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Politique - Présidentielle

Raï opte pour la prudence : la réunion de Paris d’abord

Le patriarche maronite temporise avant de convoquer les parlementaires chrétiens, pour éviter un échec semblable à celui de 2014.

Raï opte pour la prudence : la réunion de Paris d’abord

Le patriarche maronite Béchara Raï prononçant son homélie, dimanche dernier, à Bkerké. Photo Twitter du patriarcat maronite

Les députés chrétiens ne se réuniront pas à Bkerké dans un avenir proche. Bien qu’il ne tolère plus les atermoiements dans l’élection d’un nouveau président de la République, le patriarche maronite Béchara Raï n’est visiblement pas un adepte du principe de « l’art pour l’art ». Il ne veut donc pas hâter une réunion des parlementaires chrétiens, surtout si celle-ci ne parviendra pas ouvrir une brèche dans le mur de la présidentielle plus de trois mois après le départ de Michel Aoun le 31 octobre dernier. D’autant que les principaux leaders des partis chrétiens sont engagés dans un véritable combat de coqs dans la perspective de l’échéance. Aucun d’entre eux ne semble disposé à faire des concessions à même de faciliter l’élection du futur chef de l’État, ce qui réduit les chances de succès de la démarche du patriarche maronite, déterminé à éviter un échec comme celui enregistré en 2014, lorsqu’il a réuni les quatre principaux chefs de file chrétiens sous sa houlette sans pour autant parvenir à un accord autour de la présidentielle.

Mais telle n’est pas la seule raison de la prudence du patriarche. Tous les regards sont effet tournés vers la France dans l’attente des résultats de la réunion qui s’est tenue hier après-midi à Paris, car, comme à leur accoutumée, les protagonistes libanais se tournent vers l’étranger quand ils se retrouvent dans l’incapacité de sortir de l’impasse. À en croire plusieurs observateurs, la réunion – entre des représentants de la France, des États-Unis, de l’Arabie saoudite, du Qatar et de l’Égypte – devrait déboucher sur un nouvel appel aux protagonistes libanais de s’acquitter de leurs responsabilités et élire un nouveau président. Certes, les représentants des cinq pays ne vont pas se prononcer en faveur d’un candidat bien déterminé. Mais on s’attend à ce qu’ils dressent une sorte de feuille de route pour une sortie de crise. « Tout le monde attend les résultats de cette conférence », affirme à L’Orient-Le Jour une source haut placée à Bkerké. « De plus, le patriarche ne compte pas passer à l’acte sans garantir de bons résultats », ajoute-t-elle. Une prise de position qui intervient alors que des informations obtenues par L’OLJ font état d’un refus de certains protagonistes de prendre part à une réunion qui, à leurs yeux, n’opérera pas de percée significative. Béchara Raï temporise donc avant de convier les députés chrétiens. Mais la machine est déjà en marche et les contacts sont déjà lancés, moins d’une semaine après le sommet religieux chrétien à l’issue duquel le patriarche a été chargé de cette mission qui s’annonce difficile ou du moins délicate. « C’est parce que le sujet de la présidentielle est sensible que le patriarche estime qu’il est encore tôt de convier les parlementaires chrétiens à Bkerké », nuance cependant la susdite source. Faut-il en déduire que le prélat maronite attend lui aussi de voir un peu plus clair après la réunion de Paris ? Fort probablement, même si les milieux de Bkerké répondent par la négative.

Geagea pas très enthousiaste

Si la convocation des parlementaires chrétiens est une question de temps, les cercles proches du patriarcat semblent exclure l’éventualité d’une réunion entre Béchara Raï et les chefs de file de cette communauté. « Le patriarche s’est déjà réuni avec trois d’entre eux », rappelle un évêque proche du patriarche sous couvert d’anonymat. Il fait référence aux récents entretiens de Mgr Raï avec le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil et son principal rival présidentiel, le leader des Marada Sleiman Frangié, ainsi qu’avec le chef des Kataëb Samy Gemayel.

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Quant au chef des Forces libanaises Samir Geagea, il est entré en contact avec le patriarche durant le week-end. Selon le porte-parole du parti Charles Jabbour, M. Geagea a expliqué le point de vue de sa formation concernant la réunion de Bkerké. « Certes, il faut élire un chef de l’État. Mais il faut aussi préserver l’image et le prestige du patriarcat maronite. Il faut donc que la rencontre interchrétienne soit précédée d’un mécanisme clair qui permettrait aux participants d’appuyer le candidat qui bénéficierait du soutien de la majorité des personnalités présentes », précise M. Jabbour. Lundi, le chef des FL avait déjà donné le ton : « Nous sommes en contact permanent avec Bkerké, et personne n’est contre une réunion, mais à condition qu’elle porte ses fruits », a-t-il lancé à l’issue d’une réunion du groupe parlementaire de la République forte. « Si la (présumée) rencontre à Bkerké n’est pas susceptible de déboucher sur des résultats concrets, il vaut mieux ne pas la tenir », a-t-il encore dit, posant ainsi les conditions de sa formation à la participation à une telle rencontre.

« Empêcher les autres d’imposer leur candidat »

La démarche du patriarche intervient à l’heure où les noms de plusieurs présidentiables perçus comme consensuels circulent dans les coulisses politiques et diplomatiques. Tel est le cas du chef de l’armée Joseph Aoun qui serait le favori de plusieurs chancelleries occidentales, mais qui se heurte à un veto de taille de la part de Gebran Bassil. Que ferait donc le CPL si la rencontre de Bkerké venait à paver la voie de Baabda devant le patron de la troupe ? « Cela ne se produira pas parce que l’élection d’un militaire exige un amendement de la Constitution », tranche César Abi Khalil, député CPL de Aley et un des fidèles collaborateurs de Gebran Bassil. Le parlementaire fait référence à la Loi fondamentale qui stipule que pour élire les fonctionnaires de première catégorie à la magistrature suprême, ces derniers doivent démissionner de leur poste deux ans avant le scrutin. M. Abi Khalil assure toutefois que sa formation se rendrait à Bkerké une fois convoquée. « Gebran Bassil avait appelé Mgr Raï à prendre cette initiative depuis l’été 2022 », dit-il. « Nous participerons parce qu’il faut que les chrétiens s’entendent autour du nom du président afin d’empêcher les autres de leur imposer un candidat », poursuit le parlementaire aouniste. Une pique évidente au Hezbollah, allié de longue date du CPL, accusé par celui-ci de vouloir imposer la candidature de Sleiman Frangié. Fort de cet appui, le zaïm de Zghorta ne compte visiblement pas rendre les armes, comme il l’a fait entendre depuis la tribune de Bkerké le 26 janvier dernier. « Je doute que la réunion puisse déboucher sur un accord autour d’un candidat consensuel », affirme Tony Frangié, député Marada, à L’OLJ, comme pour exclure l’option d’une rétractation de son père. « Ce qui est sûr, c’est que nous adopterons une approche positive vis-à-vis de toute réunion sous la houlette du patriarche », souligne toutefois M. Frangié. Même son de cloche du côté des Kataëb, qui se disent favorables au « principe de toute rencontre à l’initiative du chef de l’Église maronite », pour reprendre les termes d’un député du parti qui a requis l’anonymat.

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En attendant la prochaine étape du chef de l’Église maronite, le camp du 8 Mars parrainé par le Hezbollah continue d’être sous le feu des critiques de Béchara Raï. « Ils parlent de la nécessité du dialogue pour parvenir à un candidat consensuel (à la présidence), alors que certains s’accrochent à leur propre candidat et veulent l’imposer », a-t-il tonné dans son homélie dimanche. « D’autres s’accrochent au droit de veto contre la candidature de telle ou telle personnalité qualifiée, et ils sont nombreux », a encore lancé Mgr Raï, visant cette fois-ci le CPL.

Les députés chrétiens ne se réuniront pas à Bkerké dans un avenir proche. Bien qu’il ne tolère plus les atermoiements dans l’élection d’un nouveau président de la République, le patriarche maronite Béchara Raï n’est visiblement pas un adepte du principe de « l’art pour l’art ». Il ne veut donc pas hâter une réunion des parlementaires chrétiens, surtout si...

commentaires (5)

Il faut changer la constitution les chrétiens malheureusement ne sont plus majoritaire.Il parait que les chrétiens qui partent et vendent leur maison devinez qui les achètent….

Eleni Caridopoulou

17 h 50, le 07 février 2023

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Commentaires (5)

  • Il faut changer la constitution les chrétiens malheureusement ne sont plus majoritaire.Il parait que les chrétiens qui partent et vendent leur maison devinez qui les achètent….

    Eleni Caridopoulou

    17 h 50, le 07 février 2023

  • - PATRIARCHE RAI, POUR CONTRER DES MILICES, - LES PLANS D,IMPOSER LEUR POULIN AUX CITOYENS, - ESSAYEZ DE SOUDER NOS ABSURDES NOVICES, - QUI FONT DU MAL A TOUS ; BEAUCOUP PLUS AUX CHRETIENS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 13, le 07 février 2023

  • - PATRIARCHE RAI, LE CONGRES DE PARIS, - EN MONTAGNE DE LA FABLE DE LAFONTAINE, - ACCOUCHERA, HELAS, UNE MAIGRE SOURIS. - DE S,ATTENDRE A PLUS, EST UNE ESPERANCE VAINE. = - QUAND DANS LA BERGERIE AU LIEU DE CHEFS BELIERS, - ON VOIT COMBATS DE COQS ET ENTEND BRAIMENTS D,ANES, - FAIRE DE CES NULS AU LIEU D,ANES DES ANIERS, - C,EST LES INTRONISER, SACHANT QU,ILS SONT PROFANES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 45, le 07 février 2023

  • Les Chiites ont impose leur candidat , par un coup de force aux elections, fait de batons et de carottes, sorte de chasse gardee ou eux seuls ont leur mot a dire... En revanche, les autres grands postes de l' Etat doivent obtenir l' aval des chiites pour etre eligible...Et quand je dis chiites , j'enrtends la milice !

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 45, le 07 février 2023

  • Bizarre comment et soudainement le respect de la Constitution soit a l’ordre du jour pour Gebran Bassil, lui qui a tout bafoue des le debut et a mené le Liban vers cette misère que nous vivons aujourd’hui!

    CW

    02 h 51, le 07 février 2023

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