Nous refermons cette couverture en direct du mouvement de protestation, à Beyrouth, contre les décisions du procureur Oueidate relatives à l'enquête sur la tragédie du 4 août 2020.
Merci de l'avoir suivi!
Cette réunion du Conseil supérieur de la magistrature visait à débattre de la révocation du juge Tarek Bitar.
Selon une source judiciaire proche du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), la réunion qui était prévue aujourd'hui n'aura pas lieu. Les membres du CSM ont quitté le palais de justice, précise cette source.
La plupart des manifestants ont quitté les abords du palais de Justice à Beyrouth.
Nous vous invitons à prendre quelques minutes pour relire ce portrait du juge Tarek Bitar, tiré de nos archives : Tarek Bitar, au nom de la loi
Selon une source judiciaire proche du parquet de cassation, les membres du CSM ne se réuniront pas tant que les manifestants et les députés sont devant le Palais de justice de Beyrouth. Toujours selon cette source, la réunion en question ne se tiendra vraisemblablement pas aujourd'hui. Mais si celle-ci a lieu, elle se focalisera sur un éventuel accord pour remplacer le juge Bitar.
Nous vous proposons de faire une petite pause, dans le flux de ce direct, pour lire le billet de Fifi Abou Dib, dont voici un extrait : "Oueidate est le procureur général près la Cour de cassation qui représente l’action publique. Autrement dit, drôle de paradoxe, les Libanais en tant que société. En réalité, toutes ses actions et réactions montrent qu’il roule pour le pouvoir, ce paquet de haine et d’intérêts imbriqués qui a placé ses pions de manière stratégique dans le plus pur style de la mafia."
Selon une source judiciaire proche du Conseil supérieur de la magistrature qui a requis l'anonymat, la réunion du CSM, prévue pour 13h initialement, n'avait toujours pas commencé peu après 14h. Interrogée sur le fait de savoir si la réunion allait quand même se tenir aujourd'hui, la source a précisé ne pas le savoir.
Session de rattrapage (si nécessaire) : tout ce que vous devez savoir sur les développements de mercredi, dans le dossier Oueidate vs Bitar, est ici
Des policiers lourdement équipés ont été déployés à l'intérieur du Palais de justice devant l'entrée du bureau du procureur général Ghassan Oueidate, alors que des manifestants en colère tentent de pénétrer dans le bâtiment, selon une photo publiée par l'agence Reuters.
Lebanese special forces barricade public prosecutor Ghassan Ouediat’s office at Beirut’s courthouse as protesters outside try to break in.
— Timour Azhari (@timourazhari) January 26, 2023
Oueidat is accused of organizing a coup against Beirut blast judge Tarek Bitar, angering families of victims. pic.twitter.com/sCxJviXCux
Le procureur général a par ailleurs déféré à l’Inspection judiciaire une copie (que L'Orient-Le Jour a consultée) de la plainte qu’il avait portée mardi contre le juge Bitar.
Le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate a adressé une note (que L'Orient-Le Jour a consultée) à son secrétariat général, ainsi qu’au greffier en chef et aux greffiers du parquet de Cassation, dans laquelle il leur interdit d’accuser réception des "décisions, mandats, notifications, commissions rogatoires, et correspondances", en somme de "tout document", qui émanerait du juge d’instruction près la Cour de justice, Tarek Bitar, en charge de l’enquête sur la double explosion au port.
Son instruction concerne tous les documents, qu’ils aient été adressés directement par le juge Bitar, ou par l’intermédiaire de toute autre autorité. M. Oueidate a motivé sa décision par le fait que le juge d’instruction "est dessaisi" de l’affaire du port, et que donc "il n’a pas qualité".
Le procureur a en outre demandé aux destinataires de son injonction d’en notifier la police criminelle, enjoignant ce service de dresser un procès-verbal de toute contravention à ce sujet.
Les forces de l'ordre ont fait usage de matraques et de gaz lacrymogènes contre les manifestants devant le ministère de la Justice, selon notre journaliste sur place. Au moins huit personnes ont été blessées, dont au moins un manifestant à la tête, toujours selon notre journaliste.
Des manifestants réussissent à forcer l'une des entrées du Palais de justice. Echauffourées avec les forces de l'ordre sur place, selon notre journaliste.
Plusieurs députés de l'opposition présents lors du sit-in ont été violentés par des gardes du corps du ministre sortant de la Justice, Henri Khoury, lors d'une réunion dans son bureau, selon des témoignages recueillis par notre journaliste Lyana Alameddine auprès de manifestants. Le député Adib Abdel Massih, proche du député de Zghorta Michel Moawad, a confirmé cela aux micros des médias. "Je demande l'arrestation immédiate de tous les gardes du corps du ministre de la Justice et la démission de ce denrier", affirme M. Abdel Massih à la MTV.
Sur Twitter, le député issu de la contestation Waddah Sadek a lui aussi affirmé avoir été violenté par les gardes du corps du ministre de la Justice.
تعرّضت للاعتداء من قبل مرافق وزير العدل الآن في مكتبه.
— Waddah Sadek - وضاح صادق (@WaddahSadek) January 26, 2023
Parallèlement, un groupe de manifestants tente de pénétrer dans l'enceinte du Palais de justice en forçant les grilles de l'un des accès.
(Photo Mohammad Yassine)
Une poignée de manifestants bloquent l'avenue Sami Solh, près du palais de justice, selon notre journaliste sur place Lyana Alameddine.
(Photo Lyana Alameddine)
"C'est comme s'ils nous tuaient encore et encore. Il n'y a ni lois ni enquête au Liban. Notre seul espoir, c'est la communauté internationale", lance Mireille Khoury, la mère d'Elias Khoury, un adolescent de 15 ans tué par l'explosion.
(Photo Joao Sousa)
"Je suis là par solidarité pour les parents des victimes", affirme Maha el-Rassi, une manifestante, à notre journaliste Lyana Alameddine. "Il faut crier haut et fort qu'il n’y a pas de justice. La clique mafieuse a gagné le premier round. C'est une mafiocratie. J’ai des larmes d’impuissance, de colère, de révolte".
(Photo Joao Sousa)
Dolly Roukoz, la sœur de Joseph Roukoz, l'une des victimes de l'explosion :
"Ils (les responsables) avaient 40 minutes pour nous sauver. Ils n’ont pas bougé. Ils nous ont laissé mourir et ne sont mêmes pas hantés par les voix des victimes", déplore-t-elle auprès de notre journaliste Lyana Alameddine.
"Aujourd’hui je suis déprimée. J’ai rêvé de mon frère hier et je l’ai vu triste. Comme s’il savait ce qui allait se passer"', ajoute-t-elle en référence aux décisions du procureur Oueidate.
(Photo Joao Sousa)
"Ce palais ne mérite même pas l'appellation de palais de justice. Il s'agit d'une clique de criminels", fustige Michel Aouad, le grand-père de la petite Alexandra Naggear, fauchée par l'explosion, et qui aurait célébré aujourd'hui son sixième anniversaire. "Le crime se poursuit à travers les juges qui sont esclaves des responsables politiques", ajoute M. Aouad.
"Heureusement qu'Alexandra n'a pas vu ce qui s'est passé hier", dit Michel Aouad, en référence aux décisions du procureur Oueidate.
(Photo Joao Sousa)
Aussitôt libéré, le chef de la sécurité du port s’envole pour les Etats-Unis. Une info à lire ici.
(Le chef du département de la sécurité au port de Beyrouth, Ziad el-Aouf, le 25 janvier 2023 à sa sortie de la prison de Rihaniyé en banlieue de Beyrouth. Photo ANWAR AMRO / AFP)
En photo : "Pour une enquête internationale", "La justice arrive", "Pour des sanctions contre les criminels du port". Voilà quelques-uns des slogans brandis par des manifestants, dont une centaine sont rassemblés devant le palais de justice de Beyrouth.
(Photo Mohammad Yassine)
L'ancien député et ex-ministre Michel Pharaon sur Twitter: "Nous sommes en présence d'un plan qui vise à briser le juge (Bitar), alors qu'on déforme l'image des institutions de l'Etat, ce qui les menace d'effondrement (...)".
Le député tripolitain et ex-ministre de la Justice Achraf Rifi, présent au sit-in, au côté d'une centaine de manifestants : "Un camp tente d’instaurer un Etat criminel", prévient-il.
"Il faut protéger le cours de l’enquête", conclut Achraf Rifi, dans une déclaration à notre journaliste Lyana Alameddine.
(Photo Mohammad Yassine)
"La décision du juge Oueidate, c'est comme s'il avait tué à nouveau nos enfants", affirme la mère de l'une des victimes du 4 août, Mohammad Ala'eddine Damaj, à notre journaliste sur place Lyana Alameddine. "Ces gens-là (les responsables) sont des criminels dépourvus de conscience. J'espère qu'ils vivront nos souffrances", ajoute-t-elle.
(Photo Joao Sousa)
Le député issu de la contestation populaire Melhem Khalaf, également présent devant le Palais de justice : "Il y a un risque que la démocratie au Liban tombe. (...) On ne peut plus prendre la religion comme prétexte", ajoute-t-il, dans une allusion à une lettre du procureur Oueidate adressée au juge Tarek Bitar dans laquelle il fait des références au Coran.
(Photo Mohammad Yassine)
Dans un communiqué, le collectif des familles des victimes a dénoncé "le coup d'Etat politique, sécuritaire et judiciaire" représenté par la décision de poursuivre le juge Bitar.
Il a fait assumer aux autorités "l'entière responsabilité de la sécurité du juge", qui se sait menacé dans un pays où les assassinats politiques sont légion.
Le député issu de la contestation populaire Marc Daou, présent devant le palais de justice : "Il est clair que le procureur général est dépourvu de conscience. Il s’était désisté de l’enquête et puis il décide de libérer tous les détenus, alors que lui-même est poursuivi dans l’enquête. Il est clair qu’il y a un complot contre les familles des victimes et contre la justice au Liban".
(Photo Mohammad Yassine)
Au programme de cette journée de protestation contre les décisions de Ghassan Oueidate :
Un rassemblement de familles de victimes à partir de 11h devant le Palais de justice de Beyrouth. Des députés issus de la contestation populaire se joignent aux manifestants.
Parallèlement, une réunion du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) doit se tenir en journée pour débattre de la révocation du juge Tarek Bitar, mais il n'est pas clair si le quorum sera atteint.
"Ni le président du CSM, Souheil Abboud, favorable à l’aboutissement de l’enquête, ni le procureur près la Cour de cassation, qui a le statut de mis en cause dans l’affaire du port, ne participeraient à une telle réunion", affirmait à L'Orient-Le Jour un magistrat sous le couvert de l’anonymat. Composé légalement de dix membres, le CSM n’en compte à l’heure actuelle que sept.
Et bien sûr, nous vous invitons à lire le texte de Fifi Abou Dib : "Tarek Bitar face à Ghassan Oueidate. Le premier représente la quête de la vérité, l’autre incarne la force. L’un sait, l’autre peut, mais jusqu’où peut-il ?"
Nous vous invitons également à lire ou relire ce portrait du juge Bitar, tiré de nos archives : Tarek Bitar, au nom de la loi
Chères lectrices, chers lecteurs,
Nous ouvrons cette couverture en direct alors que plusieurs événements sont prévus dans le sillage de la décision, mercredi, du procureur général près la Cour de cassation Ghassan Oueidate de libérer 17 personnes détenues sans jugement depuis l'explosion meurtrière du 4 août 2020. Il a aussi engagé des poursuites contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête. Ce dernier a toutefois refusé de se dessaisir de l'investigation.
Si vous avez besoin d’une séance de rattrapage plus approfondie sur les développements de la journée de mercredi concernant ce dossier, nous vous invitons à cliquer ici
Le Liban est au bord du gouffre...
Restez informés pour 1$ seulement !
Cet article est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour 1$ et accédez à une information de qualité en continu.
Vous avez déjà un compte? Connectez-vous ici
QUE LES LIBANAIS LIBRES ET QUI VEULENT QUE JUSTICE SOIT FAITE DESCENDE DANS LA RUE ET SURTOUT PROTEGENT LE JUGE BITAR. IL DOIT ETRE PROTEGE PAR LES FORCES DE SECURITE ET LE PEUPLE 24 HEURES SUR 24.
12 h 06, le 26 janvier 2023