
L'ambassadeur d'Arabie saoudite a rencontré jeudi le commandant en chef de l'armée libanaise Joseph Aoun. Photo tirée du site de l'armée libanaise
La machine Joseph Aoun est-elle en marche ? Après avoir reçu des signaux positifs de la part des Forces libanaises de Samir Geagea, du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt et des sunnites ex-haririens de la Modération nationale, le chef de l’armée, perçu comme un sérieux présidentiable, s’est entretenu hier avec l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban, Walid Boukhari. Si ce dernier n’a pas fait de déclarations à sa sortie de Yarzé, et qu’aucune mention explicite n’a été faite de l’élection présidentielle, l’entretien, en ce timing précis, ne saurait être purement protocolaire et pourrait être interprété comme un message d’ouverture saoudien envers le patron de l’institution militaire.
La visite de Walid Boukhari est d’autant plus symbolique qu’elle intervient à quelques jours de la réunion de Paris sur le Liban. La capitale française va accueillir lundi 6 février des représentants de la France, des États-Unis, du Qatar, de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, pour trouver les moyens d’inciter la classe politique libanaise à organiser une sortie de crise, a confirmé hier une porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, actuellement en Arabie saoudite, « a marqué sa préoccupation très vive sur le blocage que connaît le Liban en matière politique », a souligné la porte-parole, Anne-Claire Legendre, lors d’un point presse. La France a discuté avec ses partenaires saoudiens et ses autres partenaires de la région des moyens envisagés « pour inciter la classe politique libanaise à prendre ses responsabilités et favoriser une sortie de crise », a-t-elle ajouté. « Cette approche fera l’objet d’une réunion de suivi lundi avec les administrations françaises, américaines, saoudiennes, qataries et égyptiennes afin de poursuivre la coordination avec nos partenaires et trouver les moyens d’avancer », a également expliqué la porte-parole du Quai d’Orsay. Les participants espèrent, selon des informations obtenues par notre journal auprès de sources diplomatiques concordantes, arriver à une formule de compromis dans le but de mettre sur pied une feuille de route pour une sortie de crise au Liban. Ils comptent ainsi proposer aux responsables libanais un programme clair, qu’ils devront s’engager à mettre en place pour aboutir à l’élection d’un président et la formation d’un gouvernement. Si la réunion prévoit de débattre du profil du prochain président libanais, ainsi que de celui du Premier ministre, elle ne devrait pas évoquer de noms. Il reviendra aux protagonistes libanais de définir les modalités du règlement politique et de parvenir à un plan détaillé visant à mettre les réformes exigées par la communauté internationale sur les rails.
Toujours selon les mêmes sources, cette feuille de route place le chef de l’armée ainsi que le directeur régional pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord au sein du Fonds monétaire international, Jihad Azour, en tête des figures pouvant faire l’objet d’un consensus pour succéder à Michel Aoun. D’autant que les pays concernés préfèrent l’élection d’une figure centriste, partant du principe qu’il ne peut y avoir ni vainqueur ni vaincu. « Le prochain président ne peut pas être une figure politique ou affiliée à un camp, encore moins le chef d’un parti dont l’élection signifierait la victoire d’une partie sur l’autre », affirmait il y quelques jours à notre journal un diplomate occidental qui a requis l’anonymat. Et de poursuivre : « Il faut trouver une personnalité capable de communiquer avec tous les bords, que ce soit au niveau libanais ou international, et qui ne représente une menace pour aucun des acteurs libanais ».
Le plus de chances
Le nom de Joseph Aoun a été propulsé au-devant de la scène politique libanaise ces derniers jours, notamment par Walid Joumblatt. Le leader druze a annoncé avoir transmis récemment au Hezbollah une liste de noms pouvant faire l’objet d’une entente, estimant que les candidatures respectives des deux bords politiques (Michel Moawad pour le camp de l’opposition et Sleiman Frangié pour le 8 Mars) ne pouvaient pas aboutir. Parmi ces noms, outre Joseph Aoun et Jihad Azour, celui du député Salah Honein. Parallèlement, une délégation du Parti socialiste progressiste dirigée par Taymour Joumblatt déclarait, mardi depuis Bkerké, que la candidature de Joseph Aoun avait le plus de chances. Quelques jours auparavant, Walid Joumblatt avait dépêché Waël Bou Faour, député du PSP, à Riyad.
Mardi aussi, le groupe parlementaire de la Modération nationale, comprenant des députés principalement sunnites du Liban-Nord, s’est rendu à Yarzé. Ce regroupement parlementaire de figures ex-haririennes, considéré comme le meilleur représentant de la communauté sunnite, à défaut d’un véritable leadership depuis le retrait du chef du courant du Futur Saad Hariri l’année dernière, a apporté son soutien à Joseph Aoun face aux attaques de Gebran Bassil. Ce dernier s’oppose en effet à l’accession du patron de la troupe à Baabda. Mais l’autre grand bloc chrétien, celui des FL, semble prêt à soutenir le général Aoun. En effet, non seulement Samir Geagea a été l’un des premiers à évoquer son nom comme un potentiel présidentiable, il a déclaré mercredi au journal koweitien al-Raï qu’il serait prêt à voter pour lui. Le chef des Kataëb, Sami Gemayel, a également rendu visite au chef de l’armée mercredi.
La machine Joseph Aoun est-elle en marche ? Après avoir reçu des signaux positifs de la part des Forces libanaises de Samir Geagea, du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt et des sunnites ex-haririens de la Modération nationale, le chef de l’armée, perçu comme un sérieux présidentiable, s’est entretenu hier avec l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban, Walid Boukhari....
commentaires (8)
Allez-y Monsieur Boukhari et aider les libanais patriotes à choisir leur président qui convient à la situation pour nous débarrasser de tous les mafieux. C’est le moment où jamais de gagner cette bataille contre vos ennemis de toujours, les barbus , qui se trouvent dans une situation on ne peut plus embarrassante et critique tout en jouant aux plus forts, vu la situation désastreuse de leurs maîtres en Iran, de leur autre allié Poutine, et le manque des moyens pour jouer aux guerriers après leur défaite en Syrie. Qu’ attendez-vous donc pour leur donner le coup fatal sachant que c’est maintenant ou jamais. Ils tremblent à l’idée de ne plus vous faire peur et vous ne profiter pas de l’occasion en or?
Sissi zayyat
11 h 07, le 03 février 2023