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Sport - Football

Adieu Noël

À la suite de ses propos polémiques sur Zinédine Zidane et de la diffusion d’un témoignage accablant l’accusant de comportements sexistes à l’égard d’une ancienne collaboratrice, Noël Le Graët a été écarté de ses fonctions de président de la FFF après une réunion extraordinaire du Comex mercredi. En attendant l’élection de son successeur, le vice-président Philippe Diallo assurera l’intérim.

Adieu Noël

Noël Le Graët quittant le siège de la FFF après avoir été écarté de ses fonctions de président à la suite d’une réunion extraordinaire du comité exécutif de l’instance. Christophe Archambault/AFP

Il n’avait guère l’intention de démissionner, mais à force de provoquer de tels raz-de-marée médiatiques, il devait bien finir par se faire emporter. Après une réunion extraordinaire du comité exécutif de la présidence de la Fédération française de football (FFF), qui s’est tenue ce mercredi, Noël Le Graët, le président totémique de l’instance sportive, a été « mis en retrait » de ses fonctions.

Une décision qui fait suite à l’intense polémique qu’il avait déclenchée ce dimanche après ses propos tenus sur la radio RMC à l’égard de Zinédine Zidane, auxquels a succédé un témoignage choc d’une de ses anciennes collaboratrices évoquant les comportements sexistes qu’aurait eus le dirigeant breton à son encontre.

« Noël Le Graët a été mis en retrait, Philippe Diallo assure l’intérim des deux fonctions », a expliqué un membre du Comex, qui n’évoque pas de démission. Pour la directrice générale Florence Hardouin, qui entretenait des relations exécrables avec le probable ex-président de la « 3F », la sanction est plus sévère. Elle est « mise à pied à titre conservatoire », a annoncé l’instance dans un communiqué.

L’intérim de Diallo doit durer « jusqu’au Comex suivant la publication du rapport d’audit » sur le fonctionnement de la FFF, commandé par la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra et attendu fin janvier.

Malgré son intention d’aller jusqu’au bout de son mandat, qui courait jusqu’en décembre 2024, Le Graët a été contraint de lâcher le morceau à l’issue de cette réunion du Comex au cours de laquelle plusieurs de ses membres ont également présenté leur démission. Celle-ci avait débuté aux alentours de 11h au siège parisien de la Fédération, boulevard de Grenelle.

En poste depuis 2011, l’ancien maire socialiste de Guingamp, âgé de 81 ans, s’était également mis à dos plusieurs membres de l’organe décisionnaire (qui en compte quatorze au total en y ajoutant le président) après sa gestion de la récente prolongation jusqu’en 2026 du sélectionneur Didier Deschamps, qu’il a réglée en douce sans demander l’avis de personne ou presque, comme l’a récemment révélé le journal L’Équipe.

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Après une telle accumulation de maladresses, qui « écornent sérieusement l’image de l’institution » d’après des membres du comité en question, ces derniers n’avaient plus d’autre choix que d’écarter de ses fonctions un dirigeant qui semblait de toute façon de moins en moins en capacité physique et mentale d’aller au bout de son troisième et dernier mandat.

Des sorties « hors sol »

L’homme au double tréma était en effet déjà fragilisé par l’audit du ministère des Sports, lancé à la suite des révélations publiées dans la magazine So Foot faisant état de nombreux dysfonctionnements au sein de l’instance. Notamment vis-à-vis des affaires de harcèlement moral et sexuel dont se seraient rendus coupables plusieurs de ses gouvernants, dont Noël Le Graët.

Mais il aura fallu attendre ce manque de respect du Breton à l’égard de Zinédine Zidane, longtemps pressenti pour succéder à Didier Deschamps sur le banc des Bleus après le Mondial qatari, pour que l’ensemble de l’opinion et du monde sportif s’indigne et réclame son départ des rênes du football français.

Dans une émission radio présentée par l’ancienne tenniswoman Marion Bartoli, ce dernier avait admis n’avoir « rien à secouer » de l’avenir de l’icône de l’équipe de France en tant qu’entraîneur et qu’il « ne le prendrait même pas au téléphone ». Le lendemain de ce nouveau dérapage, il a bien tenté d’éteindre l‘incendie qu’il avait provoqué en s’excusant via un communiqué transmis à l’AFP. Mais le mal était fait aux yeux de la majorité des membres du Comex. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que « NLG » se distinguait pour des propos « hors sol », d’après l’expression maintes fois usitée par l’actuelle ministre des Sports à l’égard de ses sorties médiatiques controversées.

Au cours de ses trois mandats successifs à la tête du football français, ce dernier a été l’auteur d’une palanquée de déclarations toutes aussi lunaires les unes que les autres. Parmi elles, on peut citer, pêle-mêle, celle dans laquelle il affirmait que le racisme « n’existait pas dans le football » ; la fois où il affirmait sans sourciller qu’il n’y avait besoin que de quelques « coups de peinture » pour rendre viables les logements insalubres dans lesquels étaient logés les travailleurs immigrés au Qatar ; ou encore lorsqu’il avait indiqué que les joueuses de l’équipe de France féminine pouvaient « se tirer les cheveux » autant qu’elles le voulaient tant que les résultats étaient satisfaisants. Une de ses nombreuses réflexions dignes d’un autre temps qu’il avait lâchée en réaction aux tensions entre la sélectionneuse Corinne Diacre et plusieurs de ses joueuses.

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Pourtant, malgré tous ces traits d’esprit, il aura fallu attendre ce témoignage, face caméra, diffusé sur la chaîne d’information BFM TV, de l’agente de joueurs Sonia Souid, accusant l’octogénaire de lui avoir présenté des avances à répétition, pour que le seuil de tolérance du Comex soit finalement franchi. D’autant que ces comportements sexistes supposés auprès d’anciennes salariées de la « 3F » sont également au cœur de l’audit commandé par le ministère censé rendre ses conclusions fin janvier et dont de premiers éléments ont d’ores et déjà fuité.

Ainsi, France Inter a révélé que « plusieurs femmes » avaient « dénoncé l’attitude de Noël Le Graët à leur égard », ce qui a été confirmé par une source proche du dossier. Selon la radio publique, une ancienne cadre a « montré aux inspecteurs des textos et des messages WhatsApp » qui « ne sont certes pas illicites, mais qui posent question, compte tenu du lien hiérarchique ».

« Le père Noël est une ordure »

Mercredi matin, de nombreuses membres des « dégommeuses », une équipe de football composée majoritairement de joueuses lesbiennes et de personnes transgenres, ont brandi devant le siège de la FFF des pancartes hostiles à Le Graët sur lesquelles on pouvait lire notamment « Le Graët : le père Noël est une ordure », « Harcèlement sexuel, Le Graët démission ».

Dans ce contexte explosif, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a estimé que la FFF « mérit(ait) un président à la hauteur (...) qui permette de donner une bonne image du football français à travers la planète ».

La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra (AOC) avait déjà eu des mots très durs envers le Breton lundi. En conférence de presse, « AOC » avait pointé des « sorties de route » successives et appelé le Comex à « prendre ses responsabilités ».

Le pouvoir politique n’a en effet aucun moyen de démettre le président de la Fédération, la FIFA étant très sourcilleuse concernant l’indépendance de ses associations membres. Le Comex, dont la grande majorité des membres est issue de la liste que Le Graët a présentée avant sa dernière réélection en mars 2021, a donc fini par lâcher son chef.

« Noël Le Graët est très malheureux », a dit le président de Lyon Jean-Michel Aulas, membre de l’instance, à des journalistes à la sortie de la réunion mercredi.

Selon les règlements, seule une assemblée fédérale extraordinaire, convoquée par un quart du comité exécutif, peut voter la destitution du président. La prochaine séance du comité, qui se tiendra au terme des investigations de l’audit ministériel, pourrait déjà désigner le successeur de Noël Le Graët, dirigeant emblématique du football tricolore, mais dont la fin de règne ternira à jamais le souvenir.

G.B. avec AFP

Il n’avait guère l’intention de démissionner, mais à force de provoquer de tels raz-de-marée médiatiques, il devait bien finir par se faire emporter. Après une réunion extraordinaire du comité exécutif de la présidence de la Fédération française de football (FFF), qui s’est tenue ce mercredi, Noël Le Graët, le président totémique de l’instance sportive, a été...

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