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Société - Tremblement de terre

Après le séisme, un "risque accru" d'effondrement d'immeubles au Liban

Le ministre sortant de l'Intérieur décrète "l'état d'urgence municipale" et appelle à un recensement des dégâts. 

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Des dommages engendrés par un tremblement de terre à Tripoli, au Liban-Nord, le 6 février 2023. Photo fournie par notre correspondant Michel Hallak

Les répercussions du séisme meurtrier en Turquie et en Syrie, qui a également secoué le Liban, "ne doivent pas être prises à la légère" : la présidente de la Commission nationale de l'Immobilier, Andira Zouhairi, a tiré lundi la sonnette d'alarme quant aux "risques accrus d'effondrement" de bâtiments, qu'il s'agisse de constructions se trouvant déjà dans un état de délabrement ou d'autres endommagés suite au tremblement de terre. "La situation est dangereuse", confie l'experte à L'Orient-Le Jour, qui met également en garde contre les risques aggravés par les intempéries, dans un pays où la crise rend difficile entretien et rénovations.

Au niveau de l'Etat libanais, et pour faire face à ces risques, le ministère de l'Intérieur a décrété "l'état d'urgence municipale" et chargé le Haut-comité de secours d'élaborer un rapport détaillé sur les bâtiments endommagés.

"Bombe à retardement"
"Nous ne devons pas prendre à la légère le tremblement de terre en Turquie et ses répliques qui ont touché le Liban", prévient Mme Zouhairi, rappelant qu'avant même le séisme, "de nombreux immeubles au Liban se trouvaient déjà dans un état décrépi". L'experte rappelle que "plus de 16.200 bâtiments étaient menacés d'effondrement à travers le territoire, dont 4.000 à Tripoli (Liban-Nord) et 10.460 à Beyrouth avant les explosions au port" de la capitale, le 4 août 2020. "Après le drame du 4 Août, l'armée a inspecté 20% de la zone endommagée dans la capitale et constaté que 85.744 unités avaient été touchées : 60.018 appartements, 14.075 commerces, 5.042 entreprises, 1.173 bâtiments considérés comme faisant partie du patrimoine architectural, 962 restaurants, 82 établissements scolaires et d'éducation en général et 12 hôpitaux", poursuit-elle. "On retrouve aussi des constructions à risque dans les régions de Nabaa et Bourj Hammoud au Mont-Liban ainsi que Tyr, dans le Sud", précise-t-elle. 

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Selon l'experte, "les immeubles endommagés, notamment à la suite des secousses, constituent une bombe à retardement". "La situation est dangereuse", martèle-t-elle. "Certains dégâts peuvent ne pas être perceptibles dans l'immédiat et apparaître plus tard, tels que des fissures dans les murs", prévient-elle, appelant "les citoyens à surveiller l'état de leurs habitations". Parallèlement, le Haut-comité de secours et le ministère de l'Intérieur devraient, selon elle, effectuer un recensement minutieux des bâtiments à risque et prendre les mesures nécessaires". 

Dans l'attente de telles mesures, l'experte ne peut fournir actuellement de chiffres concernant les bâtiments qui n'étaient pas à risque et le sont depuis le tremblement de terre et le début de la tempête.  

Effondrement du toit d'un immeuble à Nahr el-Bared, au Liban-Nord, en raison des intempéries, le 6 férvier 2023. Photo fournie par notre correspondant Michel Hallak

Les violentes intempéries qui frappent le Liban depuis près d'une semaine "constituent en effet un facteur de risque supplémentaire". "La tempête et les précipitations actuelles pourraient drastiquement accélérer la catastrophe", s'alarme Andira Zouhairi, qui s'inquiète également de "l'impact de l'humidité sur les bâtiments déjà dégradés".

Pour éviter tout danger, "les citoyens doivent évacuer les bâtiments à risque et se tenir à une distance sûre" de toute structure menaçant de s'effondrer, insiste-t-elle.

"Renforcer les structures"
"Si les parties concernées ne parviennent pas à restaurer les constructions touchées, elles doivent du moins renforcer leurs structures", plaide-t-elle, notant que "les zones surpeuplées et celles comprenant des immeubles serrés sont les plus exposées au danger". "Tout incident pourrait faire courir des risques autant aux habitants qu'aux passants et aux constructions avoisinantes", souligne-t-elle, regrettant le fait que "la crise économique que traverse le Liban ait considérablement ralenti les travaux de maintenance au cours des dernières années en raison des prix exorbitants des matériaux". 

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L'experte indique par ailleurs avoir remis "la semaine dernière aux Nations Unies une lettre pour les appeler à pousser l'Etat libanais à effectuer des réformes visant à renforcer la sécurité des bâtiments endommagés". "

"Etat d'urgence municipale"
Face à ces appels à la prudence et ces avertissements, le président du Haut-comité de secours Mohammad Kheir, joint par L'Orient-Le Jour, affirme que ses équipes "n'ont pas été alertées de dégâts majeurs mais demeurent prêtes à répondre à tout appel". Il assure "coopérer étroitement" avec le ministère de l'Intérieur qui l'a chargé d'inspecter des bâtiments endommagés à la suite du tremblement de terre et des précipitations et de lui remettre un rapport détaillé.

Dans cette perspective, le ministre sortant de l'Intérieur Bassam Maoulaoui a de son côté décrété lundi "l'état d'urgence municipale" et appelé les municipalités à "recenser tout dommage aux niveaux des bâtiments et les signaler au Haut-comité de secours et à l'Unité de gestion des risques de catastrophe". Il a également chargé la police municipale dans chaque localité concernée de s'assurer que les panneaux solaires installés sur les toits sont toujours bien fixés en dépit de la tempête. "Dans le cas contraire, les habitants seront appelés à renforcer les installations ou à les désinstaller", a-t-il souligné.

Les répercussions du séisme meurtrier en Turquie et en Syrie, qui a également secoué le Liban, "ne doivent pas être prises à la légère" : la présidente de la Commission nationale de l'Immobilier, Andira Zouhairi, a tiré lundi la sonnette d'alarme quant aux "risques accrus d'effondrement" de bâtiments, qu'il s'agisse de constructions se trouvant déjà dans un état de délabrement ou...

commentaires (1)

Une éventuelle nouvelle secousse comme celle de lundi à l'aube pourrait aboutir à l'effondrement d'immeubles endommagés par la première. En Turquie, des vidéos filmées par les habitants qui se sont sauvés dans la rue juste après le séisme, ont montré après 10 minutes seulement, l'effondrement d'immeubles à la deuxième secousse. D'où, l'importance de quitter dans les minutes qui suivent un tremblement de terre.

Esber

11 h 12, le 07 février 2023

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Commentaires (1)

  • Une éventuelle nouvelle secousse comme celle de lundi à l'aube pourrait aboutir à l'effondrement d'immeubles endommagés par la première. En Turquie, des vidéos filmées par les habitants qui se sont sauvés dans la rue juste après le séisme, ont montré après 10 minutes seulement, l'effondrement d'immeubles à la deuxième secousse. D'où, l'importance de quitter dans les minutes qui suivent un tremblement de terre.

    Esber

    11 h 12, le 07 février 2023

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