de créer une nouvelle logique, martèlent-ils.

Une initiative de plus qui vient combler un tant soit peu les grandes failles laissées par un État absent, incompétent et démissionnaire.

Pour en savoir plus sur les critères d’éligibilité et les critères d’évaluation des propositions, visiter : https://www.unesco.org/en/articles/call-proposals-beryt-beirut-housing-rehabilitation-and-cultural-and-creative-industries-recovery

Date limite de réception des candidatures : 30 avril 2023 à minuit, heure de Beyrouth.

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