
Le siège d’Électricité du Liban à Beyrouth, dévasté par l’explosion au port de la capitale le 4 août 2020. Photo João Sousa
Une source proche du Premier ministre sortant Nagib Mikati a affirmé lundi à L'Orient-Le Jour que la possibilité de convoquer un Conseil des ministres, une mesure controversée en période de vacance présidentielle, restait d'actualité afin de résoudre la question de l'octroi d'un crédit à Électricité du Liban.
Une autre source ministérielle a confié à notre correspondante Hoda Chedid qu'un Conseil des ministres devrait être convoqué rapidement par M. Mikati afin de se pencher sur le dossier de l'électricité. Si la source proche du Premier ministre a démenti qu'une telle convocation pourrait être lancée "dans les prochaines heures", elle n'a pas fermé la porte à cette éventualité, la crise de la production de courant "nécessitant" une telle mesure.
Le gouvernement devra se pencher sur la question du déblocage d'un prêt de 62 millions de dollars, assuré par la Banque du Liban, pour acheter du fuel, afin de relancer les centrales. EDL avait rappelle-t-on été contrainte de mettre à l’arrêt ses deux centrales les plus importantes, à savoir celle de Zahrani (Liban-Sud) et de Deir Ammar (Liban-Nord), dont la capacité est de 430 mégawatts (MW) chacune.
Suite à un accord sur le déblocage d'un tel prêt, des appels d’offres avaient été lancés pour acheter 66 000 tonnes de fuel. Le marché public a été remporté mi-décembre par la société Vitol Bahrain E.C. qui a envoyé deux navires, le premier le 15 décembre dernier, au large de Deir Ammar, et le second le 22 du même mois, à destination de Zahrani. Or ces cargaisons n’ont toujours pas été payées, en raison du bras de fer politique entre le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad d’un côté, et celui des Finances Youssef Khalil et Nagib Mikati de l’autre. Ces tensions s’inscrivent dans un contexte plus large opposant le camp de l’ancien président Michel Aoun à divers adversaires dont le président du Parlement Nabih Berry, à qui est affilié le ministre des Finances. En attendant la résolution de cette crise, Les bateaux sont, eux, toujours au large des côtes et chaque jour de retard coûte à l’État 18 000 dollars par bateau. L’addition atteint à ce jour 630 000 dollars.
"En prison"
Le blocage de ce dossier a été critiqué ces dernières heures, notamment par le mouvement Amal, du président de la Chambre, et auquel est affilié le ministre Youssef Khalil.
"Les difficultés auxquelles le citoyen libanais est confronté, notamment en ce qui concerne la crise de l'électricité, doivent transcender le ressentiment politique", a estimé le bureau politique d'Amal dans un communiqué. "Les querelles que certaines parties tentent de fomenter ne sont pas dans l'intérêt des citoyens", ajoute ce texte.
Pour sa part, le député issu de la contestation et ancien bâtonnier de Beyrouth Melhem Khalaf a déploré dimanche que les stocks de carburant se trouvent "au large du Liban depuis des semaines" et que le pays n'a pas été en mesure de les payer. "Comme d'habitude, les dirigeants sont dépourvus de bon sens et ne savent pas assumer leurs responsabilités". "La place naturelle" de ceux qui entravent le déchargement du carburant est "la prison", a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Ce bras de fer relance la polémique autour de l'organisation de réunions du Conseil des ministres alors que le Liban est sans président depuis le 31 octobre. Début décembre, une telle réunion avait provoqué la colère du Courant patriotique libre, parti fondé par Michel Aoun, qui accuse M. Mikati, de vouloir s'arroger des prérogatives présidentielles. A la suite de cela, des ministres du gouvernement sortant se sont réunis à plusieurs reprises pour trouver un "mécanisme" permettant de continuer la gestion des affaires du pays, sans toutefois parvenir jusqu'à présent à une solution.
Une source proche du Premier ministre sortant Nagib Mikati a affirmé lundi à L'Orient-Le Jour que la possibilité de convoquer un Conseil des ministres, une mesure controversée en période de vacance présidentielle, restait d'actualité afin de résoudre la question de l'octroi d'un crédit à Électricité du Liban. Une autre source ministérielle a confié à notre correspondante Hoda...
commentaires (6)
Pourquoi khalil bloque les fonds?
Massabki Alice
08 h 41, le 10 janvier 2023