Rechercher
Rechercher

Sport - Football

Le Graët, un président sous haute tension

Après ses propos polémiques à l’égard de Zinédine Zidane, qu’il a tenus lundi soir dans une émission de radio, le président de la Fédération française de football est plus que jamais sur la sellette.

Le Graët, un président sous haute tension

Noël Le Graët aux abords du stade Luzhniki de Moscou lors du Mondial 2018 en Russie. Franck Fife/AFP

« On disait souvent à propos des déclarations du président de la « 3F » que c’était « la sortie de trop » ? Mais ce nouveau scud envoyé par Noël Le Graët à l’intention de Zinédine Zidane pourrait bien lui être fatal.

Déjà fragilisé par ses propos polémiques sur « l’absence de racisme dans le football » , ou ses remarques sexistes sur l’équipe nationale féminine, ses mots méprisants visant la légende du football tricolore ont suscité une avalanche de réactions indignées d’une large partie du paysage sportif et politique.

Ces déclarations polémiques du dirigeant breton, âgé de 81 ans, ne pouvaient pas tomber plus mal à l’approche de son audition mardi par la mission d’audit et de contrôle diligentée par le ministère des Sports pour éclaircir notamment les pratiques managériales de la Fédération française de football en matière de violences sexistes et sexuelles.

Déjà secoué par des accusations de « harcèlement » et de comportements « inappropriés » de la part d’ex-salariées, anonymes et qu’il a toujours contestées, Le Graët a aggravé son cas en s›attaquant dimanche soir sur RMC à l’icône Zidane, longtemps considéré comme l’option numéro un à la tête de l’équipe de France en cas de non-renouvellement de Didier Deschamps, finalement prolongé samedi jusqu’en 2026.

« Je ne l’aurais même pas pris au téléphone, a-t-il ainsi lâché. Pour lui dire quoi ? “Bonjour monsieur, ne vous inquiétez pas, cherchez un autre club, je viens de me mettre d’accord avec Didier”. »

À une question sur un intérêt supposé du Brésil pour l’ex-capitaine de l’équipe de France championne du monde en 1998 et d’Europe deux ans plus tard, il a ajouté : « J’en ai rien à secouer, il peut aller où il veut, dans un club, il en aurait autant qu’il veut en Europe, un grand club. »

« Sentiment de ras-le-bol »

L’ancien maire de Guingamp, d’habitude peu enclin à l’autocritique, a pris la mesure du tsunami provoqué par son intervention en présentant ses « excuses » personnelles à l’ancien meneur de jeu de l’équipe de France, comme le lui avait réclamé dès dimanche soir la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.

« Je tiens à présenter mes excuses pour ces propos qui ne reflètent absolument pas ma pensée, ni ma considération pour le joueur qu’il était et l’entraîneur qu’il est devenu. Zinédine Zidane sait l’estime immense que je lui porte, comme tous les Français », a-t-il affirmé lundi dans une déclaration.

De Kylian Mbappé, qui a expliqué sur Twitter que l’« on ne manque pas de respect à la légende comme ça », aux ex-coéquipiers de Zidane en bleu Youri Djorkaeff, qui a évoqué des phrases « mal placées et malvenues », et Laurent Blanc, parlant de « propos très maladroits », en passant par le Real Madrid, outré par des propos « indignes », Le Graët a fait l’unanimité contre lui.

Le Parti socialiste, sous l’étiquette duquel il a été maire de Guingamp (1995-2008), a même réclamé sa démission, ajoutant qu’il s’était « disqualifié » et ne pouvait plus « représenter le foot français ».

Quelles conséquences ces déclarations peuvent-elles justement avoir sur l’avenir du dirigeant, dont l’actuel mandat se terminera fin 2024 ?

Techniquement, le pouvoir politique n’a pas la possibilité de destituer le président de la FFF, ce qui provoquerait par ailleurs l’ire de la Fédération internationale de football (Fifa) qui prohibe toute intervention de l’État.

Mais il y a un « sentiment de ras-le-bol » au sommet de l’État, explique une source gouvernementale qui déplore « une sensation d’accumulation » de « mots inacceptables ». « Il a pété les plombs », estime la même source qui relève « un niveau de consternation assez élevé ».

La fracture entre la ministre des Sports, qui a convoqué une conférence de presse à 17h30, et Le Graët s’est encore accentuée durant la Coupe du monde au Qatar où le patron de la « 3F » n’avait pas hésité à s’épancher auprès d’un représentant de l’État en critiquant « AOC » et même le président de la République, posant notamment la question de la présence d’Emmanuel Macron à Doha, selon une source gouvernementale.

Situation intenable

La balle est donc du côté de la FFF et de son comité exécutif, seuls habilités à pousser Le Graët vers la sortie. Un membre du Comex, qui a requis l’anonymat, estime que la situation du dirigeant va être intenable.

« Il va y avoir une vague de fond terrible, il va devoir s’en aller. La ministre a raison, il est complétement hors-sol. C’est une communication non maîtrisée, mais quand on est président d’une fédération sportive, la plus grande de France, on se maîtrise », a expliqué cette source.

Le Comex a par ailleurs été secoué de ne pas avoir été averti, au cours de sa réunion de vendredi, de la prolongation de Deschamps au poste de sélectionneur des Bleus, annoncée le lendemain lors de l’assemblée générale de la fédération.

Dans ces conditions, la fronde n’est pas loin et les présidents de Ligue réfléchissent à l’élaboration d’un communiqué commun pour prendre leur distance avec le président, selon une source fédérale.

Source : AFP

« On disait souvent à propos des déclarations du président de la « 3F » que c’était « la sortie de trop » ? Mais ce nouveau scud envoyé par Noël Le Graët à l’intention de Zinédine Zidane pourrait bien lui être fatal. Déjà fragilisé par ses propos polémiques sur « l’absence de racisme dans le football » , ou ses remarques sexistes sur...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut