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Économie - Banques

« Sayrafa » continue de fonctionner, mais au compte-gouttes

La BDL a recommencé à serrer les vannes de sa plateforme de change aux environs du 10 janvier et les banques ont aussitôt réduit les plafonds qu’elles avaient mis en place fin décembre.

« Sayrafa » continue de fonctionner, mais au compte-gouttes

Un bureau de change dans la localité de Hazmieh. Photo P.H.B.

Les conversions au taux de la plateforme Sayrafa de la Banque du Liban, qui affiche un taux dollar/livre plus avantageux que celui du marché pour ceux qui cherchent à obtenir des billets verts, sont toujours limitées à l’extrême par les banques plus d’une semaine après la fin de la courte période pendant laquelle la BDL avait supprimé toutes les limites de plafonds.

Selon des sources au sein des directions de trois enseignes souhaitant rester anonymes, compte tenu de la sensibilité du sujet, la banque centrale a en effet sévèrement limité les quantités de dollars qu’elle fournit aux banques au taux bonifié de Sayrafa pour honorer les demandes des clients dans le cadre du dispositif institué par sa circulaire n° 161. Et ce à l’exception des montants réservés aux fonctionnaires, qui ont eux aussi la faculté de retirer en dollars leurs salaires initialement versés en livres.

L’une des sources a indiqué que la banque pour laquelle elle travaille attendait depuis la semaine dernière que certaines demandes de conversions faites par des particuliers soient honorées par la BDL, ces opérations n’étant pas finalisées le jour même.

Réunion du conseil central

La deuxième source bancaire a confirmé que la Banque du Liban lui fournissait les dollars demandés mais au compte-gouttes. « Dans ce contexte, nous avons été contraints de resserrer encore plus le nombre de nouvelles demandes que nous acceptons chaque jour ainsi que les plafonds de conversion pour chaque demande », a-t-elle expliqué.

Un client -- souhaitant lui aussi rester anonyme -- d’une quatrième banque qui avait déposé 100 millions de livres le 5 janvier a, lui, attendu jusqu’à hier pour récupérer les 2 630 dollars en retour. Le taux de Sayrafa est fixé à 38 000 livres pour un dollar depuis le 27 décembre, tandis que celui du marché navigue depuis quelques jours autour de 48 000 livres.

La troisième source bancaire confirme les points avancés et ajoute que l’enseigne pour qui elle travaille donnait la priorité aux demandes effectuées par ses employés, avant celles des clients, en leur imposant en plus des commissions moins élevées.

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Deux des trois sources pensent savoir que le conseil central de la BDL, qui se réunit souvent les mercredis, devrait aborder la question aujourd’hui, sans pouvoir s’avancer sur la réaction de l’institution. Citant ses propres sources, la radio La Voix du Liban a affirmé hier que la BDL était en train de préparer des « mesures financières pour tenter de contrôler le taux du marché », sans plus de détails.

13 000 milliards

Prise dans l’actualité de l’enquête de plusieurs pays européens visant des infractions financières supposément commises par le gouverneur Riad Salamé et une manifestation de déposants organisée hier devant son siège à Beyrouth, la Banque du Liban n’a pas récemment communiqué publiquement sur ce dossier.

Le 27 décembre, elle avait annoncé de manière assez surprenante une levée totale des plafonds de conversion autorisés via la circulaire n° 161 qui permet depuis fin 2021 aux titulaires de comptes en livres, de convertir puis de retirer chaque mois de petits montants en « dollars frais » au taux de Sayrafa.

Depuis 2019, la livre a perdu plus de 95 % de sa valeur face au dollar et les clients des banques libanaises ont vu leur liberté de disposer de leurs dépôts en devises unilatéralement limités par des banques en manque de liquidités (d’où la distinction entre dollars frais et dollars bloqués, aussi appelés dollars libanais ou lollars). Ces deux facteurs expliquent l’intérêt de la mesure dans un Liban en crise depuis plus de trois ans.

Les injections de dollars suivant l’ouverture des vannes de Sayrafa ont été importantes (les volumes annoncés chaque soir par la BDL ont explosé). Elles semblent aussi avoir contribué à absorber environ 13 000 milliards de livres en circulation sur le marché entre le 1er et le 15 janvier, selon les dernier chiffres de la BDL (la masse monétaire a atteint 37,2 mille milliards à l’issue de cette période).

La BDL a recommencé à serrer les vannes de Sayrafa aux environs du 10 janvier et les banques ont aussitôt réduit les plafonds qu’elles avaient mis en place fin décembre. Le taux de change sur le marché, qui englobe les agents de change autorisés et ceux du marché parallèle et qui est relayé par des plateformes non officielles, a, lui, retrouvé depuis la fin de la semaine dernière le niveau qu’il affichait avant le 27 janvier, après avoir évolué pendant quelques jours aux environs de la fourchette allant de 42 000 à 44 000 livres pour un dollar.

Les conversions au taux de la plateforme Sayrafa de la Banque du Liban, qui affiche un taux dollar/livre plus avantageux que celui du marché pour ceux qui cherchent à obtenir des billets verts, sont toujours limitées à l’extrême par les banques plus d’une semaine après la fin de la courte période pendant laquelle la BDL avait supprimé toutes les limites de plafonds.Selon des sources...

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