Rechercher
Rechercher

Culture - Conservatoire national de musique

Face à une vague de contestation, Hiba al-Kawas affirme sa position

À la tête du Conservatoire national supérieur de musique depuis quelques mois seulement, la cantatrice star Hiba al-Kawas fait face à un nouveau mouvement de grève du personnel enseignant, malgré ses récents efforts pour améliorer leurs conditions.

Face à une vague de contestation, Hiba al-Kawas affirme sa position

Hiba al-Kawas : « Il n’y a pas de salaire sans travail ni de travail sans salaire. » Photo D.R.

Un peu plus de six mois après sa nomination à la tête du Conservatoire national supérieur de musique, la compositrice et chanteuse lyrique pionnière du chant arabe opératique, Hiba al-Kawas, fait face à un nouveau mouvement de grève ouverte qui devrait s’étendre « jusqu’à obtention de la totalité des droits revendiqués », comme l’a annoncé le 11 janvier Maroun al-Khawli, le président de l’Union générale des syndicats des travailleurs libanais, lors d’une conférence de presse conjointe avec le président de la ligue des professeurs du Conservatoire national supérieur de musique du Liban (CNSML), Edy Dorlian.

Lire aussi

Peut-on encore sauver le Conservatoire national de musique du Liban ?

Une première grève avait été lancée par ce même corps enseignant le 27 octobre dernier, interrompue trois semaines après. « Nous lançons aujourd’hui un appel au secours pour sauver le conservatoire. Nous exigeons une revalorisation de nos salaires, ainsi que des dédommagements pour les frais de transport et les mois travaillés depuis la dévaluation de la livre libanaise (qui a perdu près de 96 % de sa valeur ces deux dernières années), s’indigne Edy Dorlian dans un entretien téléphonique avec L’Orient-Le Jour. Alors que tout le secteur de l’Éducation nationale était en grève, nous avons continué de travailler. Même au plus fort de la crise sanitaire du Covid, nous avons assuré les cours en ligne. »

« Un complot contre les institutions »

Lors d’une conférence de presse donnée un jour avant, le 10 janvier, au siège du conservatoire à Sin el-Fil, la nouvelle directrice par intérim Hiba al-Kawas a dénoncé « ceux qui ont intérêt à la désinformation sur son action », tout en s’abstenant de citer des noms. Mais contactées par L’OLJ, ni Hiba al-Kawas ni son attachée de presse n’ont souhaité apporter plus de détails à ce sujet, soulignant qu’il s’agissait d’individus et non d’entités publiques ou privées.

« Je ne serai pas indulgente avec ceux qui complotent pour détruire le conservatoire et les institutions gouvernementales en général », a-t-elle martelé devant les journalistes, membres du conseil d’administration, musiciens et enseignants venus l’écouter dans la grande salle de l’institut supérieur de musique.

Fondé dans les années 1930 par Wadia Sabra, le compositeur de l’hymne national libanais, le Conservatoire national supérieur de musique subit de plein fouet la crise depuis plusieurs années, avec un nombre important de départs parmi les musiciens et les enseignants, des défections et un absentéisme croissant au sein de la quinzaine d’antennes dispersées au Liban.

L’impossibilité d’assurer aux corps professoral et orchestral un salaire décent avait poussé l’ex-directeur Walid Moussallem à jeter définitivement l’éponge en juin 2022, après six ans de bons et loyaux services. Il n’en était pas à sa première démission et avait déjà tenté de se retirer une première fois en 2018, confronté aux obstacles de la restructuration de l’enseignement et d’exportation de la musique produite au Liban. Pourtant, suite au décès prématuré de Bassam Saba des suites du Covid, il avait réintégré le poste deux ans plus tard.

Des avancées salariales contestées

À peine six mois après sa prise de fonction, la nouvelle directrice Hiba al-Kawas est déjà parvenue à faire émettre un décret au mois de décembre dernier, suite à une décision conjointe entre le ministre des Finances et le ministre de la Culture, approuvée en Conseil des ministres. « Une revalorisation des salaires des musiciens, des enseignants et des orchestres, est prévue à compter du 1er janvier 2023, ainsi que des dédommagements de leurs frais de transport et des mois travaillés au cours de l’année passée », affirme Hiba al-Kawas. « Tout ce que je fais témoigne de ma volonté de répondre aux demandes de chacun, et je vais jusqu’à frapper à la porte des ministres et des spécialistes pour accélérer la tâche, alors quel est le motif derrière ces mouvements suspects ? » s’interroge-t-elle.

De son côté, le président du syndicat des travailleurs, Maroun al-Khawli, continue de presser le Premier ministre Nagib Mikati de réunir son équipe pour signer le décret au plus vite. « Mais quand bien même il serait entériné, nous ignorons ce que contient ce décret, souligne Edy Dorlian. Pour le moment, la direction du conservatoire propose aux enseignants de venir un jour par semaine travailler et de donner le reste des cours en ligne, ce qui est inacceptable vu les coûts que cela induit en termes d’abonnement au générateur et à l’internet. » Le président de la ligue des enseignants au conservatoire dénonce par ailleurs la déduction des trois semaines de grève fin 2022 sur les salaires des enseignants.

Mettre fin à la corruption

Membre du conseil d’administration du conservatoire pendant de longues années, Hiba al-Kawas a également rappelé pendant sa conférence de presse qu’elle était parvenue à négocier un accord avec l’hôpital gouvernemental de Baabda afin de couvrir les frais d’hospitalisation du personnel, annonçant d’autres accords à venir avec des hôpitaux.

« En échange de toutes ces réalisations, et afin d’assurer la continuité de l’institution, il y a des devoirs et des lois à respecter. Je suis favorable à la fin de la corruption au Liban sous toutes ses formes, et seul le respect de l’État de droit le permettra. Par conséquent, je ne défendrai pas ceux qui utilisent la situation actuelle comme prétexte pour se soustraire à leurs responsabilités et faire un travail dont ils récoltent les bénéfices au détriment de leurs fonctions au conservatoire. Aussi, toute heure non travaillée sera déduite du salaire de quiconque, conformément à la loi. Il n’y a pas de salaire sans travail ni de travail sans salaire », s’est-elle justifiée devant l’assemblée.

La nouvelle directrice a en outre annoncé l’obtention d’aides financières régulières de l’étranger, émanant de bailleurs de fonds arabes et internationaux. « Nous sommes actuellement dans une phase de développement des programmes au niveau de la musique arabe, orientale et occidentale. Nous souhaiterions aussi développer les méthodes d’enseignement et recruter des experts étrangers », a-t-elle indiqué.

Prévu fin 2023, le déménagement dans le nouveau bâtiment du conservatoire à Dbayé, offert par le gouvernement chinois, vise à faire de l’institution presque centenaire un point de repère incontournable au Moyen-Orient en termes d’administration, d’enseignement spécialisé, mais aussi de théâtres philharmoniques et de music-halls dotés de caractéristiques techniques de haut niveau.

Un peu plus de six mois après sa nomination à la tête du Conservatoire national supérieur de musique, la compositrice et chanteuse lyrique pionnière du chant arabe opératique, Hiba al-Kawas, fait face à un nouveau mouvement de grève ouverte qui devrait s’étendre « jusqu’à obtention de la totalité des droits revendiqués », comme l’a annoncé le 11 janvier Maroun...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut