Rien ne semble arrêter la chute spectaculaire de la livre dans un Liban en pleine crise. Dès 10h ce mercredi matin, la monnaie nationale a (encore) battu un énième record de dépréciation, s'échangeant aux alentours de 57.000LL contre le dollar sur le marché parallèle.
Dans la rue, la grogne monte depuis plusieurs jours. Ce matin n'a pas fait exception. Des sit-in ont été recensés dans le Nord et la Békaa, alors que de nombreuses stations-essence ont fermé leurs portes et que des files d'automobilistes se sont allongées devant les quelques stations qui ont dérogé à la fermeture.
Selon la plateforme en ligne Lirarate.com, le dollar s'achetait vers 14h à 57.000 LL et se vendait à 56.800 LL. Une plongée dans les abysses qui ne semble pas s'arrêter et qui a déjà provoqué des blocages de route mardi, notamment dans la banlieue de Beyrouth.
Chauffeurs de tuk-tuk en colère
Au Akkar dans le Nord, des conducteurs de tuk-tuk ont bloqué une partie de l'autoroute pour protester contre les mauvaises conditions de vie et les prix élevés, rapporte notre correspondant dans la région Michel Hallak. L'armée est intervenue et a rouvert les routes bloquées.
L'autoroute de Beddaoui a elle aussi été bloquée entre Tripoli et Miniyé, toujours dans le Nord où des camionneurs ont utilisé leurs véhicules pour fermer la voie publique. Les forces de l'ordre sont intervenues.
À Baalbeck dans la Békaa, ce sont les conducteurs de bus qui ont bloqué la voie près d'une entrée de la ville, rapporte notre correspondante Sarah Abdallah. Aucun incident sécuritaire n'a été signalé pour l'instant.
Stations fermées
Pour ne rien arranger, de nombreuses stations service ont fermé leurs portes, face à la volatilité de la livre, en attendant le nouveau barème des prix à la pompe que le ministère de l'Énergie a publié peu après 12h.
Dans le Akkar, notre correspondant rapporte que "de nombreuses stations-essence ont fermé leurs portes" dans la matinée. Les employés "ont empêché tout remplissage des réservoirs dans l'attente d'un nouveau barème de prix du ministère de l'Énergie pour protéger leurs droits, dans cette hausse rapide du dollar face à la livre", ajoute-t-il. Le carburant est donc disponible "dans les réservoirs de la plupart de ces stations" mais n'est pas délivré aux automobilistes.
À Saïda, au Liban-Sud, des files de voitures se sont formées devant les stations-essence "dans l'attente du barème des prix", rapporte notre correspondant Mountasser Abdallah. Des images qui ravivent les mauvais souvenirs de l'été 2021, marqué par des files d'attente interminables qui s'étiraient sur des kilomètres.
Vers 10h, un nouveau barème avait été publié par l'Agence nationale d'information, avant que l'information ne soit effacée du site de l'Agence, sans explications. Celui-ci faisait état d'une augmentation des prix bien plus importante que le barème final, mais une source au sein du ministère de l'Énergie a démenti à la chaîne LBCI la véracité de ce barème, avant que l'officiel ne soit publié quelques heures après. Une fois le barème connu, la plupart des stations ont rouvert leurs portes.
Manifestation devant la BDL
À Beyrouth, quelques dizaines de manifestants se sont rassemblés devant le siège de la Banque du Liban à l'appel du collectif "Le Cri des déposants", qui dénonce régulièrement les politiques de la banque centrale et les restrictions illégales imposées par les banques privées depuis 2019, rapporte notre photographe sur place Mohammad Yassine.
En plus de trois ans de crise économique au Liban, la monnaie nationale a perdu plus de 97% de sa valeur. Entre-temps, les autorités libanaises continuent de piétiner dans l'adoption des réformes nécessaires pour enrayer l'effondrement économique et financier du pays.
Il y a eu des élections libres il y a moins d un an. Le people à réélu les mêmes à quelques exception près. Pourquoi s étonner maintenant? Le peuple n est plus victime il est complice.
17 h 52, le 25 janvier 2023