
Le gouverneur de la Banque centrale du Liban, Riad Salamé, à Beyrouth, en novembre 2019. Photo d'archives JOSEPH EID / AFP
L'avocat général près la cour d'appel de Beyrouth, Raja Hamouche, a engagé jeudi des poursuites contre le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, son frère Raja et son assistante Marianne Hoyek pour blanchiment d'argent, détournement de fonds et enrichissement illicite, a confirmé une source judiciaire à Reuters.
Selon une source au fait du dossier, l'affaire a été déférée devant le premier juge d'instruction de Beyrouth, Charbel Abou Samra. Cette action fait suite à 18 mois d'enquête et après qu'un autre juge s'est déjà récusé de cette affaire sans engager de poursuites.
"Innocent jusqu'à preuve du contraire"
Dans un message à l'agence Reuters, M. Salamé a une nouvelle fois rejeté les accusations lancées contre lui : "Comme je l'ai déjà affirmé, je suis innocent de tous ces motifs". Il a encore souligné que les poursuites à son encontre ne sont pas "une mise en accusation". "Je respecte les lois et le système judiciaire et je respecterai la procédure, mais comme vous le savez, je suis innocent jusqu'à ce que la justice prouve le contraire", a-t-il ajouté.
Le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé est poursuivi, au Liban et à l'étranger, dans le cadre d’enquêtes portant sur des soupçons de corruption, mais il a toujours refusé de se présenter devant la justice, clamant n'être impliqué dans aucune malversation.
Mi-février, l’avocat général près la cour d’appel de Beyrouth, Raja Hamouche, avait été chargé de prendre en main le dossier de l’enquête sur la société Forry Associates Ltd, détenue par le frère du gouverneur, Raja Salamé, et dans laquelle Riad et Raja Salamé sont poursuivis pour "enrichissement illicite, faux et usage de faux". Forry Associates aurait obtenu, entre 2002 et 2015, 330 millions de dollars de commissions sur la vente de titres financiers de la banque centrale. Le juge Hamouche a repris l'enquête qui avait été ouverte par l’avocat général près la Cour de cassation Jean Tannous, autour de cette société de courtage liée à la BDL, avant que le magistrat ne se récuse.
Raja Salamé avait pour sa part été détenu à Beyrouth en 2022 pendant un mois, à la suite d'une plainte pour enrichissement illicite et blanchiment d’argent portée par le collectif "Les pionniers de la justice", sur la base de laquelle la procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, avait demandé l'arrestation de M. Salamé, qui est également soupçonné d'implication dans des affaires immobilières en France en lien avec la BDL.
Un impact sur l'enquête européenne ?
Riad Salamé fait par ailleurs l'objet de procédures lancées par la justice européenne, notamment pour des crimes de blanchiment d’argent par le biais de l’acquisition de biens immobiliers en France, en Allemagne et au Luxembourg, mais aussi en Belgique et en Suisse. Des juges européens, qui enquêtent depuis des mois sur des malversations financières dans lesquelles le gouverneur de la BDL est suspecté d'être impliqué, se sont rendus au Liban à plusieurs reprises.
Les poursuites engagées contre Riad Salamé au Liban et l'envoi du dossier devant un juge d'instruction pourraient-elles alors entraver les procédures engagées contre lui par les procureurs européens ?
Selon Paul Morcos, directeur du cabinet Justicia, la convention de l'ONU sur la lutte contre la corruption édicte que lorsqu'un juge d'instruction dans un pays donné prend une affaire en main, il a le droit de refuser l'entraide judiciaire demandée par des enquêteurs de pays étrangers concernant cette même affaire, jusqu'à ce qu'il tranche le dossier. Dans le cas de Riad Salamé, les enquêteurs européens sont déjà au courant de nombreux éléments du dossier mais ils voulaient également recueillir la déposition du gouverneur. La convocation du gouverneur pourrait donc leur être empêchée maintenant que des poursuites ont été lancées à son encontre au Liban. Or, selon les principes du droit, avant d'émettre une décision à l'encontre d'une personne impliquée, les juges doivent l'auditionner. Sans une telle convocation, une éventuelle mise en accusation par la justice européenne pourrait de fait être entravée.
L'avocat général près la cour d'appel de Beyrouth, Raja Hamouche, a engagé jeudi des poursuites contre le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, son frère Raja et son assistante Marianne Hoyek pour blanchiment d'argent, détournement de fonds et enrichissement illicite, a confirmé une source judiciaire à Reuters.Selon une source au fait du dossier, l'affaire a été déférée...
commentaires (23)
Ce qui est étonnant et c'est habituel, c'est qu'aucun des mafieux, et même pire, aucun des prétendus vertueux et "opposants" n'est monté au créneau pour donner son avis, défendre ou condamner ce personnage maintenu au forceps par tous ceux qui ponctionnent avec lui et derrière son dos. Bel exemple de crapules et de faux justiciers , jouant tous dans la même cours et mangeant à la même table.
Citoyen
16 h 32, le 24 février 2023