S’il est encore trop tôt pour évaluer le progrès des autorités en ce qui concerne l’avancement du plan visant à améliorer l’approvisionnement en courant électrique au Liban, il semble cependant que la machine soit enfin lancée.
Après avoir annoncé le 27 janvier dernier le démarrage de la première des trois phases d’un plan visant à améliorer la production de courant à la suite du paiement de cargaisons de carburant à destination de ses centrales, Électricité du Liban a indiqué hier être sur le point d’en enclencher la seconde. Dans un communiqué, elle précise que sa production d’électricité augmentera progressivement à partir de demain pour atteindre environ 450 mégawatts (MW). Cela est supposé représenter un approvisionnement en courant de « 4 heures par jour ».
Par la suite, et en fonction des résultats de plusieurs indicateurs-clés de performance, dont certains liés aux empiétements sur le réseau national et à la collecte des factures, EDL déterminera si elle pourra passer à la troisième phase du même plan, soit atteindre la barre des 585 MW et ainsi être à même de fournir 5 heures de courant par jour sur l’ensemble du territoire. Cette capacité ne représente qu’un peu plus du tiers des 1 500 MW que l’établissement public est en mesure de fournir et qui, elles, suffisent à peine à assurer la moitié de la demande totale du pays qui se situe aux alentours de 3 000 MW.
Or, à cause de ses tarifs bas, fixés depuis 1994 sans aucune modification depuis, et de l’effondrement de la livre libanaise en raison de la crise qui sévit dans le pays depuis trois ans, EDL n’était même plus capable de s’approvisionner en carburant pour produire de l’électricité, sa seule source depuis près d’un an et demi étant le carburant assuré grâce à un accord conclu avec l’Irak et grâce auuquel elle arrive à peine à assurer une à deux heures de courant par jour.
Nouvelle tarification
Par conséquent, l’application de ce plan n’était possible qu’après l’approbation par le gouvernement sortant, le 18 janvier dernier, d’une première avance de 62 millions de dollars devant régler les deux navires de gasoil arrivés en décembre dernier et de plus 54 millions pour régler les frais d’entretien des centrales du pays. Le gouvernement avait aussi approuvé, mais cette fois sous réserve de la validation d’une commission ministérielle formée pour l’occasion, une troisième avance de 42 millions de dollars pour payer deux autres navires avec plus de 60 000 tonnes de fuel grade A et grade B dans leurs cales à destination des centrales de Jiyé (Chouf) et Zouk (Kesrouan). Et enfin, une quatrième de 142 millions de dollars pour financer des livraisons de carburant pendant le reste de cette période de transition à l’issue de laquelle le fournisseur commencera à pouvoir compter sur les rentrées d’argent liées à la collecte des factures calculées à partir des nouveaux tarifs.
Hier, à l’issue d’une réunion de cette commission ministérielle, le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad a précisé que l’entrée en vigueur de ces nouveaux tarifs se fera « d’ici à dix jours » et qu’elle surviendra après l’amélioration de l’approvisionnement en courant. Le passage à cette nouvelle phase a été rendu possible grâce à « l’engagement des ministères concernés, notamment ceux de l’Intérieur et des Municipalités, et de la Défense à fournir l’escorte sécuritaire nécessaire pour permettre aux équipes d’EDL de lever les infractions » sur le réseau, a ajouté le ministre.
Il a aussi précisé que cette commission allait demander à la Banque du Liban d’accélérer l’ouverture des crédits pour le déchargement des cargaisons des plus de 60 000 tonnes de fuel et qu’elle a approuvé la tenue d’un nouvel appel d’offres pour l’achat de 66 000 tonnes de gasoil pour augmenter la production.
Enfin, et toujours dans l’objectif d’améliorer la situation financière d’EDL, le Premier ministre sortant Nagib Mikati a adressé une note à toutes les institutions publiques (dont les administrations, les établissements ou encore les municipalités) leur demandant de régler leurs arriérés à EDL.
commentaires (7)
Harakét, bass harakét... EDL, rétablissez une collecte digne de ce nom en obtenant le paiement de vos factures et en supprimant les "fuites non-techniques" (vol d'électricité) si développées au nord, au sud et dans la bekaa. Et cessez de subventionner votre production si déficitaire. Alors, et uniquement alors, vous pourrez maintenir, investir, et augmenter vos capacités. Avant ces réformes, tout sera vain et compromis.
Ca va mieux en le disant
13 h 02, le 10 février 2023