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Société - Santé

Une nouvelle crise évitée de justesse hier dans les hôpitaux privés

Ces établissements ont imposé à leurs patients lundi, pendant quelques heures, de régler comptant les médicaments administrés lors de leur hospitalisation. Une décision annulée le jour même après que la BDL a accepté d’augmenter la limite de leurs retraits en livres libanaises.

Une nouvelle crise évitée de justesse hier dans les hôpitaux privés

Une patiente en pleine discussion avec le personnel d’un hôpital beyrouthin. Photo d’archives João Sousa

Les patients libanais, déjà éreintés par la crise et les factures médicales qui ne cessent de gonfler, ont failli subir hier une charge supplémentaire susceptible d’impacter lourdement leur accès aux soins. En mal de liquidités en raison des restrictions sur les retraits instituées par les banques libanaises, les hôpitaux privés ont subitement imposé à leurs patients durant quelques heures lundi matin de régler comptant les médicaments qui leur sont administrés lors de leur hospitalisation. Une décision annulée le jour même après que la Banque du Liban (BDL) a accepté d’augmenter les plafonds de retraits en livres libanaises des hôpitaux privés. « À l’issue de cette décision de la BDL, nous avons renoncé à appliquer la mesure qui oblige les patients à payer les médicaments en espèces dans les hôpitaux », confirme à L’Orient-Le Jour le président du syndicat des hôpitaux privés, Sleiman Haroun.

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Face au tollé provoqué par cette mesure unilatérale instituée par les hôpitaux, une « solution temporaire » a été adoptée hier lundi, à l’issue d’une réunion entre le ministre sortant de la Santé, Firas Abiad, et le chef du gouvernement sortant, Nagib Mikati. « Le Premier ministre a contacté le gouverneur de la Banque du Liban (Riad Salamé). Nous avons pu aboutir à l’augmentation, par les banques, de la limite de retraits en espèces au profit des hôpitaux », a annoncé Firas Abiad à l’issue de cette réunion. « Il s’agit d’une solution temporaire, en attendant des réunions à plus large échelle du ministre des Finances avec la commission parlementaire de la Santé. Entre-temps, les patients ne seront plus contraints de payer les médicaments en espèces dans les hôpitaux, en espérant pouvoir trouver des solutions permanentes bientôt », a-t-il ajouté. Firas Abiad n’a toutefois pas spécifié de date limite à cette « solution temporaire » adoptée hier. On ignorait si les hôpitaux se sont tous conformés lundi à la décision du ministère ou si certains d’entre eux continuaient de facturer et d’encaisser les médicaments utilisés par les patients.

Chèques refusés par les fournisseurs

Pourquoi en était-on arrivé là hier? « Dernièrement, les établissements de santé n’étaient autorisés à retirer de la banque que la somme mensuelle de 60 milliards de livres libanaises. Or, depuis l’exacerbation de la crise économique, la plupart des fournisseurs refusent les chèques et demandent à être payés en espèces », explique Sleiman Haroun à L’OLJ pour justifier la décision prise par les hôpitaux privés.Grâce à l’accord trouvé hier avec la BDL, « les hôpitaux pourront désormais retirer 130 milliards de livres par mois, jusqu’à nouvel ordre », révèle le syndicaliste. Selon lui, les établissements hospitaliers avaient initialement « demandé de pouvoir retirer 200 milliards de livres par mois, dont la moitié servirait à payer les salaires du personnel et l’autre moitié serait utilisée pour régler les factures ». « Nous n’avons pas été autorisés à obtenir cette somme malheureusement », poursuit M. Haroun qui assure que l’annulation de la mesure a pris effet directement après la déclaration du ministre sortant.

Pour mémoire

Dans les hôpitaux libanais, des patients rattrapés par la dollarisation des soins

En mars dernier, de nombreux établissements privés ont adopté une facturation calculée selon le taux de change du dollar sur le marché parallèle. Après avoir atteint la barre symbolique des 50 000 livres libanaises pour un dollar jeudi dernier, la monnaie nationale a poursuivi sa dégringolade sur le marché parallèle, atteignant hier un nouveau record de dépréciation, à 52 000 LL pour un billet vert, selon plusieurs applications. Les assureurs, eux, demandent désormais à être payés totalement ou partiellement en dollars « frais ». Une situation qui risque d’entraver l’accès de nombreux Libanais aux soins de santé.

Les patients libanais, déjà éreintés par la crise et les factures médicales qui ne cessent de gonfler, ont failli subir hier une charge supplémentaire susceptible d’impacter lourdement leur accès aux soins. En mal de liquidités en raison des restrictions sur les retraits instituées par les banques libanaises, les hôpitaux privés ont subitement imposé à leurs patients durant...

commentaires (2)

Pour une personne qui possede une epargne en dollars bloques a la banque et aucun tiers payant (la securite sociale ayant pratiquement declare forfait), en cas de besoins medicaux d'importance, le refus ILLEGAL de la banque de payer les soins - en dollars au taux de 1$ = 1 $ - equivaut non seulement a la non-assistance a personne en danger, mais carrement a une tentative d'assassinat. La legitime defense vis-a-vis du banquier assassin et de ses complices peut alors etre invoquee par le malade. Je le dis, je n'ai rien dit !

Michel Trad

09 h 48, le 24 janvier 2023

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Commentaires (2)

  • Pour une personne qui possede une epargne en dollars bloques a la banque et aucun tiers payant (la securite sociale ayant pratiquement declare forfait), en cas de besoins medicaux d'importance, le refus ILLEGAL de la banque de payer les soins - en dollars au taux de 1$ = 1 $ - equivaut non seulement a la non-assistance a personne en danger, mais carrement a une tentative d'assassinat. La legitime defense vis-a-vis du banquier assassin et de ses complices peut alors etre invoquee par le malade. Je le dis, je n'ai rien dit !

    Michel Trad

    09 h 48, le 24 janvier 2023

  • En fait, on peut remercier Riad... grâce à lui, tout se débloque. Merci Riad.

    Ca va mieux en le disant

    00 h 56, le 24 janvier 2023

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