Prison pour un YouTubeur et une Tiktokeuse après des contenus "indécents"

Un tribunal irakien a prononcé des peines de prison à l'encontre d'un Youtubeur et d'une Tiktokeuse pour des contenus jugés "indécents et portant atteinte à la pudeur et aux moeurs publiques", a annoncé mercredi un communiqué des autorités judiciaires.

Le ministère de l'Intérieur a dévoilé en janvier le lancement d'un comité chargé de faire la chasse sur les réseaux sociaux aux "contenus décadents" allant "à l'encontre des moeurs et des traditions" d'une société irakienne encore largement conservatrice et patriarcale. Une plateforme a également été mise en place pour permettre aux internautes de signaler ces publications.

Hassan Sajamah, un Youtubeur, a écopé de deux ans de prison et "Om Fahad", une Tiktokeuse suivie par plus de 23.000 utilisateurs, a de son côté été condamnée à six mois de détention, a annoncé mercredi le Conseil suprême de la magistrature, dans un communiqué.

Ces verdicts ont été prononcés par un tribunal correctionnel de Bagdad, selon la même source. Dans les deux cas ils ont été condamnés pour "la publication de plusieurs vidéos aux propos indécents et portant atteinte à la pudeur et aux moeurs publiques et leur diffusion auprès du public sur les réseaux sociaux".

Dans ses vidéos, Hassan Sajamah arrête parfois des jeunes femmes ou des jeunes hommes dans la rue pour leur poser des questions sur leur vie sentimentale, leur demander s'ils ont reçu des cadeaux de la part de leur amoureux ou amoureuse, ou les interroger sur les critères de leur partenaire rêvé.

Condamnée mardi, selon une source judiciaire, Om Fahad publie pour sa part des vidéos dans lesquelles elle apparaît souvent dans des tenues moulantes et danse sur de la musique irakienne.

Invité mardi sur le plateau de la télévision irakienne Al-Rachid, le porte-parole du ministère de l'Intérieur Saad Maan a assuré qu'à ce jour 8 personnes avaient été interpellées pour des contenus "décadents". "La question n'a rien à voir avec la liberté d'expression", a-t-il plaidé. "Il faut une structure: ces personnalités égarées ne représentent pas les Irakiens, la femme irakienne, ni la société irakienne", a-t-il assuré.

Adressant un "message" aux auteurs de "contenus décadents", il les a invité à "supprimer" leurs publications, comme preuve de "leur bonne foi". Via la plateforme mise en place par son ministère, quelque 50.000 signalements ont été fournis par le public en "quelques jours seulement", a-t-il dit.